Soutien à Henri Pena-Ruiz, visé par une tribune dans « Libération »

Le 4 octobre, la version en ligne du journal Libération publiait une tribune signée par un « collectif d’élus et d’acteurs associatifs », intitulée « Islamophobie à gauche : halte à l’aveuglement, au déni, à la complicité ». Cette publication, qui appelle à faire de « l’islamophobie » un délit raciste, ne se contente pas de rabâcher les thèmes du retournement victimaire chers à la mouvance dite « décoloniale » et à l’idiotie utile de l’islamisme meurtrier, elle ne se contente pas de donner une fois de plus les leçons de morale qui excusent l’inexcusable. Elle s’en prend à la personne de Henri Pena-Ruiz1.

En plaçant en « accroche » la photo de Henri Pena-Ruiz agrémentée d’une citation tronquée, en cautionnant les accusations indignes et les violents propos par lesquels certains militants s’en sont pris à lui lors d’une de ses récentes conférences, le texte invite, entre autres, à poursuivre et à accentuer la campagne publique de dénigrement calomnieux dont sa personne est l’objet. Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas lui mettre directement une cible dans le dos ? On se demande vraiment qui tient un « discours de haine ».

Avec un remarquable sens du moment opportun, la tribune est publiée le lendemain du massacre au couteau qui a eu lieu à la préfecture de police de Paris2. La deuxième partie de son titre, rédigée dans un crescendo alarmant (« halte à l’aveuglement, au déni, à la complicité »), pourrait être reprise et retournée aux signataires d’un texte qui donne l’exemple même des procédés qu’il prétend dénoncer.

Notes

2 – Evénement tragique qui s’inscrit dans une série sanglante et à propos duquel est enfin posée publiquement et sans les circonlocutions habituelles la question de l’aveuglement, du déni et de la complicité dont le bras islamiste meurtrier bénéficie depuis tant d’années. Voici ce que j’écrivais sur ce site en janvier 2015 après le massacre à Charlie-Hebdo :

[…] suffira-t-il d’un revers de main pour déraciner les Bastilles qu’on voit s’édifier sous nos yeux depuis belle lurette ? Suffira-t-il d’un revers de main pour que les accusateurs bienpensants cessent de plastronner et de faire des leçons de morale progressiste, eux qui ont désigné aux tueurs, d’un index coupable, la cible prétendue « islamophobe » ? Est-ce d’un revers de main que nos concitoyens musulmans secoueront l’omerta qui depuis des années les amalgame, tout aussi coupablement, à ce que l’islam a de plus réactionnaire ? Suffira-t-il d’un revers de main pour que nos concitoyens de culture musulmane engagent massivement le travail critique sans lequel toute religion hégémonique cède à ses monstres ? Suffira-t-il d’un revers de main pour que ceux qui, parmi eux, effectuent ce travail au risque de leur vie, soient enfin entendus ? Quand cessera-t-on de cautionner le fanatisme au prétexte d’éviter la « stigmatisation » ? 

Edit 12 octobre. À lire aussi
La tribune « Nous apportons notre total soutien à Henri Pena-Ruiz », inspirée par le texte ci-dessus et signée par de nombreuses personnalités, est en ligne sur le site de Libération.

30 thoughts on “Soutien à Henri Pena-Ruiz, visé par une tribune dans « Libération »

  1. BRAIZE

    Merci chère Catherine de cette alerte sur cette nouvelle ignominie de l’engeance islamo-gauchiste.
    Là ils passent les bornes et vous avez raison en publiant la photo de Pena-Ruiz la Tribune devient une horreur absolue car il ne manque plus à notre ami qu’une cible dans le dos ou un point rouge au milieu du front…
    J’ai repris votre publication sur mon blog à l’occasion d’un commentaire dédié sur mon billet d’hier en soutien à Laurent Bouvet tout aussi lamentablement attaqué par le président de la FCPE à propos de sa publication de caricatures d’une affiche de cette fédération relative aux accompagnatrices de sorties scolaires voilées :
    https://francoisbraize.wordpress.com/2019/10/06/soutien-a-laurent-bouvet/#comment-1193
    Les idiots utiles de nos ennemis ne s’arrêteront jamais, comme ces derniers, leurs maîtres…

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  2. Jeanne Favret-Saada

    Merci, Catherine, je ne lis plus Libé depuis longtemps, justement parce que je déteste voir ce journal soutenir les appels contre l' »islamophobie ». Mais cette fois, la photo attire une juste vengeance sur un « islamophobe » déclaré. J’avais écrit à Henri Pena-Ruiz mon soutien dès la parution des premiers commentaires sur sa conférence aux Insoumis. Nous ne supporterons pas qu’un homme courageux soit ainsi mis au pilori, surtout dans un journal autrefois libertaire.

