Charlie-Hebdo, pour qui sonne le glas ?

Aujourd’hui 8 janvier, après les assassinats visant la rédaction de Charlie-Hebdo, véritable acte de guerre où 12 personnes ont payé de leur vie la liberté de conscience et d’expression, le glas va sonner à la cathédrale de Paris.
Oui, les cloches vont sonner pour des « mécréants ».

Car ce qui est le plus persécuté dans le monde n’est pas une foi ni une « valeur », c’est un principe qui conditionne toute foi et toute « valeur », qui conditionne le statut même d’être humain, de sujet autonome : c’est la liberté de conscience. Son corps, sans lequel il n’est rien, c’est la liberté d’expression.

Ce principe, tous, qu’ils aient ou non une foi, peuvent le défendre car tous en jouissent, tous en ont besoin. Voilà pourquoi le bonnet phrygien flottait hier soir sur les places publiques dans ces immenses rassemblements spontanés, voilà pourquoi tout d’un coup dans le monde entier le French bashing, subitement ringardisé, a fait place, en français dans le texte, à la parole libre de dire sa douleur, son indignation et aussi sa ferme résolution de ne pas vivre à genoux.

Nous savons que Charb, Wolinski, Tignous, Cabu, Maris, Honoré, et tous ceux dont je ne sais pas le nom, qui travaillaient avec eux, sans oublier ceux qui les protégeaient, ont pris les coups pour nous, pour la liberté républicaine. Peut-être auraient-ils refusé les honneurs qu’on leur décerne post mortem . Mais leur combat appartient aujourd’hui à l’ensemble d’un peuple qui se souvient de son histoire et c’est pourquoi il faut les honorer comme des héros et comme des martyrs – ils ne peuvent rien à cet hommage. Les vivants le rendent aux morts pour pouvoir vivre à leur tour comme ils ont vécu, libres et sans peur ; cet hommage est une relève.

En novembre 2011, à la suite de la publication d’un numéro intitulé Charia-Hebdo, Charlie-Hebdo avait été l’objet d’un incendie criminel. J’écrivais alors sur-le-champ un petit article « La coupe est pleine ». Non , la coupe n’était pas encore assez pleine, aujourd’hui elle déborde.

Lire sur l’ancien site Mezetulle.net l’article de 2011.

[Edit du 12 janvier. Cet article a été écrit et publié avant les assassinats de la stagiaire policière à Montrouge et de quatre personnes à la Porte de Vincennes dans un Hyper cacher par un tueur expressément lié à ceux qui ont commis la tuerie de Charlie-Hebdo et dont les motifs avoués étaient les mêmes : après avoir « fait » Charlie, il fallait « faire » les flics et les juifs. Ce qui porte le nombre des victimes à 17, alors que d’autres personnes sont encore hospitalisées.]

22 thoughts on “Charlie-Hebdo, pour qui sonne le glas ?

  1. Jean-ollivier

    Chacun connaît la phrase : pour qui sonne le glas ? il sonne pour toi. Juste pour en donner le contexte partiel :

    Aucun homme n’est une île, complet en soi, tout homme est un morceau du continent, une partie de l’ensemble. Qu’une motte de terre soit emportée par la mer, et l’Europe se trouve amputée, tout autant que si c’était un promontoire, la maison de tes amis ou la tienne propre : la mort de chaque humain m’amenuise, car je suis inclus dans l’humanité, et donc ne va jamais demander pour qui sonne le glas, il sonne pour toi.
    [ … ] No man is an island, entire of itself; every man is a piece of the continent, a part of the main. If a clod be washed away by the sea, Europe is the less, as well as if a promontory were, as well as if a manor of thy friend’s or of thine own were: any man’s death diminishes me, because I am involved in mankind, and therefore never send to know for whom the bells tolls; it tolls for thee. [ … ]
    John Donne Méditation XVII (extrait)

