Archives de catégorie : Musique, opéra, danse

« Musique blanche » à Radio Classique

Le 19 novembre 2023, l’anthropologue de l’EHESS Jean-Loup Amselle signait un article épinglant Radio Classique dont la programmation viserait à promouvoir une culture « blanche », « française », donc foncièrement conservatrice et réactionnaire. Quelques jours plus tard, une chroniqueuse de France Culture lui a emboîté le pas. L’analyse menée ci-dessous par Dania Tchalik montre que le ressentiment, l’aveuglement idéologique, mais aussi l’opportunisme et la méconnaissance du sujet traité sont devenus monnaie courante au sein du discours académique.

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« Une blanche vaut deux noires », typographie et musique

Comment peut-on oser écrire « Une blanche vaut deux noires » ? En ouvrant le parapluie des règles de la typographie ! Car la formule scandaleuse, visant des personnes, mettrait des majuscules aux deux substantifs. La minuscule n’est cependant pas réservée aux adjectifs : un substantif peut la prendre et désigner alors deux figures de la notation musicale dans leurs rapports de durée. Eh bien, cela est mal vu et devrait bientôt disparaître.

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À la mémoire d’Yves Gérard

J’ai appris tardivement le décès d’Yves Gérard, survenu au début d’octobre 2020. De beaux articles dans la presse et en ligne lui rendant hommage ont retracé sa carrière et son œuvre. Musicologue éminent, philosophe par sa formation, il laisse un souvenir ineffaçable à ceux qui, comme moi, ont eu la chance de le rencontrer, chez qui il a soutenu – quand il ne l’a pas éveillé – le goût de la recherche et de l’exigence intellectuelle en exerçant la bienveillante autorité du professeur qu’il fut au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP), cette autorité par laquelle on se sent à la fois mis à l’épreuve et assuré, aspiré vers un sommet qu’on n’osait même pas s’avouer.

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Comment la musique se libère du bruit avec Rameau

À l’issue de la période de confinement strict, « Philosophie Magazine » m’a demandé de choisir et de commenter une pièce musicale évoquant pour moi la libération. J’ai saisi l’occasion de commenter l’étonnante ouverture de l’opéra « Zaïs » de Rameau (1748), qui fait entendre « le débrouillement du chaos » et construit sous nos oreilles, mais aussi avec elles, un monde musical comme système articulé. La musique, en se constituant, s’y libère du bruit, et l’oreille, en devenant réflexive, s’y libère d’une écoute immédiate et narcotique.

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Démos et merveilles (par M.-A. Markowitz)

Le projet Démos, une imposture institutionnelle

À travers la lecture de l’ouvrage collectif Le Projet Démos. Genèse, acteurs, enjeux (sous la direction de Gilles Delebarre et Denis Laborde, Paris, Philharmonie de Paris, 2019), Marie-Ange Markowitz analyse les mensonges qui se cachent derrière les éléments de langage de cette publication. L’idée centrale de Démos consiste à placer les enfants directement en situation de musicien d’orchestre, sans leur faire subir les « désagréments » habituellement associés à l’apprentissage de la musique, et à leur permettre de se produire sur scène en un temps record. Cela grâce à des méthodes ludiques et aux vertus insoupçonnées du « collectif ». Un véritable miracle auquel les parents non avertis et surtout les décideurs administratifs et politiques ne resteront pas longtemps insensibles. Or, du miracle à la tromperie il n’y a qu’un pas…

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« Les Troubadours » de Gérard Le Vot, lu par Jean-Yves Bosseur

L’art des troubadours représente une alliance véritablement alchimique de la musique et de la poésie, du chant et de la langue. C’est ce que démontre avec une particulière pertinence et de manière très étayée Gérard Le Vot dans son ouvrage « Les Troubadours, les chansons et leur musique (XIIe-XIIIe siècles) », sans aucun doute le plus complet à ce jour dans un tel domaine.

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Leonard Bernstein « La Question sans réponse », lu par Gérard Le Vot

Gérard Le Vot a lu le recueil de conférences de Leonard Bernstein intitulé « La Question sans réponse », récemment réédité. Il en parcourt les six leçons avec précision et jubilation, réveillant, avec ce « nomadisme exubérant de la pensée » tourné vers la musique des autres et une multitude de techniques et de plans culturels, le bouillonnement interdisciplinaire des années 1970.

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Conservatoires : en marche vers le déclassement

Une prochaine (et énième) réforme des conservatoires est annoncée. On évoque la fin de leur classement, la disparition du Diplôme d’études musicales au profit de « classes préparatoires » réservées à quelques grandes métropoles, la généralisation des « parcours personnalisés » entraînant à terme la dilution des apprentissages techniques, et d’autres points encore. Dania Tchalik en propose une revue analytique. Une fois de plus – le nouveau monde ressemble fort à l’ancien –, l’impératif de démocratisation sert de masque à une dérégulation inspirée par l’aversion envers le savoir et sa transmission.

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Comment une musique pourrait-elle être triste ?

Lecture d’un livre de Saam Trivedi par Thierry Laisney

Bien qu’elle ne soit pas un être animé ou sensible, nous prêtons tout naturellement à la musique des propriétés expressives, comme celle d’être triste ou joyeuse. C’est cette énigme – ou ce qu’il présente comme tel – que cherche à résoudre Saam Trivedi, professeur de philosophie au Brooklyn College (New York), dans le livre « Imagination, Music, and the Emotions. A Philosophical Study ». Tout au long de l’ouvrage, l’auteur, tout en critiquant les points de vue concurrents, suggère la solution qu’il propose, et qu’il n’expose vraiment que dans son dernier chapitre.