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  3. SERNE

    Bonjour,
    sans répondre ici (pour l’instant peut-être, je verrai) sur le fond de ce texte développé dans votre tribune paru sur Libération en ligne (ce Libé que Jeanne Favret-Saada exécute de façon lapidaire dans son commentaire) je souhaite, en tant qu’un des auteurs de la tribune que vous dénoncez, couper court à la désinformation assez grave consistant à attribuer aux signataires de ladite tribune le choix de mettre une photo d’Henri Pena Ruiz en accroche de sa publication (vous savez fort bien que c’est Libé qui décide de ce genre de choses et nous n’avons pas trouvé ça très malin…). De même nous reprocher la publication de cette tribune quelques heures après l’attentat djihadiste de la préfecture de police (dans lequel, c’est un hasard et vous ne pouviez pas le savoir, il se trouve que j’ai perdu un ami) est particulièrement malhonnête et choquant quand vous savez fort bien (puisque vous même publiez des tribunes) qu’entre le moment où l’on propose un texte à un média et sa publication effective il se passe plusieurs jours (même quand le sujet est urgent, je peux en témoigner ayant été l’une des chevilles ouvrières de la sortie d’une autre tribune, en soutien aux Kurdes de Syrie attaqués, qui a mis près de deux jours à sortir malgré son urgence). Mais puisque cela vous permet dès le début de votre texte de nous cataloguer en quasi complices des terroristes ou au moins en personnes insensibles aux attentats, en personnes qui haïraient Pena Ruiz au point de pratiquement appeler à son meurte à vous lire, après tout tous les coups sont permis.
    Pour votre information, l' »idiot utile de l’islamisme meurtrier » que je suis comme vous dites (« l’engeance islamo-gauchiste » comme dit M. Braize) est un athée revendiqué, juif d’origine et défenseur du droit d’Israël à exister en sécurité (je précise au cas où…), normalien et agrégé d’histoire (je précise histoire de relativiser mon idiotie…), fervent défenseur de la laïcité et critique de toutes les prétentions politiques des religions, initié à 20 ans au GODF, militant depuis plus de 20 ans pour l’égalité des droits des personnes LGBT (et je peux dire que j’y ai vu ce que peut être l’opposition des lobbies religieux par exemple à la Commission européenne ou à l’ONU). Je vous prend pour ma part bien trop au sérieux et pour quelqu’un qui mérite que l’on puisse débattre rationnellement, pour me permettre de vous assigner à un groupe homogène fantasmé qui serait en bloc raciste et assimilable aux terroristes suprémacistes qui attaquent des mosquées voire y tuent 50 personnes comme à Christchurch… J’espère pouvoir en attendre autant de votre côté.
    Et au passage, j’aimerais savoir ce que vous pensez des propos de Denis Collin sur l’homosexualité décrite comme une perversion ou contre le mariage pour tous, les propos de Philippe d’Iribarne liant terrorisme et immigration ou s’opposant au mariage pour tous, ceux de Zineb El Razhoui qui dit qu' »il n’y a pas d’islam il n’y a que des musulmans » mais dit aussi que « l’islam fait couler le sang des Français » ou qui tisse un lien entre transidentité et pédophilie, les propos de Natacha Polony expliquant que « Le mariage, c’est l’union d’un homme et d’une femme, il se trouve que la Nature fait que c’est comme ça. », les propos de Nathalie Heinich contre le Pacs ou le mariage pour tous, (et je ne parle même pas de Bouvet ou Onfray ce serait trop long…).
    Bonne journée
    Pierre Serne

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    1. Mezetulle

      Le commentaire ci-dessus émanant d’un signataire de la tribune « Islamophobie à gauche : halte à l’aveuglement, au déni, à la complicité » publiée par Libération le 4 octobre, sa publication relève bien évidemment du droit de réponse.

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  4. Jorge Morales

    Les propos de Pierre Serne montrent qu’être normalien, agrégé d’histoire, membre du GODF ou autre titre pompeux, ne dispensent pas de l’aveuglement idéologique. On peut avoir les titres les plus prestigieux, le niveau d’études le plus élevé et avoir l’esprit faux. On aurait souhaité que les explications de M. Serne aillent jusqu’à condamner la campagne de diffamation dont Henri Pena Ruiz est l’objet, qu’il aille jusqu’à reconnaître l’immense mauvaise foi de la tribune accusatrice de Libé dont il est le premier signataire. Au lieu de quoi nous avons droit à un récit militant. Ce que vous affirmez sur Natacha Polony et Nathalie Heinich est faux. Ce manque de rigueur intellectuelle étonne de la part de quelqu’un si fier de ses titres académiques. Je vous invite à relire très attentivement le dossier paru dans la revue le Débat sur « Les enfants du mariage homosexuel’ (n° 180, mai-août 2014, p. 123-129) où Nathalie Heinich ne se bat nullement contre le PACS ou le mariage pour tous, mais propose une réflexion de fond sur l’extension abusive du domaine de l’égalité, extension sur laquelle s’appuient tous les lobbies réclamant des droits particuliers, dérive dont les militants LGBT et les néo-laïques ne sont pas à l’abri.

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    1. SERNE Pierre

      Sur quoi fondez-vous l’affirmation sur mon « esprit faux » ou la « mauvaise foi de la tribune accusatrice » ? N’est-ce pas user d’arguments d’autorité manquant de rigueur intellectuelle? Vous semblez refuser à qui ne pense pas comme vous la légitimité à raisonner, à s’exprimer. Or c’est ce que vous reprochez à juste titre aux islamistes qui n’acceptent pas la libre pensée, l’athéisme, le blasphème… Je combats ces intégristes comme tous les autres, qui d’ailleurs détestent tout ce que je suis (j’en ai hélas fait l’expérience).

      Mais voici donc des faits sur N. Polony et N. Heinich :

      N. Heinich a publié une lettre ouverte (Le Monde 27/01/99) titrée fort clairement : «Ne laissons pas la critique du Pacs à la droite!». Y sont tous les poncifs que les homosexuels ont endurés sur le PACS en 1998-99 puis en 2012-13 avec La Manif pour Tous : choix de vie, inceste, polygamie… Cette homophobie pure nie le droit à l’égalité de traitement entre couples, entre citoyens. L’inverse des valeurs de la République laïque.

      N. Polony, elle, a publié (Le Figaro 14/09/12) un texte plus élaboré que la phrase que je citais (prononcée dans « On n’est pas couché » du 15/09/12) contre le mariage pour tous. Voir aussi son itv par Sputnik le 29/11/13. Là encore tout y est: respect de l’état de nature, dénonciation de la transgression d’un ordre social intangible… Loin de l’idéal républicain émancipateur que vous dites prôner ! Je pense être plus en accord avec cet idéal d’égalité, d’amélioration de l’humanité, qui anime les laïques sans concession dont je suis.

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  5. Mezetulle

    Les commentaires n’ont déjà que trop dérivé sur le procès de personnes signataires de la tribune « Nous apportons notre total soutien à Henri Pena-Ruiz » (auquel le Bloc-notes ci-dessus fait référence). Accepter un tel procès serait symétriquement s’exposer à accepter celui de signataires de l’autre tribune.

    J’ai décidé de mettre un terme à cette dérive malsaine et hors-sujet.

    Signer une tribune collective c’est en approuver le texte, ce n’est pas approuver tous les propos tenus par les autres signataires, ailleurs, autrefois, maintenant ou à venir. On n’est responsable que de ce qu’on dit, écrit et fait personnellement.

