« La nature en train de se révolter » avec une épidémie de Covid-19 ? 

L’humilité vicieuse des adorateurs du chagrin

Chaque jour apporte son lot d’inepties médiatisées, et ce n’est pas nouveau. Mais quand elles sont proférées par des doctes, elles n’en sont que plus désolantes. Je n’en croyais pas mes oreilles ce matin : « la nature est en train de se révolter » ! Cette déclaration publique à propos de la diffusion du coronavirus SARS-CoV-2 n’est pas d’un gourou, elle n’émane pas d’un esprit tourmenté qui se livre à la mentalité magique – comme nous le faisons tous par moments car ça fait du bien même si nous n’y croyons pas vraiment –, mais très sérieusement d’un sociologue ayant pignon sur rue. Les adorateurs du chagrin reprennent force et vigueur et prêchent l’humilité : il ne faut pas irriter les dieux.

Jean Viard, directeur de recherche associé au CNRS, interrogé par Sonia Mabrouk sur l’antenne d’Europe 1 le 13 avril1, déclare : « On n’a peut-être pas respecté la nature comme elle le méritait et elle est en train de se révolter ». Ce n’est évidemment pas une plaisanterie (qui serait de très mauvais goût en ce moment), ce n’est pas non plus une image (qu’il aurait de toute façon fallu souligner comme telle) , c’est sérieux et le lexique n’est pas en reste : la nature « mérite » le « respect » et si on ne la « respecte » pas, elle fait les gros yeux, elle ne réagit même pas comme le ferait un fauve entravé qui brise ses liens, non elle « se révolte » tel un dieu offensé. On nage en plein anthropomorphisme, on n’est même pas au niveau d’une théologie dans laquelle un dieu transcendant, peu regardant sur les détails, poursuit des calculs qui nous échappent et qui rendent nos malheurs nécessaires.

On a presque honte de rappeler que la nature n’est pas une personne (et pour utiliser une tournure anthropomorphique : qu’elle s’en fout), que les lois naturelles s’appliquent nécessairement quand bien même il n’y aurait aucun esprit pour les découvrir et les formuler. La loi de la chute des corps, c’était pareil avant Galilée. La nature n’a pas de droits, elle ne réclame rien, n’en veut à personne, n’exige aucun culte : elle existe, elle continue à exister, à Tchernobyl et ailleurs2. Ce que nous souhaitons, c’est une nature à notre convenance, c’est un état de la nature qui soit vivable et si possible agréable pour notre espèce3 : cet état n’est pas plus « respectable » qu’un autre mais souhaitable pour nous, et pour l’obtenir, le maintenir, le développer, nous avons besoin de connaissances et de techniques. Il est impossible de transgresser les lois de la nature : on ne peut la commander qu’en lui obéissant comme le disait Bacon4, c’est-à-dire en l’étudiant par la science et en l’utilisant ou en en prévenant les effets indésirables par les techniques ainsi éclairées.

Mais cette pandémie a un effet d’aubaine pour une cabale de dévots qui reprend force et vigueur. Les adorateurs du chagrin retrouvent les incantations immémoriales : il ne faut pas irriter les dieux.

Pour revenir aux déclarations entendues ce matin, ce tissu d’absurdités s’autorise, pour faire bonne mesure et montrer qu’on est savant, d’une allusion en forme de démenti à un passage de Descartes  : non « nous ne sommes pas maîtres et possesseurs de la nature ». L’allusion à un passage connu du Discours de la méthode (6e partie) véhicule une approximation, car l’expression exacte de Descartes est « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature »5. Un petit « comme » … ça fait une (petite ?) différence en effet. Mais n’entrons pas dans les subtilités de l’explication de texte philosophique qui nous entraîneraient dans l’exposition et la discussion de ce qu’on pourrait appeler une sorte de scepticisme épistémologique cartésien6. Non que cela dépasse le sociologue moyen qui a fait des études supérieures et qui a forcément appris à lire de près, rencontré les grandes critiques classiques de la pensée anthropomorphique et du finalisme, et étudié un peu de philosophie des sciences : cela heurte les idéologues moralisateurs persuadés que l’homme armé de ses techniques est un démiurge toujours mauvais. Il me suffira de souligner que Descartes parle principalement dans ce passage des progrès de la médecine dont on peut espérer, grâce au développement des connaissances scientifiques, une amélioration et un allongement de la vie humaine – et cela en 1637. Or c’est exactement ce qui s’est produit ultérieurement.