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  2. èric le goff

    je ne suis pas Charlie …..car je ne veux pas défiler avec la bande de veaux et de moutons qui financent par le concordat ou le hallal dans les cantines et ailleurs ou la construction de mosquées les religions sur les fonds de la république , je ne veux pas être associé à ceux qui considéraient hier comme fascistes Finkielkraut , Zemmour ou Houellbequ et qui souhaitaient les faire taire , avec ceux qui ignorent que toute adjectif ajouté à laïcité est une atteinte à la liberté , je ne veux pas être associé à ceux qui dénoncent les bêtes immondes sans se préoccuper du ventre fécond qui les génère par GPA ou autre .
    Ma religion ? islam ? non , celui d’Abdennour Bidar ou du regretté Abdelwahib Meddeb ? celui là a sa place dans la république , comme d’autres , qui disent que dieu est amour , fraternité ….on n’arrive pas à contrôler une prison ? une école …une classe , une banque ….alors la bande des pleureuses , sans moi …….mais Bernard Marris , et vous tous de Charlie , je prie pour que votre mort serve à réveiller les âmes démocrates de ce pays , aux armes citoyens , les corbeaux ne vivent que de nos lâchetés , ces morts ? légion d’honneur , morts pour la France , la liberté après vérification qu’ils ne payaient pas leurs impôts en Belgique ? ils comprendront de la haut cette dérision .. volez , les anges …..pour nous , les larmes . pensées ( ? ) d’un vieux réboussié cévenol , ne cherchant pas spécialement de pub ou de quart d’heure de gloire , mais ne ratant que le moins possible les occasions d’être contre , avec une préférence marquée pour l’humour , mais dans ces cas , difficile ou alors si j’ose ? Finki , Zemmour , Houellebecq ? ça va vous faire des vacances ??? Bernard , mon ami ? de la haut ? elle est digne de vous ? celle là ?

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  3. Alain Champseix

    C’est effrayant et révoltant ! S’en prendre au si doux Cabu ! Tuer 12 personnes ! Nous avons mal mais cela en dit beaucoup aussi sur la France, ce pays où l’on peut tout dire, se moquer de tout et caricaturer sans tabous. Elle montre qu’une nation est bien autre chose qu’une communauté aux coutumes particulières, une ethnie, une religion ou un groupement d’intérêts économiques mais qu’elle peut et doit, tout simplement, reposer sur la liberté. Notre pays est aimable et peut être aimé par là dans le monde entier car c’est ainsi et ainsi seulement qu’il parle à tous. « Douce France » : douce parce que libre, dure quand elle ne l’est pas. Cabu aimait Charles Treinet. Ce n’est que là où l’on peut rire, manquer de sérieux, être même un contestataire impénitent que l’on peut penser. Ordre public, droit d’expression. Selon une cruelle ironie, ce sont des policiers et des journalistes satiriques qui, hier, ont été assassinés. Ils sont les deux faces apparemment opposées mais réellement inséparables d’une seule et même chose : la liberté.

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    1. Mezetulle Auteur de l’article

      « Ils [le journaliste satirique et le policier] sont les deux faces apparemment opposées mais réellement inséparables d’une seule et même chose : la liberté. » : c’est magnifiquement résumé et c’est vrai, tout simplement.

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  4. HRM

    Merci CK : la laïcité c’est pourtant et limpide, pourtant tous les olibrius, les blablateurs médiacrates n’ont eu de cesse de la rendre confuse et méconnaissable, … Ah il est bien tant d’affecter de s’émouvoir, alors qu’il ne s’agit que d’un pure et complexe problème politique, en considération de la rugueuse matérialité duquel, l’illusion des utopies n’ont aucune efficacité pratique; La religion est l’infection virale de la Politique, elle vit dessus, se l’approprie et l’ingére pour la dissoudre….
    l’islam est en période de renaissance 1435/36 H, avec la force de l’élan effecteur que cela représente en appui sur ses textes fondateurs et les milliards d’être humains qui en sont les cosubstances: depuis 48 h seuls des « représentants religieux » viennent parler sur les plateaux TV, avec toute la « restriction mentale » nécessaire et adaptée, pour les musulmans en tant que communauté, ! les médias sont-elles aussi incultes et cons que ça, ou jouent-elles avec le feu ?
    En pratique, et devant l’enjeu de civilisation ( eh, oui!) , il n’y a pas de tolérance politiquement vivable, pour nos Valeurs en face de ce qui est et sera désormais, toujours pour nous, une régression, un anti-humaniste.
    et quoiqu’en dise l’inénarable Plenel, non jze nbe suis pa