    Il importe donc, pour respecter ce droit fondamental et aussi pour éviter tout dérapage en termes personnels, de s’en tenir à l’avenir aux sujets engagés par le Bloc-notes ci-dessus et par les textes des deux tribunes antagonistes en ligne dans Libération (auxquels il est renvoyé par des liens dans le Bloc-notes).

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  6. Tomei

    M. Serne décline la responsabilité de l’illustration de la tribune inclusive qu’il a signée – le point médian étant la marque d’une orthodoxie d’autant plus orthodoxe qu’elle prend ici des accents intersectionnels, la marque de cette gauche pour laquelle la lutte contre l’islamisme demeure un angle mort. Reste que si les auteurs et les autrices de la tribune ne sont pas responsables de la photo et qu’iels le déplorent au point, j’imagine, qu’iels ne proposeront plus jamais de tribune à cet organe, iels citent bien le nom d’Henri Pena-Ruiz dès le deuxième paragraphe et le désignent donc bien à la vindicte, le mot n’étant pas trop fort à lire la teneur de la tribune. Ensuite, on veut bien prendre acte que les signatair.e.s ne sont pas responsabl.e.s de la publication de la tribune juste après l’attentat de la Préfecture de police ; mais il aurait alors fallu le faire savoir et toustes ont brillé par leur silence dont on espère qu’il était plus gêné que complice.
    Ensuite, je trouve curieux que quelqu’un qui se dit « critique de toutes les prétentions politiques des religions » ait pu signer une telle tribune incriminant Henri Pena-Ruiz puisque critiquer les prétentions politiques des religions, c’est exactement ce que ce philosophe ne cesse de faire. Au passage, H. Pena-Ruiz se fend d’un effort de définition dont ses contempteurs font l’économie : qu’est-ce que, pour eux.elles l’islamophobie? Si c’est la détestation de la religion musulmane, elle n’est pas moins licite que la détestation de n’importe quelle autre religion, du moment que l’on ne s’en prend pas aux individus qu’on ne saurait du reste réduire à leurs convictions religieuses comme le font l’extrême droite et la gauche diversitaro-intersectionnelle – Henri Pena-Ruiz dit-il autre chose ? Non. Or avant de dégainer une tribune jdanovienne contre un individu, il conviendrait, et c’est le moins pour un normalien-agrégé-maçon, de lire ce qu’il écrit, et tout ce qu’a écrit (et dit) Henri Pena-Ruiz dément les positions que lui prêtent ses détracteurs diversitaires (cf. par exemple ses entrées « Islam » et « Islamophobie » dans son Dictionnaire amoureux de la laïcité (Plon, 2014) ).

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    1. SERNE Pierre

      Encore une fois nous n’avons jamais fait d’Henri Pena-Ruiz une cible ni même l’objet central de notre tribune. Mais de ce que sa sortie sur le droit à l’islamophobie (dont il connaissait évidemment la portée polémique) est le symptôme et l’étendard. Ses explications postérieures (qui n’ont fait qu’enfoncer le clou voire aggraver les choses sur l’homophobie par exemple) et la reprise de ses propos par d’autres n’ont fait que confirmer que ce n’est pas (seulement) une posture sémantique philosophique mais bien un combat politique qui se joue. Sur le vocabulaire et son usage, le licite et le non licite, la lecture faite du droit et de la loi, la spécificité de l’islam malgré toutes les dénégations. Et on a bien le droit de ne pas être d’accord et de le dire non? A moins que la liberté d’expression s’arrête à certains.
      Et notre propos est aussi voire surtout de dire que lorsque le philosophe intervient dans le débat public, dans la sphère politique, il doit savoir exactement quelle est la portée de ses propos, leur interprétation potentielle, leur instrumentalisation potentielle, leurs effets concrets sur les personnes qui les reçoivent et leurs conséquences potentiellement dramatiques.
      Dire qu’on a le droit d’être islamophobe dans le contexte actuel en France c’est jouer avec le feu quand bien même ce serait juste conceptuellement et visant seulement une religion. De même qu’une diatribe contre le christianisme n’a pas le même sens au Vatican qu’en Egypte en pleine vague anti-copte. Critiquer le judaïsme comme religion est certes possible et sans doute utile mais l’opportunité de le faire et de le proclamer n’est pas la même en Allemagne en 32 qu’en Israël en 2019, non?
      Au demeurant, la judéophobie (et bien sûr HPR ne se risque pas sur ce terrain…) est-elle critique du judaïsme, haine du judaïsme, antisémitisme ou un peu des trois? Une attaque de synagogue est à juste titre considérée comme un acte antisémite. L’attaque d’une mosquée est un acte islamophobe, il vise la religion ou les musulmans qui sont dedans?
      L’islamophobie est-elle pour vous le droit de critiquer l’islam ou de haïr l’islam ? On a compris que pour vous ce ne peut être la haine de ses croyants. Vous pouvez constater ces jours-ci à quel point c’est pourtant pour beaucoup tout ça à la fois. Avec à la clé de la violence. La protection des personnes est à mon sens bien plus importante qu’une querelle sémantique.

      Pour finir, la définition de l’islamophobie que ce soit dans les dictionnaires (Larousse et Robert), dans les textes de la CNCDH, de l’OSCE, de la Commission européenne, du Conseil de l’Europe, de l’UNESCO,… inclut toujours au minimum la notion d’hostilité envers les musulmans (et pas seulement la religion).

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      1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

        Une proposition « conceptuellement juste »  mais politiquement « inopportune » : on reconnaît là un grand classique du totalitarisme (au fait, qui juge de l’inopportunité et sur quels critères – forcément « politiques » ?). C’est un fonctionnement dogmatique ; il n’a pas d’autre fonction que de réduire l’opposant au silence. Il a été fort utilisé, sous des formes violentes et massives, dans l’histoire passée et récente.