Oui Jenner et Pasteur, pour ne prendre que ces exemples, se sont heureusement rendus, grâce à la connaissance, « comme maîtres et possesseurs de la nature » en matière de maladies infectieuses. Et qu’attendons-nous des équipes de biologistes, virologistes, infectiologistes, épidémiologistes, généticiens, etc., partout mobilisés dans le monde aujourd’hui, partout acharnés à l’étude, sinon une meilleure connaissance de la nature du virus, de ses modes de transmission, de ce qui peut l’affecter et le détruire, de la durée de la contagiosité de la maladie qu’il provoque, de la nature des anticorps qui lui font obstacle ? Choses qui, une fois connues plus amplement, permettront de l’éviter, de le neutraliser une fois qu’il est présent dans un organisme humain, de s’en garantir avant sa survenue, d’en épuiser la propagation, bref de s’en rendre « comme maîtres et possesseurs ». Quel bel encouragement que de leur dire : « la nature se révolte, on ne l’a pas assez respectée » ! Ou, comme l’a fait hier (12 avril, dimanche de Pâques), un évêque – mais qui lui au moins était dans son rôle – : « un minuscule virus nous a mis un genou en terre », avant de conclure comme Mme Michu mais avec les grandes orgues « on est peu de chose quand même »… !

S’agenouiller devant un morceau d’ARN enrobé d’une petite couche de graisse ? Non merci. Lorsque je me lave les mains au savon qui s’attaque à cette couche de graisse, lorsque je frotte mes poignées de porte à l’alcool, je livre le virus à la destruction : j’utilise une loi naturelle que la science a découverte. J’essaie, à mon infime niveau, de me rendre « comme maître et possesseur » d’une parcelle de nature, de commander à une nature aveugle en obéissant à ce que la science enseigne à ce sujet.

Les chercheurs n’ont que faire de cette humilité vicieuse7 prêchée aujourd’hui de tous côtés, et qu’il ne faut pas confondre avec la modestie. On s’humilie en s’abaissant devant quelqu’un que l’on croit à tort supérieur à soi ou devant une puissance aveugle à laquelle on prête des propriétés signifiantes. On est modeste quand on ne se croit ni au-dessus ni au-dessous de personne, quand on doute de soi-même, quand on se sait sujet à l’erreur et quand on sait aussi qu’on ne peut compter que sur ses propres forces et qu’il serait désastreux de ne pas y recourir, désastreux de s’en remettre à je ne sais quelle triste et jalouse puissance extérieure surplombante. C’est ce doute audacieux et raisonné qui, toujours, rend possibles le savoir et la libération qui en dépend.

Notes

2 – Voir l’article du regretté Didier Deleule sur le site d’archives : http://www.mezetulle.net/article-nucleaire-de-quelle-nature-parle-t-on-par-d-deleule-70101538.html

3 – Voir Francis Wolff, Plaidoyer pour l’universel (Paris, Fayard, 2019), p. 92-103.

4 – « […] on ne triomphe de la nature qu’en lui obéissant », Francis Bacon, Novum Organum, éd. M. Malherbe et J.-M. Pousseur. Paris, PUF, 1986, p. 87.

5 – Sur les idées faussement attribuées à Descartes, on lira Denis Kambouchner Descartes n’a pas dit, Paris, Les Belles Lettres, 2015.

Voici ce que Descartes écrit dans la 6e partie du Discours de la méthode.
« Mais, sitôt que j’ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j’ai remarqué jusques où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s’est servi jusques à présent, j’ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer autant qu’il est en nous le bien général de tous les hommes: car elles m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie ; et qu’au lieu de cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices, qui feraient qu’on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car même l’esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s’il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu’ils n’ont été jusques ici, je crois que c’est dans la médecine qu’on doit le chercher. »

6 – Descartes ne croit pas que les modèles explicatifs en physique puissent atteindre une vérité du même ordre que celle des propositions mathématiques. Il considère qu’un modèle peut être retenu lorsqu’il rend compte de manière suffisante d’un ensemble de phénomènes et qu’il permet, sous conditions d’accessibilité, l’action technique. Nous ne pouvons donc pas prétendre être maîtres de la nature , ce qui serait prétendre agir comme Dieu, mais nous pouvons simuler l’obtention d’effets par des voies que nous maîtrisons mais dont nous ne pouvons assurer qu’elles sont celles de Dieu ni même qu’elles seraient comparables à celles de Dieu : nous ne pouvons donc que « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Voir Principes de la philosophie, IV, art. 204, où Descartes donne l’exemple de deux montres qui fonctionneraient correctement mais selon des mécanismes totalement différents.

7 – L’expression « humilité vicieuse » est empruntée à Descartes, Les Passions de l’âme, art. 159. Remarquablement cohérent, Jean Viard n’en rate pas une dans son itv du 13 avril : « cela nous rend humbles » dit-il aussi.

 

23 thoughts on “« La nature en train de se révolter » avec une épidémie de Covid-19 ? 