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« La Flûte enchantée » à Bruxelles : mais où est passé Mozart ?

Romeo Castellucci de la « contestation de la lumière » à la condamnation des Lumières

La Monnaie de Bruxelles a donné, fin septembre-début octobre 2018, une « Flûte enchantée » de Romeo Castellucci, le Tobe Hooper de l’art lyrique, spectacle agrémenté de longs passages de la musique bien connue de Wolfgang Amadeus Mozart. Si la plupart des textes sont d’Emanuel Schikaneder, librettiste allemand contemporain du compositeur, les autres sont de la sœur même de M. Castellucci et, eux, en langue anglaise afin que tout le monde comprenne…

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Le divertissement dans l’opéra classique merveilleux et la libération de la danse

Le statut de la danse dans l’opéra français merveilleux des XVIIe et XVIIIe siècles soulève un paradoxe. L’opéra est souvent appréhendé comme un objet mixte et impur qui assujettit les arts les uns aux autres et les avilit. Pourtant, c’est précisément sous la condition de cette impureté que se révèle quelque chose de fondamental. On examine ici comment, à l’âge classique, l’épreuve de l’opéra forme une expérience décisive qui va révéler la danse à elle-même. La contrainte du théâtre et l’impératif d’obtenir un effet de théâtre libèrent la danse et la conduisent même à s’emparer du théâtre en une sorte de rapt chorégraphique.

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À la mémoire de Jean-Claude Malgoire

Jean-Claude Malgoire est mort hier. Je me souviens du chercheur infatigable que je croisais à la BnF. Je me souviens du recueil de textes de Rameau que nous avons publié et commenté ensemble… en 1980 ! Je me souviens d’un colloque consacré à l’opéra français que j’avais organisé à Paris, où il était intervenu. L’Atelier lyrique de Tourcoing, pendant plus de 30 ans, a été grâce à lui une ruche hyperactive, un haut lieu de la musique pensive, où les oreilles venaient vivre une renaissance.

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Michel Sénéchal, l’art du chant et de la diction

Le chanteur Michel Sénéchal est mort le 1er avril – quelques articles parcimonieux dans la presse et un silence presque total sur les chaînes de tv de grande écoute. Je tiens tout particulièrement à célébrer sa mémoire.
Entendre Michel Sénéchal dans le rôle-titre de Platée de Rameau à l’Opéra comique de Paris en 1977 (voir l’extrait vidéo ci-dessous) fut pour moi une révélation.

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« Comparing Notes » d’Adam Ockelford : une nouvelle théorie de la musique

Adam Ockelford, professeur de musique à l’université de Roehampton (banlieue sud de Londres), très impliqué, en particulier, dans l’enseignement à de jeunes autistes, vient de publier « Comparing Notes. How we make sense of music » (Londres, Profile Books, 2017), livre important dans lequel il expose ce qu’il présente comme une nouvelle théorie de la musique.

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Concours de l’enseignement artistique : méfiez-vous des « formateurs » !

Recrute-t-on des musiciens en marginalisant leur relation à la musique ? Aussi absurde que cela puisse paraître, cela a lieu en France et en 2018. À quelques semaines d’une nouvelle session du concours d’assistant territorial d’enseignement artistique, Dania Tchalik constate l’inadéquation entre la haute technicité d’un métier artistique et des épreuves administratives dont les attendus « ne se limitent pas à la discipline choisie ». Ce faisant, il traque les ambiguïtés d’une « formation » qui ne cesse de conformer les épreuves – et le métier lui-même – aux exigences des gestionnaires.

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Traduire et interpréter

Sur le livre de Violaine Anger « Sonate, que me veux-tu ? »

En lisant le livre de Violaine Anger « Sonate, que me veux-tu ? », Thierry Laisney réfléchit sur une période charnière : au milieu du XVIIIe siècle, l’écoute d’une musique purement instrumentale ne va pas de soi et amorce un profond changement dans les conceptions esthétiques. Une revue critique d’ouvrages qui non seulement jalonnent cette période mais aussi en reprennent les enjeux jusqu’à nos jours soutient son analyse.

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Pourquoi survalorisons-nous l’interprétation en musique ?

Le modèle alphabétique et l’exemple de Glenn Gould

L’interprétation musicale gagnerait à s’inspirer du modèle alphabétique pratiqué dans la lecture afin de libérer à la fois l’interprète et l’auditeur d’une vision transcendante et surabondante de l’exécution. Contre l’exhibitionnisme et le spiritualisme de l’interprétation en musique on propose ici une réflexion minimaliste sur les textes du pianiste Glenn Gould.

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Musique : haro sur les cours individuels… et sur le piano !

Une nouvelle perle du progressisme culturel a été dénichée par ***** et Dania Tchalik. La chasse à « l’élitisme » est ouverte dans les écoles de musique et les conservatoires territoriaux : elle révèle, une fois de plus, l’alliance entre l’idéologie pédagogiste et la logique gestionnaire.

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Enseignement artistique spécialisé : l’injonction de transparence

À la suite de la publication d’un rapport de l’Inspection générale de la Ville de Paris, dont les aspects les plus outranciers avaient pourtant été largement dénoncés, l’auteur évoque ici une surprenante conception du métier de professeur de conservatoire… vu par le petit bout d’une lorgnette malintentionnée braquée à travers des cloisons vitrées sur des suspects « d’infraction sexuelle ».

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