        Une autre manière de réduire l’opposant au silence est de le psychiatriser (elle n’est pas incompatible avec la précédente comme l’a montré l’histoire du XXe siècle). Vous osez une critique de l’islam, vous froncez le sourcil devant un voile chariatique, vous vous moquez ? C’est que vous êtes malade : vous avez une « phobie ». En général, la thérapeutique conseillée est comportementale, ce qui n’exclut pas les traitements de choc.

        Revenons à une sémantique moins pathologique où « phobie » signifie « détestation, haine ». Comparons deux termes construits de manière analogue avec deux éléments lexicaux : « homophobie ; islamophobie ». Le second composant lexical (« -phobie ») leur est commun : c’est la détestation de ce qu’indique le premier composant. Dans « homo/phobie », le premier composant ne peut désigner que des personnes et non une doctrine : aussi l’homophobie est-elle un délit. Mais dans « islamo/phobie » le composant « islamo- » ne désigne jamais des personnes, mais toujours une religion, un ensemble doctrinal. Donc « islamophobie » ne peut jamais, pour un locuteur francophone, signifier « haine des musulmans ». Voilà, entre autres raisons, pourquoi « on a le droit d’être islamophobe ».

        Pour ma part, je préfère éviter aussi bien la maladie mentale que la haine, et parler de « résistance à l’islam politique ». Il arrive que des résistants, s’ils se montrent un peu trop, se fassent fusiller : ce fut le cas pour Charlie-Hebdo.

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        1. Serne Pierre

          Encore une fois, que de procès d’intentions…
          Je ne vais plus argumenter parce que quand on est à invalider le propos de l’autre en le traitant de totalitaire et en faisant référence aux horreurs du passé, il n’y a plus grand chose à dire. Et c’est vous qu’on empêche de parler…
          Juste quand même une chose, parce qu’elle me touche particulièrement et qu’elle est primordiale : l’homophobie désigne la haine de l’homosexualité comme des homosexuels. Quand Christine Boutin explique que l’homosexualité est une abomination elle est poursuivie pour homophobie. C’est d’ailleurs tout le discours religieux en particulier chrétien de l’homophobie (du moins depuis un bon moment) : c’est le péché qui est visé pas le pécheur. Ce qui est condamné, parfois de la peine de mort, à travers le monde et notamment dans des pays qui disent appliquer la charia, c’est l’acte contre-nature et ce faisant, évidemment ce sont ceux qui le commettent qui sont punis. Mais parfois pas de la même manière suivant le rôle. Puisque c’est le fait de transgresser l’ordre naturel/patriarcal qui est insupportable et donc sévèrement puni. Celui « qui fait l’homme » est donc dans certains cas épargné…
          Séparer ce qu’on fait de ce qu’on est est totalement illusoire et absolument pas correct du point de vue de la réalité.
          Détester l’homosexualité c’est l’homophobie. C’est sans doute autorisé en vertu de la liberté de conscience. L’exprimer publiquement est considéré comme un délit de provocation à la haine.
          Et croyez bien que ce ne sont surement pas les homos qui ont décidé du terme homophobie et de l’usage des suffixes en -phobie qui sont pourtant désormais entrés dans le langage courant.
          antisémitisme, racisme,
          Bref me faire expliquer, moi l’homo qui ai été insulté, menacé, frappé pour cela, ce que c’est que l’homophobie, ça ne sera pas la première fois mais ça dit beaucoup de ce que faites et portez.

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          1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

            Caractériser un raisonnement explicitement exposé n’est pas faire un procès d’intention.

            « Détester l’homosexualité, c’est l’homophobie » : bien sûr ! L’homosexualité n’est pas une doctrine, ni une religion, c’est, comme le dit la loi, une « orientation sexuelle », elle est inséparable des personnes. De plus on ne voit pas pourquoi seuls les homos auraient le droit d’en parler, ou auraient le droit de défendre les homos… Ecrire à ce sujet « ça dit beaucoup de ce que [vous] faites et portez » c’est semer un doute en la matière, et ça ressemble bien à un procès d’intention : n’y aurait-il pas un petit relent d’homophobie derrière mes propos ? Parce que, tout de même, « ça dit beaucoup »… Avant de se lancer dans de telles insinuations, il serait utile de lire par exemple ceci (publié en 2012) http://www.mezetulle.net/article-le-mariage-homo-revelateur-du-mariage-civil-112162494.html.

          2. André

             » Cette publication, qui appelle à faire de « l’islamophobie » un délit raciste… »

            Dire « je suis islamophobe » ou « je n’aime pas la religion musulmane » sans autres propos, est-ce condamnable et condamné par la justice ? Non, je ne crois pas.
            Par conséquent on peut se dire islamophobe mais sans jamais dire pourquoi au risque d’être condamné pour « racisme »… Curieux, non ?

  7. Jacques Variengien

    Bonjour,
    Peut-on chercher ce sur quoi nous serions d’accord ?
    Par exemple, peut-on faire la différence entre un sentiment et la déclinaison de ce sentiment en acte ? Si non, alors la liberté de conscience est un concept vide et toute expression blessante risque de devenir discriminante voire blasphématoire. Si oui, alors nous devons définir tranquillement quand c’est l’utilisation d’un droit, quel que soit le sentiment, quand c’est un délit. Ceci n’empêche pas de penser que l’utilisation d’un droit légitime peut créer un climat qui conduira à discrimination, mais on peut s’accorder pour dire qu’il y a des choses autorisées par la loi et des choses qui ne se font pas par courtoisie (Et réciproquement ? Et sélectivement ?).
    Travaux pratiques et non plus sémantiques.
    1 L’amour la haine sont des sentiments donc des droits fondamentaux que nul n’est tenu de justifier ; cependant l’amour s’il était obligatoire, et la haine interdite, nous ferait basculer dans le paradis sur terre donc.. l’enfer. Sommes-nous d’accord pour nous préserver en priorité de cet enfer ?
    2 Par prudence il faudrait demander, avant de choisir de quoi on se fait l’avocat, qui accorde la précellence à la loi des hommes (des êtres humains), quand elle respecte les droits fondamentaux bien sûr, et qui s’en dégage unilatéralement au nom de ses convictions collectives ou personnelles y compris au mépris des droits fondamentaux. La réponse d’un laïque ne fait pas de doute. Si désaccord il y a, alors il faut rechercher la cause en amont, par exemple sur le concept de liberté, par exemple sur le concept de communauté nationale ?