  1. Sabine Prokhoris

    Merci chère Catherine pour cette mise au point bien nécessaire par les temps qui courent, où la rationalité parfois semble en déroute. Les prophètes d’Apocalypse sont à leur affaire, et le courroux de Mère Nature visiblement les inspire.
    Feraient mieux de se taire…

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  2. pascaleBM

    Oui, Merci. Il y avait en effet de quoi se fâcher tout rouge.
    Je me souviens – j’avoue, le sachant, que j’y prenais du plaisir- des mines ahuries d’élèves notamment scientifiques -mais aussi plus tard d’étudiants dans un cours d’épistémologie- quand je lançais qu’il n’y a pas de « lois de la nature »… et ma satisfaction de les voir commencer à comprendre que ces fameuses lois sont des transcriptions humaines, rationnellement construites en langage mathématique, qui auraient d’ailleurs pu être rédigées autrement sans que cela change quoi que ce soit au fonctionnement du monde… naturel (je vais vite), parce qu’en effet, la nature ne sait pas ce que nous savons d’elle. A l’évidence, certains vont encore plus loin, alors qu’ils ont largement dépassé l’âge du Lycée.
    Je suppose, car je n’ai pas écouté cette émission, que personne ne s’est étonné de ces formulations. Anthropomorphisme quand tu nous tiens….

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  3. Pierre Leyraud

    Bonjour Madame C. Kintzler,

    Vous écrivez: »Jean Viard, directeur de recherche associé au CNRS, interrogé par Sonia Mabrouk sur l’antenne d’Europe 1 le 13 avril1, déclare : « On n’a peut-être pas respecté la nature comme elle le méritait et elle est en train de se révolter » et vous bien de préciser que cela n’est pas une plaisanterie. Cette déclaration de Jean Viard est non seulement désolante, mais surtout inquiétante pour la place de la rationalité au CNRS. Il est vrai que nous vivons dans une époque où les livres sur les arbres qui pensent et qui communiquent font fureur.
    Permettez moi de faire une petite remarque quand vous écrivez:’La loi de la chute des corps, c’était pareil avant Galilée. La nature n’a pas de droits, elle ne réclame rien, n’en veut à personne, n’exige aucun culte : elle existe, elle continue à exister, à Tchernobyl et ailleurs » » Il me semble que les lois de la nature sont des façons, plus ou moins conventionnelles, de traduire des régularités que l’être humain perçoit dans la nature. Dans ce cas, il me semble aussi que la loi de la chute des corps a changé en passant d’Aristote à Galilée, mais, par contre, la chute des corps, elle, n’a pas changé. Ceci est un détail, mais je trouvais que votre première phrase ne « cadrait » avec la deuxième qui souligne une vérité toujours bonne à rappeler.

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    1. Mezetulle

      Merci pour votre remarque, cela demande donc un petit éclaircissement sur le détail que vous soulignez. Voici ce que j’ai voulu dire en écrivant « La loi de la chute des corps, c’était pareil avant Galilée ».
      La loi formulée par Galilée n’a pas commencé de se vérifier au moment où Galilée l’a formulée : elle est valide pour toute chute dans le champ terrestre que ce soit avant ou après 1605. Avant que Galilée en donne une expression mathématique, les corps graves tombaient, dans le vide, avec le même degré d’accélération et indépendamment de leur masse. Ce qui change ce n’est pas cette relation ( que vous appelez « chute des corps » et que j’appelle « loi de la chute des corps »), c’est que Galilée s’avise de caractériser la chute des corps par des relations de régularité entre des paramètres mesurables en se demandant quels paramètres sont pertinents et suffisants pour caractériser précisément et universellement la chute (espace, temps, résistance du milieu, masse…) ce qu’Aristote ne fait pas parce que la physique des Anciens ne recourt pas à l’analyse en paramètres abstraits – je ne fais ici que me souvenir de ma lecture fort lointaine du Dialogue des sciences nouvelles de Galilée et des commentaires de Koyré. Mais comme le dit Pascal « la vérité n’a pas commencé d’être au moment qu’elle a commencé d’être connue ».

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      1. Pierre Leyraud

        Merci pour avoir pris de votre temps pour me répondre et , à mon tour, je vous réponds car je ne sais pas si, entre nous , il y a un désaccord ou un malentendu. En effet , j’ai écrit: « Dans ce cas, il me semble aussi que la loi de la chute des corps a changé en passant d’Aristote à Galilée, mais, par contre, la chute des corps, elle, n’a pas changé.  » ce qui signifie que je fais une nette distinction entre  » la loi de la chute des corps » et le phénomène de « la chute des corps ». Or votre phrase ; »Ce qui change ce n’est pas cette relation ( que vous appelez « chute des corps » et que j’appelle « loi de la chute des corps ») » semble ignorer ce que j’ai écrit et la distinction que je fais. Il me semble pour le moins problématique d’appeler indifféremment ‘chute des corps » et « loi de la chute des corps » ce qui, pour le premier relève de l’ordre des phénomènes qui affectent le monde physique et la réalité indépendante associée, et pour le second relève de le représentation et la conceptualisation, plus ou moins libre et conventionnelle, que nous associons à ce phénomène. La « chute des corps » était pareil avant Galilée et après Galilée, mais cela n’est pas le cas de  » la loi de la chute des corps » .D’ailleurs, A Koyré, dans les « Études galiléennes » parle bien de la loi de la chute des corps d’Aristote et de la loi de la chute des corps de Galilée.
        Par ailleurs, la citation de Pascal est, certes, irréfutable pour des vérités d’ordre logique.Cependant ,si on veut aussi l’appliquer aux sciences il faut alors se souvenir que les vérités d’ordre scientifique sont toujours contextualisées, partielles et révisables.