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    1. HRM

      et quoiqu’en dise l’inénarrable Plenel, non, 3 fois non , je ne suis raciste, je suis contre absolument contre, la possibilité d’une guerre civile et de religion, qui monte sur une interprétation dévoyée de la laïcité… qui est radicalement incompatible avec la théocratie Coranique…
      Les Français parfaits ignorants en matière religieuse, ne savent plus ce qu’on subit leur parents et ancêtres, et quel fut le prix payé pour la paix civil et religieuse entre le 16 et 20 siècle;
      il est urgent de revisiter l’histoire par Devoir de mémoire sur « la liberté absolue de conscience »; et d’instituer un cursus d’histoire intitulé exclusivement  » Politique et religion » au collège et au lycée, avec un enseignement précoce dès la 3ième ou seconde d’histoire de la philosophie.

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      1. Mezetulle Auteur de l’article

        Bonsoir,

        Les religions ne sont des « infections virales » que lorsqu’on les laisse déployer leurs prétentions à faire la loi, leurs prétentions politiques. C’est à cela, et rien qu’à cela, que la laïcité leur enjoint de renoncer : ne faites pas la loi. Elles le font plus facilement lorsqu’un travail critique se déploie en leur sein, comme c’est le cas par exemple depuis la Renaissance en Europe. La tâche des militants de la laïcité est aussi d’encourager nos concitoyens musulmans à prendre la parole pour se dégager de l’omerta imposée par les intégristes afin que ce travail critique s’effectue. Comme l’a dit ce soir Abdennour Bidar sur un plateau de TV : ce qui arrive aujourd’hui « est un test pour les musulmans ». Alors ne les empêchons pas d’accepter ce test : pensons aussi à toutes ces femmes musulmanes et de culture musulmane qui ne portent pas le voile, qui résistent aux sirènes intégristes, qui ne cèdent pas même « pour avoir la paix », elles doivent relever la tête, nous n’avons pas le droit de les abandonner.

        je vous invite à lire la Lettre au monde musulman d’Abdennour Bidar.

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      2. mattéo

        Tout à fait d’accord pour l’histoire des religions -longtemps l’histoire tout court- et la philo (obligatoires) aux collèges et lycées dès les premières classes, le constat étant que les élèves passeraient aujourd’hui 1800 heures par an devant des écrans Tv et autres pour 40 heures par an en tête à tête familial avec leurs parents. Par contre, je pense qu’on a tort de voir la laïcité comme une sorte de « garantie de la paix sociale » que tout gouvernement se doit de garantir : en République, il ne faut jamais oublier que toute bonne intégration citoyenne se fait d’abord par le biais de la reconnaissance de droits identiques et par le sentiment que la Justice bien est la même pour tous, toute discrimination devant dès lors être vues comme un mal absolu ! Ce sont ces éléments qui maintiennent une société, pas la laïcité en elle-même qui n’est qu’un cadre d’exercice du politique possible parmi d’autres, issu d’une construction sociale particulière. L’école est évidemment l’un des autres éléments-clé pour peu qu’on lui donne les moyens de produire non seulement de la connaissance mais aussi produire le goût du vivre ensemble, dès le plus jeune âge. Comment peut-on accepter que des générations anciennes d’immigration soient mieux intégrées que leurs descendants ? Quand au conflit de civilisation, avec 1 milliard et demi de musulmans dans le monde et 45 millions en Europe, convenons qu’il ne peut s’agir que d’une perspective sans retour : une guerre mondiale version 3.0 ! Vivre avec les siens mais aussi avec les autres, tel est le sort d’une grande nation du 3e millénaire ! Autant le savoir !