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  8. BRAIZE

    Au-delà du soutien apporté à Henri Pena-Ruiz, la Tribune [du 4 oct. « Islamophobie à gauche : halte à l’aveuglement, au déni, à la complicité »] publiée par Libération nécessite que l’on traite la question qu’elle soulève et qui est une question juridique fondamentale : faut-il prévoir une législation spécifique pour l’islam et les musulmans qui ne relèveraient plus de notre législation générale applicable à la protection de tous les croyants mais d’un délit spécifique réprimant tout ce qui pourrait être attrapé par le concept attrape-tout « d’islamophobie » ? Cette question appelle un traitement juridique sérieux, précis et documenté et ne relève pas de l’opinion personnelle de chacun.

    En effet, quand on prend la peine de relire la Tribune en question, que nous sommes nombreux ici dans les commentaires à avoir justement critiquée, on constate que ses signataires demandent que la gauche, dans ses diverses composantes, mène de manière plus forte et unie le combat contre « l’islamophobie » et que, en outre, cette lutte soit facilitée, confortée, épaulée, par l’érection d’un nouveau délit dans notre arsenal pénal répressif.

    Même si la pensée juridique est peu explicitée dans la Tribune (ce qui est dommage en démocratie quand on souhaite la création d’un nouveau délit), il s’agirait pour ses signataires de créer un nouveau délit pour tout ce qui se rattacherait à « l’islamophobie ». Il est clair qu’est ainsi demandée une extension du champ de ce qui est aujourd’hui puni pénalement.

    Il faut en effet aujourd’hui que les conditions du délit raciste, ou de l’injure, ou de la diffamation ou de l’incitation à la haine ou de tout autre délit, soient constituées pour qu’un acte dit « islamophobe » par ceux qui reconnaissent un sens à cette notion, puisse recevoir une qualification pénale. En bref, les musulmans et leur confession sont traités par notre droit pénal comme les autres confessions et ne sont pas pénalement essentialisés.

    D’abord, les textes répressifs actuels s’appliquent TOUJOURS lorsqu’une personne, ou un groupe de personnes, est VICTIME d’un acte prohibé par la loi, en raison de son appartenance réelle ou supposée à une religion. C’est le cas de la discrimination, de l’injure publique ou non publique, de la diffamation publique ou non publique et de la provocation à la discrimination ou la haine.

    Donc, actuellement, tout musulman qui est victime d’une discrimination prohibée, d’une injure, d’une diffamation ou d’une provocation à la discrimination ou la haine en raison de son appartenance à la religion musulmane est protégé par la loi et l’auteur des faits ou propos interdits par la loi peut être poursuivi de ce chef pénalement.

    Il n’y a donc, en premier lieu, aucune nécessité de créer un nouveau délit pénal « d’islamophobie », les textes actuels protègent les pratiquants de toutes les religions de façon suffisante, depuis de nombreuses années. Et les musulmans comme les autres.

    Ensuite, et c’est là le piège tendu par ceux qui veulent la création de ce nouveau délit, ce qu’ils proposent est en fait la création d’un délit d’opinion critique envers une religion, qui s’apparente au délit de blasphème, sans exiger qu’une PERSONNE ou un groupe de personnes soient victimes d’un agissement quelconque (discrimination, injure, provocation à la haine). Donc on quitterait le terrain de l’acte objectif causant un préjudice (qui peut être prouvé ou au contraire dénié lors d’un procès pénal) pour une notion purement subjective où un plaignant musulman demanderait la condamnation de l’auteur de propos parce que subjectivement, il les ressentirait comme « islamophobes » (terme sans définition juridique au demeurant).

    Pourquoi donc changer le droit actuel et étendre l’interdit pénal au-delà de ce qui est déjà qualifiable au titre du racisme, de l’injure ou de la diffamation ou de tout autre délit existant ? Pourquoi au demeurant le faire pour le seul islam et ses fidèles et pas pour les autres confessions ou communautés ? La réponse est claire ce sera pour faire taire les critiques de l’islam puisque toute critique, toute caricature, pourra être jugée offensante, blessante voire blasphématoire par certains qui s’empresseront d’en saisir les tribunaux comme pourraient le faire par exemple des catholiques obtus dès lors que l’on aurait créé le délit idiot de « cathophobie ».

    Ce serait clairement la porte ouverte à un délit d’opinion envers une religion, au demeurant une seule d’entre elles, contraire à toute notre législation anti-raciste ou anti-discriminatoire qui protège les adeptes d’une religion et non la religion elle-même, qui n’a pas lieu d’être protégée par la Loi ou l’Etat en tant que corpus dogmatique et idéologique susceptible par définition au contraire d’être discuté, critiqué et caricaturé.

    Si nous avons en France, par un long combat, soustrait notre liberté de pensée et d’expression critique à l’emprise castratrice de l’église catholique et aboli le délit de blasphème, ce n’est pas pour céder aux désidératas de ceux qui admettraient de soumettre celle-ci à la menace permanente d’un devoir de silence face à l’islam, à ses adeptes ou à ses aficionados.

    Il n’est donc pas question de créer un nouveau délit « d’islamophobie ». Pas un seul instant. Mais ce sera aussi sans le moindre renoncement dans le combat contre le racisme. Mais là, on a déjà tous les outils juridiques comme on vient de le montrer, nul besoin d’en ajouter.

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    1. Serne Pierre

      Ça devient de plus en plus étonnant. Soit on ne parle pas de la même tribune soit on ne comprend pas le français de la même manière mais il va falloir quand même m’expliquer où diable (oups) vous voyez dans notre tribune la moindre demande de création d’un nouveau délit en droit français. Nous le disons et le répétons, l’islamophobie est une des formes du racisme et est donc couverte par les lois qui le répriment. Les tribunaux ont d’ailleurs déjà condamné sur cette base là des propos islamophobes. La loi vous le remarquerez ne parle d’ailleurs pas d’homophobie, de xénophobie, d’antisémitisme. Elle parle de haine, de discrimination,… en raison de la religion, de l’origine nationale ou ethnique, de l’orientation sexuelle,…
      Donc en gros vous nous faites un reproche central fondé sur quelque chose qui n’est pas dans la tribune et que nous ne demandons pas…!