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  4. Incognitototo

    Merci Catherine, pour cette mise au point et cette indignation justifiée que je ressens aussi.

    Ça me rappelle salement ce qu’on entendait à l’époque où le Sida se propageait comme une traînée de poudre mortelle, principalement au début dans les milieux homos : « c’est la nature qui se venge », ou encore « c’est Dieu qui punit les pécheurs »…
    J’ai tellement de colère que pour ne pas devenir insultant, je vais m’abstenir de qualifier les personnes qui, face au drame que nous subissons, ont osé et osent encore aujourd’hui nous servir ce genre d’imbécillités inhumaines. Tous ceux qui au fond d’eux se réjouissent et jouissent en réalité du malheur des autres et même parfois du leur…

    Bien amicalement, et merci encore de garder le cap de la pensée non contaminée.

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  5. braize

    Vous avez raison Catherine !
    Et je n’en reviens toujours pas de la phrase de Jean Viard. Je ne me l’explique que par le fait qu’il a dû se laisser emporter par sa verve et son verbe prolifiques ? Car sinon il nous trompe depuis longtemps…
    Ce serait tellement grave et signe des grands dangers qui nous guettent dès lors que même les meilleurs esprits peuvent être contaminés par des « conneries » que je vous demande l’autorisation de reproduire votre texte sur mon propre blog.
    Pourquoi ne répond il pas pour s’expliquer ?
    Merci à vous d’avance
    Et protégez vous tous !
    Bien amicalement
    François Braize

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  6. Jean Thanassekos

    Merci pour cette mise au point. Excellent ! Il y aurait lieu de faire toute une anthologie avec les inepties qui circulent, avec des airs « savants », en ce temps du Covid-19.

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    1. Mezetulle

      Nicolas Hulot avait de son côté parlé le 22 mars sur BFMTV https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/nicolas-hulot-nous-recevons-une-sorte-d-ultimatum-de-la-nature-1232518.html d’un « ultimatum de la nature », mais 1° il l’a fait en y mettant des guillemets oraux (« une sorte d’ultimatum » a-t-il dit) permettant de penser qu’il situe cette expression comme anthropomorphique et 2° Il n’a pas la caution CNRS !

      Plus significative, mais ce n’est qu’un exemple, une itv d’Emmanuele Coccia (maître de conf. à l’EHESS quand même !) publiée dans Le Monde du 3 avril 2020 où il est question de « péchés écologiques » et qui se conclut en grande pompe sur une proclamation d’antihumanisme (version hyperbolique de la thèse de Mme Michu « on est peu de chose »).
      C’est aussi pour cela que j’ai tenu à citer le livre de Francis Wolff Plaidoyer pour l’universel, qui remet les pendules à l’heure et la pensée sur les rails du bon sens : le livre de Wolff montre que si un peu de philosophie de demi-habile nous éloigne de l’universel et de l’humanisme, beaucoup de philosophie nous y ramène !

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  7. Pierre Lauginie

    Merci, Madame, pour ce texte important, fort, lumineux et réconfortant.

    J’apprécie particulièrement votre analyse fine de la position de Descartes. Dans un domaine différent où j’ai eu à le fréquenter (la lumière et sa « vitesse »), on lui a également fait dire n’importe quoi. Descartes n’est pas simple, ses textes requièrent une analyse rigoureuse, et cela commence par le strict respect de ce qui est écrit.

    Très cordialement,

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  8. Jeanne Favret-Saada

    Merci, chère Catherine, de nous rappeler à la règle des règles en matière de méthode pour penser les maux qui nous frappent : compter sur l’esprit humain et sur lui seul, sur son aptitude au doute, à la critique, et donc à l’invention. La référence à Francis Wolff est particulièrement bienvenue ainsi, que, bien sûr, à Descartes et Bacon.
    Parce que l’apparition du virus m’a fait basculer dans la catégorie la plus « fragile » de l’humanité, j’adjure mes collègues chercheurs à ne pas s’incliner devant les pensées de l’hétéronomie. Faute de quoi, le « jour d’après » la pandémie serait aussi celui du retour des religions avec ou sans églises.