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        1. Mezetulle Auteur de l’article

          Aucune disposition juridique ne peut à elle seule garantir la « paix sociale », et la laïcité (qui organise la coexistence des libertés plutôt mieux que d’autres cadres – je ne vais pas récrire mes deux livres ici pour l’expliquer…) ne le peut pas non plus. Sans combat social, le combat laïque ne peut pas aboutir. Par exemple, si des zones entières sont livrées aux maffias et aux groupes de pression sans qu’aucun service public y soit présent, s’il n’y a ni transports, ni services médicaux, alors ce sont les « associations » qui s’emparent de la vacance. vous faites remarquer que les générations « anciennes » d’immigration (dont je fais partie) étaient mieux intégrées, c’est tout simplement que l’école faisait son travail. Mais tout le monde, tout être humain a besoin d’être intégré, et cela vaut pour ceux qui sont installés depuis belle lurette sur le territoire national. Plus généralement sur l’école, je vous réponds un peu plus loin ci-dessous.

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  5. René LE COCQ

    faire sonner  » le glas catholique  » pour ces vrais mécréants antireligieux !!!
    C’est quoi ? scandaleux ? ou humour vaticanesque ? à moins qu’il s’agisse ,
    une fois de plus de récupération sur la mort à des fins de propagande ou
    de prosélytisme ?

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  6. Brighelli

    Chère Catherine Kintzler, vous êtes une sainte — ou une vraie philosophe, ce qui dans l’ordre laïque revient quasi au même.
    Mais moi qui ne le suis pas, j’ai tenté de mettre un nom sur toute cette horreur — et ce nom c’est Islam. Aucune autre religion n’entretient de rapports avec le terrorisme et l’ambition expansionniste. Aucune. Qu’on n’allègue pas les croisades ou les guerres de religion, ou alors admettons que l’Islam, qui a six siècles de retard à l’allumage, les a encore à la conclusion. Et qu’ils sont loin, mais très loin, des Lumières.
    J’en suis même arrivé, cette nuit, à mettre les points sur les i d’islamisme :
    http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/charlie-hebdo-sonnerie-aux-morts-08-01-2015-1894824_1886.php

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  7. HRM

    de « Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif (1764)  » :
    On entend aujourd’hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C’est une maladie de l’esprit qui se gagne comme la petite vérole. Les livres la communiquent beaucoup moins que les assemblées et les discours. On s’échauffe rarement en lisant : car alors on peut avoir le sens rassis. Mais quand un homme ardent et d’une imagination forte parle à des imaginations faibles, ses yeux sont en feu, et ce feu se communique; ses tons, ses gestes, ébranlent tous les nerfs des auditeurs. Il crie : « Dieu vous regarde, sacrifiez ce qui n’est qu’humain ; combattez les combats du Seigneur ! » et on va combattre. 
Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. 
 Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu. […] 
 Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. […] 
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre. 
Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? 
Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable.
    Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif (1764),

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  8. mattéo

    Peut-être ne serez-vous pas d’accord mais je considère que les morts des attentats de ces derniers jours, aussi tragiques soient-elles, sont, en termes de signification, beaucoup moins inquiétantes que les quelques 200 incidents recensés dans les établissements scolaires lors de la minute de silence voulue par le gouvernement ! Ces incidents me paraissent être les véritables révélateurs de l’état réel de notre société : que des élèves qui seront les citoyens de la France dans quelques années, puissent dire « c’est bien fait pour eux ! « , est un constat d’échec total et des plus alarmants de toutes les politiques d’intégration de notre pays. Imaginons dès lors ce qui peut se dire, se penser, dans les « quartiers », hors de l’école ! Oui, l’école de la République a un urgent besoin d’être reconsidérée, aidée, car elle est en grand péril et avec elle, la République dont elle est le pilier essentiel. Il est urgent de remettre les enseignants en mesure de faire le travail que la société attend d’eux, mais sans exiger pour elle les moyens nécessaires ! A défaut , on pourrait rapidement vérifier que l’apparente cohésion de notre société, n’est qu’une façade qui pourrait très vite, voler en éclats ! Car c’est en fait- et en tout premier lieu- à l’école que se jouent d’abord nos libertés !