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      1. CHAMPSEIX

        Parlons français en effet, une langue tout de même commune. L’islam n’étant pas une race ou quelque chose de considéré comme tel, comment l’islamophobie pourrait-elle être considérée comme du racisme ? Pour rappel, il y a des musulmans arabes (et il y a bien des différences entre une maghrébin et un sujet du royaume d’Arabie Saoudite), turcs, nigériens, philippins, américains et rien n’empêche un Breton ou un Ecossais de se convertir à cette religion. Par ailleurs, il faudrait que la notion d’islamophobie soit bien claire et ne soit pas une invention montée de toute pièce. Certes, il y a toujours eu des bouffeurs de curés et d’imams mais faut-il les envoyer en prison ? Toute personne qui critique une religion est-elle nécessairement phobique ? Une phobie est une maladie. Si quelqu’un en est victime, il faut donc le soigner et non l’envoyer devant un tribunal. Il convient donc de se tourner vers l’Académie de médecine plutôt que vers le pouvoir politique qui, comme on sait, est plutôt suspect quand il se mêle de médecine. Bien des régimes ont considéré et considèrent leurs opposants comme des malades mentaux bons à enfermer ou à rééduquer.

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      2. Braize

        Vous niez avoir demandé la création d’un délit d’islamophobie dans votre Tribune. Or dans ce texte publié par Libé vous soutenez que « l’islamophobie est un racisme ». Ce sont vos propres mots.

        D’abord, l’inexactitude juridique est de taille. En effet la protection des croyants dans notre droit ne relève pas d’un dispositif pénal à proprement parler anti raciste car être catholique, juif, musulman ou autre, n’est pas une appartenance à une race. La protection pénale des croyants relève de la discrimination envers les pratiquants d’une religion, pas du racisme. Mais passons sur ce « détail » qui montre la précision de la pensée juridique qui structure votre Tribune.

        Ensuite, vous jouez avec vos propres mots pour soutenir que vous ne demandez pas la création d’un nouveau délit « d’islamophobie ». Or, comme vous le savez parfaitement tout ce qui EST UN RACISME aujourd’hui en France est pénalisable, qu’il s’agisse d’actes ou de propos s’en prenant à des personnes à raison de leur race ou supposée race.

        C’est en effet le cœur du réacteur de notre législation anti raciste dont l’incrimination et les peines ont été étendues au fil du temps à la protection d’autres catégories de personnes (discrimination en fonction d’une religion, d’une orientation sexuelle, etc.) mais qui n’en relèvent pas pour autant du racisme. Si les mots ont encore un sens et ne sont pas fondus dans une bouillie informe.

        Or il se trouve, dans ce cadre juridiquement précis, que «l’islamophobie » n’est pas susceptible aujourd’hui d’être poursuivie pénalement en application de notre droit. Au demeurant, personne ne l’a définie et surtout pas le législateur mais on voit qu’à vos yeux elle confond (en un tout effrayant par son totalitarisme intrinsèque) le fait de s’en prendre aux pratiquants d’une religion et celui de s’en prendre à une confession qui serait ainsi sacralisée.

        « L’islamophobie » ne peut dès lors être considérée comme « un racisme », ni même une discrimination. Pénalement, elle n’existe pas. Elle ne pourrait être considérée comme un racisme qu’à la condition d’avoir été érigée en un délit «d’islamophobie» et en outre, au passage ridicule, qu’être musulman soit une race. Ce qui n‘est pas. En conséquence, sauf à ne pas être sérieux intellectuellement, soutenir que « l’islamophobie est un racisme» revient à demander la création d’un nouveau délit ou, pire encore, à faire comme s’il existait déjà. Et le lecteur peu averti est censé avaler cela tout cru…

        Ainsi, on peut penser que vous utilisez volontairement le terme de racisme pour ne pas devoir avouer que le propos est de défendre publiquement la religion musulmane y compris dans ses manifestations prosélytes ou contraires à nos principes républicains. Volontairement ou non, vous tombez dès lors dans la confusion entre protection légale et légitime des pratiquants d’une religion et l’instauration d’une protection légale de la religion elle-même, qui consiste à (re) créer un délit de blasphème rebaptisé « islamophobie ». Ce serait très malin si la ficelle n’était pas trop grosse…

        Pourtant, sauf à admettre que l’on peut raconter n’importe quoi, ce sujet n’est pas une plaisanterie mais une affaite très sérieuse dans laquelle nous jouons nos libertés. La pensée juridique n’est pas faite de «zozoteries» de comptoir ou d’approximations fumeuses de salons où l’on cause. Il y va de la protection des uns et des libertés des autres.

        Ce que nous dénonçons, avec Henri Pena-Ruiz et beaucoup d’autres, ce n’est bien évidemment pas la pratique habituelle de la religion musulmane (prières quotidiennes chez soi ou à la mosquée, jeûne du Ramadan, pèlerinage à La Mecque, abstention de manger du porc, etc.) qui ont toujours été acceptés en France. Ce que nous critiquons, c’est l’offensive des islamistes politiques utilisant les manifestations prosélytes pour renforcer leur influence sur les musulmans par des provocations répétées que n’impose pas d’ailleurs le Coran : voile couvrant le visage entier, voile des fillettes, invention du burkini, revendication par des femmes militantes du port du voile permanent dans les services publics et les universités et même à l’école jusque dans les sorties scolaires, pression sur les commerçants musulmans pour qu’ils ne vendent pas de porc ou d’alcool même à des non-musulmans, etc.. Toutes choses que nous ne voulons pas voir protégées de la critique qu’elles méritent par un nouvel avatar du délit de blasphème.