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  9. RAYMOND GABRIEL

    Merci pour ce texte salvateur ! L’idée d’une nature « bonne », « équilibrée », « idéale » est amplement répandue, même comme vous le soulignez dans une partie du milieu scientifique (ou qui s’affirme comme tel), et cette crise sert d’amplificateur.
    Je me permets de vous suggérer cette modeste recension d’un livre de Christian Lévêque, un écologue qui donne un fameux coup de pied dans la fourmilière de l’écologie dogmatique. (« biodiversité, avec ou sans l’homme ? »)
    http://le-jardiner-sceptique.over-blog.com/2020/04/un-livre-choc-la-biodiversite-avec-ou-sans-l-homme.html

    bien à vous !

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  12. Hello martine

    Si « certains arrivent par leur talent quand d’autres n’ont que le talent d’arriver « , l’appartenance à la première catégorie grandit quand l’appartenance à la seconde déconsidère , les deux ricochant donc inévitablement – positivement ou négativement – sur tout citoyen amené à exercer son jugement .
    Merci madame Kintzler pour ce texte revigorant .

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  13. CHAMPSEIX

    Tout a été dit à propos de cette idée que l’on aurait pu croire élémentaire, au moins dans le monde intellectuel : la nature n’étant pas une personne, on ne saurait la respecter comme si elle était une fin en soi et elle ne peut se révolter.

    Il reste que rappeler ce qu’elle n’est pas n’économise pas une réflexion sur ce qu’elle est : n’est-ce pas, aussi, parce qu’il est bon de remettre sans cesse sur le métier cette question, parce que ce n’est pas toujours fait, que peuvent apparaître des opinions dont l’étrangeté n’empêche pas une apparence de vraisemblance ?

    Qu’est-ce que la nature ?

    Tâchons de ne dire que ce que nous savons ou comprenons.

    D’abord, la nature, c’est tout ce qui n’est pas produit par l’homme, tout ce qui n’est pas artificiel par conséquent. La nature, se compose donc aussi bien de ce que l’on nomme « l’environnement » que des astres les plus lointains, des êtres vivants que des pierres, des réalités hors de nous que de notre propre réalité telle que nous la constatons. Nous ne sommes pas la cause de nous-même.

    La nature, ensuite, et par la même occasion, est cette réalité qui, parce qu’elle ne dépend pas de l’être humain, a ses lois propres. A ce point de vue, elle n’est pas irrationnelle – on peut l’étudier – et, en même temps, elle ne s’explique pas par rapport aux désirs humains. Si tel était le cas, elle n’aurait rien de légal et ne cesserait de changer . On pourrait dire qu’elle n’est, par elle-même, ni favorable ni défavorable à l’homme, ni Paradis qui dispenserait de tout travail ni Enfer qui le découragerait.

    Il est difficile, dans ces conditions, de la considérer comme une personne (une déesse, une mère universelle) ou comme le produit d’une personne, la théologie traditionnelle s’étant toujours heurtée à une difficulté insurmontable car comment expliquer qu’un être parfait ait pu créer une réalité qui, certes, est dépendante de lui mais qui n’est pas lui ? Les physiciens ioniens furent, sans doute, les premiers à considérer la notion de nature quand, par exemple, ils estimèrent qu’on pouvait l’expliquer par ses éléments (eau, air, terre ou feu) et non à partir des décisions divines. Il ne revient pas au même d’observer un orage, de supposer qu’il pourrait provenir de la friction de masses d’air ou d’un nuage et de le craindre comme la manifestation de la colère de Zeus. Ce commencement est remarquable au moins en ceci qu’il n’est pas si ancien d’une part parce que, même de nos jours, il est encore souvent très difficile aux hommes de ne pas projeter sur la notion de nature des considérations qui lui sont étrangères et, d’autre part, parce que le VIe siècle avant J.-C. est très éloigné déjà des débuts de l’humanité : autant dire que la notion de nature n’est pas spontanée et, en ce sens, naturelle . Elle suppose beaucoup de culture et, surtout, beaucoup de raison .

    Une telle réflexion se présente pour beaucoup comme une douche froide : la nature n’est-ce donc que cela, n’est-ce donc qu’une idée de la raison ? Nous paraissons bien éloignés du vécu surtout si l’on précise, par exemple, que la science physique est désormais inévitablement mathématique. Pourtant, une idée n’est pas un dogme mais un problème qui stimule l’esprit car l’on n’en a pas fini avec la nature quand on s’efforce de la caractériser avec précision.