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    1. Mezetulle Auteur de l’article

      Les assassinats sont inquiétants parce qu’un assassinat est toujours inquiétant et intolérable en lui-même. Ceux qui ont été commis les 7, 8 et 9 janvier sont d’autant plus inquiétants qu’ils relèvent d’actes de guerre sur programme idéologique qui comprend l’élimination physique des deux volets de la liberté (liberté de conscience, d’expression = Charlie Hebdo / protection des libertés par la force publique et l’Etat de droit = les policiers) et l’élimination physique d’êtres humains pour ce qu’ils sont (=juifs). Vous trouvez peut-être que ça ne fait pas beaucoup, mais moi je trouve que la coupe est pleine !
      Quant aux mouvements de refus et d’agitation dans les établissements scolaires dont vous parlez, ils étaient parfaitement prévisibles et n’ont rien à voir avec un défaut d’intégration : ou plutôt ils ont tout à voir avec le défaut général d’intégration qui touche les élèves quelle que soit leur origine. Cela fait 30 ans que les politiques scolaires s’acharnent à réduire l’école à un « lieu de vie » où alternent les « activités de loisir » et le prêchi-prêcha bienpensant qui fait croire aux élèves qu’ils ont tous les droits, le tout dans le brouhaha et la pagaille généralisés. Cette politique d’abandon de l’instruction est en réalité un élitisme féroce : pendant que les uns sont livrés à cette garderie qui les laisse sur les marges de l’humanité, les classes très aisées échappent à cette garderie en mettant leurs enfants dans des établissements select où on continue à enseigner avec exigence, où on ne mâche pas du chewing-gum en classe, où on ne se vautre pas dans les couloirs, où on n’insulte pas les professeurs, où on ne traite pas de « bouffons » ceux qui veulent apprendre… Cela n’est pas une question de moyens, mais de volonté politique et de conception de l’école. Celui qui renonce à exiger d’un enfant qu’il se tienne tranquille une demi-heure pour apprendre à lire, celui qui accepte de négocier la table de multiplication avec une classe, qui accepte de différer le moment où on s’instruit, celui qui objecte qu’on doit « apprendre à apprendre » avant d’apprendre quoi que ce soit est coupable d’abandon d’enfant : or c’est la politique scolaire officielle qui, depuis des années enjoint ces âneries aux professeurs sous forme de directives. Lorsqu’un professeur enseigne vraiment, il le fait bien souvent malgré sa hiérarchie et une fois la porte de la classe fermée : aujourd’hui un professeur qui instruit ses élèves est un héros.
      Ce n’est pas en disant à un enfant « tu es libre » qu’on le libère, ce n’est pas en le faisant arbitre de tout qu’on le met debout et qu’on le met en état d’exercer ses talents, ce n’est pas en lui offrant une tablette tactile qu’on l’émancipe.

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  9. Muriel

    Simplement pour vous dire que vous écouter lors de l’émission 28 minutes de lundi 19/12 m’a mis du baume au cœur. Je vous découvre à peine mais n’en resterai pas là. Simplement parce que ces événements amène autant de confusion que de certitudes et que parfois en tant que athée laïque je me sens lasse.
    Quand la multitude des religions m’impose une surveillance de chaque instant pour ne pas « offenser » , je me prends à rêver que la simple « humanité » puisse se suffire à elle-même pour vire ensemble en paix.
    La laïcité n’en est-elle pas qu’un ersatz ? de toute façon c’est mieux que rien et je suis preneuse.
    Merci à vous.

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  10. Ping : Nice, le glas universel et le grelot des "sensibilités blessées" - Mezetulle

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