        Par ailleurs, rappelons aussi qu’il est légal et légitime dans notre République d’interdire certains préceptes religieux tels la polygamie ou de manière générale l’application de la Charia. Pourquoi pas, tant qu’on y est, dans une logique de «tolérance religieuse totale», ne pas en arriver à considérer comme « islamophobes » ceux qui s’élèveraient contre la lapidation des femmes musulmanes adultères ?

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        1. SERNE

          Chacun.e je l’espère pourra relever l’indécence de ce propos au moment où un attentat islamophobe a frappé deux personnes âgées à Bayonne.
          Vous avez participé du climat qui a amené cela. Mais vous continuez à pérorer sans connaître une once du droit public français et de ce que sont les lois pénalisant la provocation à la discrimination, la haine ou la violence. Vous ne connaissez rien mais vous assénez votre vérité révélée sans documenter ou sourcer quoi que ce soit. Ne vous en déplaise OUI L’ISLAMOPHOBIE EST UN DÉLIT PUNI EN FRANCE CAR CONSIDÉRÉ COMME DU RACISME (terme générique utilisé par exemple dans les lois Pleven et Gayssot). Vous le niez, renseignez vous, lisez.
          Votre haine suinte de partout. Vous devez être heureux, il y a enfin du sang. Vous êtes la hone de la République et les pires ennemis de la laïcité. Vous êtes pire que le RN ou Zemmour car vous vous drapez dans des concepts et des valeurs que vous trahissez à chaque instant.
          Je ne répondrai plus à un message sur ce site qui mérite un signalement pénal.
          Si ce message n’est pas validé, il sera transmis où il le faut avec l’ensemble des propos tenus plus haut.

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          1. Mezetulle

            Pour avoir critiqué l’islam politique et le port du voile chariatique, Mezetulle pourrait donc être incriminé de « racisme » anti-musulman et d’incitation à la haine ayant « conduit » à une tentative de meurtre.
            Pour avoir critiqué le catholicisme (notamment lors du débat sur le mariage), Mezetulle pourrait donc être incriminé de « racisme » envers les catholiques et d’incitation à la haine ayant « conduit », entre autres actes criminels, à l’assassinat d’un prêtre à Saint-Etienne du Rouvray.
            Pour avoir critiqué le rabbin Bernheim, Mezetulle pourrait donc être incriminé de racisme antisémite et d’incitation à la haine ayant « conduit », entre autres actes criminels, à l’assassinat d’enfants juifs à Toulouse.
            Cela, effectivement, devrait « mériter un signalement pénal » pour l’ensemble du site, auquel il faut ajouter le site d’archives mezetulle.net, où on trouve ce genre d’horreurs.

            Mezetulle défendra toujours la liberté de pratiquer et d’afficher un culte, de soutenir publiquement une opinion, une doctrine, dans l’espace public ordinaire et dans le cadre du droit commun. La critique d’un culte, de son affichage, d’une opinion, d’une doctrine, dans les mêmes conditions, relève de la même liberté. Cette liberté n’est effective que si elle fonctionne dans les deux sens. L’usage de la notion d’islamophobie n’a pas d’autre fonction ici que d’en entraver l’exercice.

          2. Braize

            Tout en restant sidéré par la violence des mots de M. Serne qui ne se refuse aucun mot pour exprimer son agressivité, je ne peux que rejoindre ce que dit Mezetulle et qui est si évident.
            Faut-il que nous ayons touché juste sur les confusions ou manipulations qui courent les rues pour qu’il s’emporte de la sorte.
            M. Serne n’a raison que sur un seul point, la discussion est impossible dans de telles conditions d’anathèmes et d’injures dont il faut tirer la conséquence : aucun dialogue, ou débat, ne peut se poursuivre.

          3. jeanne favret-saada

            J’admire la réponse intelligente et digne de Catherine Kintzler, car j’aurais été incapable d’un tel sang-froid. Et je propose que nous suivions le conseil de Braize : assez d’échanges avec l’insupportable M. Serne.

          4. Jacques Variengien

            Bonjour,
            Quel dommage qu’il ait été impossible d’explorer nos divergences. L’échange épistolaire en place publique me semble un moyen inadapté aux sujets à fort enjeu symbolique.
            Dire que Mezetulle est un site qui suinte la haine de l’autre ne mérite pas de réponse vraiment, mais un accusé réception de la souffrance que j’accepte pour ma part comme un témoignage.
            Il me semble que nous avions à parler 1 de cette souffrance, pour respectable qu’elle soit, est-elle pour autant un argument recevable dans le champ politique et juridique ? Je pense que non. Et 2 parler de ce qui sature et dénature le débat sans avoir été nommé correctement : la suspicion. La suspicion (ici de la haine de l’autre) se mêle à une injonction (ici d’aimer l’autre), et toute injonction conduit à réaction violente – une condamnation – mais « innocente » car secondaire (R.Girard). La dynamique persécuté/persécuteur, et réciproquement, est une spirale mortifère et il est difficile de s’en dégager.
            Q 1 Suspicion et injonction sont-elles des thèmes philosophiques ? Si oui que pourrions-nous lire ?
            Q 2 La tribune des 90 valait condamnation, au moins symbolique. Ne faudrait-il pas parler d’une manière générale des effets délétères de ce procédé (qui se multiplie) ? Je pense qu’il y a urgence.
            Q 3 La « laïcité » par principe ne condamne pas à l’exclusion de la communauté au contraire des religions (monothéistes sûrement, les autres je ne sais pas). Est-ce ce thème de la religion qui nous fait glisser progressivement sur le registre des condamnations ? Je pense que oui sans que cela lui soit exclusif.
            Q 4 Les condamnations au nom de l’injonction d’amour sont-elles la sécularisation des excommunications religieuses au nom de l’amour (mono)divin ? Je crois savoir qu’il y avait, dans les sociétés et entre les sociétés, plus de tolérance pour toutes les croyances au temps du polythéisme.