    Si l’on s’en tient à la définition que nous venons de produire, plusieurs interrogations se font jour. Qu’est-elle au bout du compte ? Qu’est-ce qui est susceptible de faire sa signification ou son sens ? Si elle est cette réalité rationnelle qui ne dépend pas de l’être humain ne tend-t-elle pas à l’ignorer et si c’est le cas, pourquoi, en retour, ce dernier aurait-il quelque égard à son encontre ? N’est-il pas fondé à l’exploiter au maximum ? Certes, chacun s’accordera pour dire qu’un tel rapport à la nature est périlleux, que l’homme peut se rendre le monde invivable mais ne faudrait-il pas juste en conclure qu’il serait bon qu’il fasse tant soit peu preuve de prudence ? Il peut sembler que cette idée nécessaire – il faut être prudent car il n’est pas rationnel d’être imprudent, n’est cependant pas à la hauteur et de l’idée de nature et de la raison. En effet, la nature telle que nous nous sommes efforcés de la circonscrire, bien que rationnelle, ne peut convenir parfaitement à la raison au moins au nom d’une considération : se passant de l’homme, ayant ses propres lois, elle est étrangère à la liberté dont il semble être capable précisément comme être doué de raison. Peu importe, dira-t-on peut-être, soit que l’on pensera que la liberté n’apporte rien soit que l’on estimera qu’elle est illusoire. N’est-ce pas la raison elle-même qui, selon Spinoza, nous invite à ne pas nous considérer « comme une empire dans un empire » ? Autrement dit, nous ne faisons pas exception dans la nature, nous agissons toujours de façon nécessaire, donc explicable même si nous sommes loin de nous en rendre compte, nous ne prenons aucune initiative à l’instar d’un petit Dieu qui aurait son propre domaine. Seulement s’il est vrai que la liberté n’est pas une valeur par elle-même c’est que c’est la notion même de valeur qui nous donne tout son sens. Kant est décisif sur ce point : nous sommes obligés et, donc , libres car, moralement, ce n’est pas la nature qui fait loi pour nous. Seulement, comme nous vivons dans la nature, la morale prouve, sans l’expliquer , que la nature n’est pas en soi contraire à la moralité : elle a donc un rapport avec l’universalité comme loi pour la volonté. Quelle est la conséquence ? Il n’est pas permis de négliger la nature sans négliger la dimension morale de l’homme.

    Nous apercevons donc qu’il y a deux manières symétriques mais complémentaires de manquer la nature : soit on la personnalise soit on entretient un rapport purement technique avec, quitte à desservir les intérêts matériels de l’humanité in fine. En la personnalisant, on souhaite la considérer à notre image et satisfaire nos prières ; en se bornant à l’utiliser, on la rapporte encore à notre seul être physique, à notre bien-être. Dans les deux cas, on la ravale au rang de pur moyen et manquons, par la même occasion, un rapport juste avec nous-même. En réalité, il en va tout autrement : pensée par la raison, la nature a des lois qui ne sont pas celles de l’homme, elle est affaire de science, elle nous apprend ainsi à minorer nos désirs et même notre vie. Nous sommes mortels. N’en concluons pas que nous ne sommes rien, « poussière qui retournera en poussière » , car ce n’est pas non plus la nature qui nous délivre notre sens mais nous-même et il se trouve qu’en trouvant notre sens nous donnons à la nature celui qu’elle n’a pas par elle-même. Mais cette idée ne peut être comprise que si l’on ne considère pas l’être humain d’un point de vue anthropocentriste car ce dont il est question ici, ce n’est pas de l’espèce humaine, espèce biologique parmi les espèces, mais de l’être moral de l’homme, de la raison pratique en lui.

    Alain CHAMPSEIX

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  14. Pierre Leyraud

    Wittgenstein, qui n’était pas un épistémologue, avait trouvé, il me semble, une bonne image pour illustrer comment nous procédions pour connaître la nature. Il disait qu’on jetait sur la nature une sorte de filet avec des mailles et ce filet et ces mailles, qui changeaient avec le temps , représentaient notre rationalité et notre intelligibilité à une époque donnait. C’est donc à travers les mailles de ce filet que nous avons une connaissance de la nature. Cette image a plusieurs mérites. D’abord elle souligne que la grandeur des mailles n’étant pas infiniment petite, à une époque donnée, beaucoup de phénomènes de la nature échappe à notre connaissance , mais avec le temps les mailles deviennent de plus en plus petites. Ensuite ce que nous connaissons de la nature dépend de la grandeur de nos mailles et d’une certaine conception du monde associée à ces mailles. Par exemple les mailles de la physique classique sont ‘plus grandes » que les mailles de la physique quantique. De plus la conception dominante du monde associée à la physique classique est de type mécaniste-réaliste alors que celle de la physique quantique est du type opérationnaliste-positiviste. Il me semble donc que des phrases comme : »La nature, ensuite, et par la même occasion, est cette réalité qui, parce qu’elle ne dépend pas de l’être humain, a ses lois propres » ou « , il en va tout autrement : pensée par la raison, la nature a des lois qui ne sont pas celles de l’homme, elle est affaire de science,  » reviennent à donner comme propriétés ou comme qualités à la nature des propriétés ou des qualités (par exemple des lois) que nous y mettons. Nous ne découvrons pas les lois de la nature, nous les inventons .Inventions encadrées par des contraintes indépendantes de nous, mais qui restent en partie libres et conventionnelles. B d »Espagnat, avec qui j’ai étudié l’épistémologie de la physique quantique, se plaisait à dire que la physique quantique c’était 5 axiomes à caractères prédictifs et mathématisés. Le reste est affaire d’interprétation et si, pour la physique classique l’interprétation mécaniste à joué un rôle écrasant, en physique quantique il existe, actuellement, plusieurs interprétations possibles et l’interprétation mécaniste est difficilement « tenable ». Toujours en physique quantique, il saute au yeux que la rationalité de la nature est, elle aussi, la rationalité que nous y mettons.
    Je considère donc comme primordiale la distinction à faire entre la nature comme réalité indépendante de nous, et la connaissance que nous avons de la nature qui concerne la réalité empirique accessible à notre intelligibilité et à notre rationalité.

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    1. Alain Champseix

      Je lis votre commentaire avec beaucoup d’intérêt tout en me disant qu’il ne s’agit pas, ici, de discuter de toute la pensée d’un auteur, en l’occurrence celle de Wittgenstein qui est, sans doute, plus qu’un épistémologue.
      J’aimerais vous poser deux questions.
      1) Indépendamment de la question de la science ou des sciences – je commence donc par la fin – je ne parviens pas à comprendre pourquoi on pourrait avoir de la répugnance à parler de « lois de la nature » au moins pour une raison : il est difficile de comprendre celle-ci indépendamment de cette notion de loi (mais l’inverse n’est pas vrai : il y a des lois logiques, des lois morales, juridiques et, selon vous, scientifiques, qui ne sont pas les lois de la nature). Les anciens opposaient la nature au chaos, soit, précisément, l’anomie à l’état pur j’imagine et, dans la nature, tout est loi : les saisons, la chute des corps, l’hérédité. Certes, dans la nature, tout n’est pas soumis à des lois car il y a de la contingence mais comment envisager celle-ci sans celles-là ? Une variation biologique qui engendre un monstre suppose bien comme une norme et si de nouvelles normes apparaissent (espèces nouvelles dans l’évolution), ce sont précisément des normes. Résumons : la légalité n’est-elle pas l’essence de la nature ? N’est-ce pas par elle qu’elle se distingue des désirs humains et, même, de tout désir (elle n’est pas une personne) ?
      2) a) Est-il réellement tenable de considérer une science comme un simple « filet » c’est-à-dire une lecture cohérente mais arbitraire de la nature ou, plutôt de certaines catégories de phénomènes de la nature (il n’y a pas une science de la nature) ? Voici la raison de mon doute. Une science est une connaissance, comme son nom l’indique, ou du moins se comprend par l’exigence de connaissance et non une simple interprétation (à moins que vous ne niez, comme vous semblez le faire à la fin). Si la science n’était que comme un filet, elle en dirait plus sur la pensée humaine que sur la nature. b) Il est vrai que c’est, justement, ce que vous soutenez puisque ledit filet dépendrait au bout du compte des représentations d’une époque : la physique classique serait l’expression d’une conception mécaniste du monde et la physique quantique serait l’expression d’un autre type de rationalité. Je vous présente trois objections. D’abord, l’idée qu’il puisse y avoir plusieurs types de rationalité est tout de même problématique car comment pourrait-on encore parler de raison si l’on laisse de côté son unité ? Ensuite, le mécanisme (si tant est que la physique classique, en réalité moderne et non antique, soit uniquement mécaniste : celle de Leibniz ou de Newton était dynamiste) n’est pas un simple modèle car il présente l’avantage d’être concevable, certes avec l’outil mathématique, mais, aussi, avec quelques précisions métaphysiques (Canguilhem, par exemple, montrait bien que le mécanisme n’était guère pensable indépendamment des méditations cartésiennes, autre chose, tout de même que la représentation d’une époque donnée). Je ne veux évidemment pas défendre le mécanisme à tout crin et ignorer l’évolution de la physique mais celle-ci est toujours à concevoir comme un problème jusque dans ses avancées les plus ultimes. Le principe philosophique mais, aussi, scientifique du doute ne signifie-t-il pas avant tout qu’il faut toujours s’interroger sur ce qu’il y a de scientifique dans une science ? Si l’on cessait de le faire, le rapport de cette dernière à la vérité serait coupé, ainsi que toute possibilité de progrès. Que disent des personnes comme Bachelard ou Popper sinon que toute théorie – fût-elle archi-moderne – est éminemment polémique et confrontable à l’expérience ? Autant que je sache, la physique quantique, qui posait des problèmes à un Einstein, ne se présente pas comme un simple aboutissement : ce n’est pas parce qu’elle implique des succès techniques incontestables qu’elle est éminemment pensable. On parlerait plus volontiers de crise à son propos. J’en arrive ainsi à ma troisième objection : si les sciences n’étaient que des filets dépendants des représentations d’une époque donnée, comment pourrait-on encore parler de progrès scientifique ou dire même qu’une théorie puisse être fausse ? Le système de Copernic vaudrait-il celui de Ptolémée ?

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  16. Tarnacois sans caténaire

    Je pense que de la part d’un maître de recherche du CNRS , il s’agit d’une figure de style , une métaphore. Il est douteux qu’un scientifique de ce rang plonge d’ans l’anthropomorphisme ou le panthéisme. Mais sait-on jamais !
    Toujours est t’il que la science ne se résume pas à Jenner et Pasteur pas plus qu’à Fulton et Denis Papin. Elle n’est pas entièrement vouée à la fabrication de médicaments ou de machines à combustion mais est aussi théorique
    La science essaie de comprendre la nature par la physique , la chimie , la biologie entre autres. De cette étude jaillissent effectivement des systèmes de fonctionnement que l’on peut appeler lois naturelles. ( Que ce soit la chute des corps ou la constance de la vitesse de la lumière) L’écologie nous apprend que par sa place dans la chaîne de prédation , sa taille et d’autres critères le nombre maximum d’humains est fixé comme celui des autres animaux.( Sans être scientifique , tout le monde a pu constater qu’il y a plus de fourmis que d’éléphants sur terre , mais personne n’ en a tiré de leçons). De ce fait , la terre est surpeuplée depuis plus de deux siècles, cette démesure , du fait de la pollution engendrée , est devenue scandaleuse depuis plusieurs décennies et nous entrons maintenant dans la phase du grotesque.
    L’ épidémie est un des sorts réservés à toutes populations animales ayant atteint ses limites sur un territoire donné. La terre avec ses sept milliards d’habitants , ses concentrations urbaines et les déplacements massifs et incessants de ses individus et de ses biens de consommation est devenue un gigantesque clapier atteint de myxomatose.
    Nous sommes devenus les animaux les plus stupides de cette planète. Prisonniers de nos demeures dans un monde que nous avons pompeusement qualifié de libre, incapables de profiter des biens matériels que nous produisons, incapables aussi et pour longtemps d’assouvir une vie sociale. Nous allons continuer peut être indéfiniment à nous laver sans cesse les mains , à nous asperger d’eau de Cologne et une fois sortis de nos tanières pour aller chercher une fois par semaine une pitance fade et répétitive, nous vautrer dans la suspicion et la défiance. Car aucun Pasteur ne viendra nous sauver avant au moins un an et demi en attendant qu’un nouveau Yersin passe le relais pour une mutation de ce virus ou pour un autre totalement original Nous vivons de la science à crédit du fait de notre enflure démographique qui crée plus de problèmes que nos savoirs sont capables d’en résoudre , du moins dans un délai acceptable. Et tout ça parce que nous ne sommes pas fichus , comme un vulgaire renard ou un simple loir de limiter nos naissances. Nous n’offensons pas la nature certes , mais ne respectons pas ses lois. Du moins de façon volontaire.
    Je suis également agacé par ces appels à l’humilité de gens qui décrètent que nous avons oublié que nous étions mortels. Ont-ils procédé à un vaste sondage pour vérifier l’étendue de cette singulière amnésie ? Devons nous ce changement de climat à notre nouvelle villégiature olympienne ? Subissons-nous une punition divine pour cette escalade sacrilège ? Sont-ils seulement au courant ses prêcheurs apocalyptiques que l’espérance de vie dans les pays dits occidentaux subit depuis quelques années déjà un léger tassement pour ne pas dire pire ?
    Autre chose je veux bien d’une nature à notre convenance et si possible agréable pour notre espèce !
    Premièrement je ne pense pas que ces deux notions soient universelles. Une nature convenable et agréable pour un papou ou un boschiman n’est pas la même que pour un européen qui n’aura pas d’aspirations semblables suivant qu’il soit citadin ou campagnard. Moi-même la nature plébiscitée par mes contemporains et leur descendance, espace connecté entre champ d’éoliennes et prairies photovoltaïques où l’on se nourrira de pilules et de sauterelles grillées, ne me convient ni m’est agréable.
    Secundo , la science encore , nous apprend que l’homme n’est pas un extra-terrestre qu’il n’est sorti d’une cuisse ni d’une côte bref n’est pas surnaturel. Il n’est qu’une espèce parmi d’autres également résultat d’une évolution sélective et également fruit du hasard et de la nécessité ; Je ne vois pas pourquoi nous serions la seule espèce méritant de vivre dans un environnement convenable. Pour les autres d’ailleurs l’idoine est superflu tant elles disparaissent à tour de bras Nous ne nous inquiétons de cette catastrophe seulement dans le sens ou elle aurait un inconvénient pour nous.
    Si la nature n’a pas de droit, l’homme , qui en fait partie , n’ en a pas plus. Seulement celui de survivre : mais sa population minimale de subsistance est largement dépassée.

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