  9. CHAMPSEIX

    Deux choses me frappent en particulier en cette affaire : son injustice et l’ignorance qui en est la cause. Il y a injustice car il suffit de connaître ne serait-ce qu’un peu M. Pena-Ruiz pour savoir que c’est quelqu’un qui est toujours soucieux de ne pas déformer la pensée d’autrui. De plus, il n’hésite jamais à remettre en cause ses propres analyses quand de vrais arguments lui sont opposés. Certes, je ne le connais que très peu mais je me souviens de quelques « khôlles » avec lui : il était toujours attentif et respectueux même lorsque l’on disait d’énormes bêtises. Sur ce point, je ne l’ai pas épargné… On rétorquera que l’on n’est pas censé connaître quelqu’un qui s’exprime publiquement. C’est très juste, mais l’attaquer comme un ennemi, n’y voir que le symptôme d’un parti pris et d’un camp exécrables, c’est montrer que l’on est soi-même ignorant de la nature d’un véritable dialogue intellectuel, que l’on n’en a même pas l’idée. Une telle ignorance se condamne d’elle-même et, en tout cas, n’a pas à se proposer comme modèle de la vie sociale, aussi publique se prétend-elle être elle-même.

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  10. Tarnacois sans caténaire

    J’ ai bien lu aussi et en gras « L’islamophobie est un racisme » dans l’article de Libé ; Est-ce inscrit tel quel dans le code pénal, est ce une loi, une jurisprudence ?Est ce que les autres phobies liées aux religions ont le droit au même privilège ?Christiano, judéo athéo et j’en passe. ( Quant au dernier préfixe évoqué , étant donné la nature péjorative qu’a pris le titre de mécréant , j’en connais qui ont du soucis à se faire si la loi continue un parcours équitable)
    Je pense comme Henri Péna –Ruiz que la critique des les religions est un droit . Personne n’est obligé de dire amen au prosélytisme ou à tel ou tel rituel ou pratique. L’an dernier a été votée , après une trop longue attente, une loi ne faisant plus de l’animal domestique un bien mobilier mais un être sensible. Le judaïsme et l’islam font agoniser vingt minutes les animaux que leurs adeptes doivent consommer. Bien que ça ne constitue pas l’essentiel du culte, à mon sens cela justifie amplement le droit d’une défiance à l’encontre de ces deux religions . Et quand je dis droit, nous serions plutôt à la limite du devoir puisqu’ elles bafouent , au moins dans son esprit , une loi de la République
    J’ai lu dans ce blog, outre l’appel récurrent au délit d’aspersion oléagineuse qui fait oublier la nature du pyromane, le non moins sempiternel couplet du « c’est pas le moment ! ». Mais ce ne sera jamais le moment ! S’il faut attendre que le racisme disparaisse et que toute la misère du monde soit éradiquée pour émettre un soupçon d’athéisme ou d’anticléricalisme, autant se convertir tout de suite ! Et pour revenir au sujet que j’évoquais juste avant ; toutes les écoles juives pourraient être mitraillées et toutes les mosquées de France et de Navarre pourraient brûler, ça ne changerait en rien le fait que des animaux sont quotidiennement suppliciés au nom d’un rite abscons
    Qui plus est, le sort contemporain des musulmans de France est comparé à celui des coptes aujourd’hui ou des juifs sous l’Allemagne nazie ; Outre que l’analogie est plutôt oiseuse dans le premier cas et flirte avec l’indécence dans les second ;il existe plusieurs différences , dont une fondamentale avec les affaires qui nous préoccupent présentement.
    Lorsque l’on s’oppose à l’Islamisme ou même à l’islam dans ses débordements prosélytes, on défend dans certains cas la laïcité mais on lutte aussi contre une extrême-droite religieuse, un expansionnisme politique et territorial. Je ne pense pas que l’immense majorité des coptes actuellement ostracisés , le sont parce qu’ils veulent faire de l’orthodoxie une religion d’état : ils ont seulement le souci de sortir la tête de l’eau ; Je ne pense pas que les arméniens il ya cent ans voulaient faire main basse sur l’Asie mineure. Je ne pense pas que les juifs au siècle dernier voulaient se rendre maître de l’Allemagne de l’Europe et pourquoi pas du monde. Sauf à prêter foi à l’épistolaire tsariste, mais je crains déjà en ironisant sur la question d’être taxé de protocole des sages de sionophobie .
    Par contre l’ islam est passé d’une poignée de cavaliers à plus d’un milliard d’adeptes en l’espace de treize siècles et ce n’est pas du seulement à une inflation démographique. Il perdure encore de nos jours un impérialisme musulman ( en compagnie de bien d’autres hélas)
    Et alors qu’il est fait injonction, à la France de reconnaître les méfaits de son passé colonial( ce à quoi je souscris des deux mains, pour le repentir on verra : à la bataille de la smala je n’y étais pas), le seul fait d’éditer les trois lignes précédentes va être qualifié de raciste dans le milieu des idiots utiles de l’expansionnisme mahométan.
    Pour preuve je vous conseille la lecture du « Mythe Charles Martel », ou l’art de noyer le poisson, où l’on apprend une thèse à laquelle il sera bientôt impossible de déroger: la bataille de Poitiers n’ a été qu’une répression barbare de ce qui n’était qu’une anecdotique razzia ( Et par révision géographique nous en déduirons qu’Aliénor est née dans la banlieue de Médine)
    Si vous pensez que j’exagère rappelez vous du sort de Sylvain Gougenheim, pratiquement interdit de séjour dans je ne sais plus quelle université après la publication de « Aristote au mont Saint-Michel ». Livre dans lequel il émet l’hérétique théorie que le Moyen Age occidental avait une pensée propre en dehors de l’apport arabo-musulman; Thèse n’apportant pas au demeurant une quelconque révélation tant elle n’est le reflet d’un minimum de bon sens.
    Ces deux exemples pour bien vous faire comprendre qu’il sera définitivement admis, si ce n’est déjà fait, que dieu dans son infinie sagesse a mis la bienveillance et le pacifisme à l’orient et l’impérialisme et l’intolérance à l’occident mais plus sérieusement dans quel piège nous tomberions si nous ne réagissons pas à l’enfumage d’une islamophobie qui viendrait régenter de plus en plus de domaines de pensée.
    Pourtant, il ne me paraît pas insurmontable de séparer ce qui est racisme de ce qui ne l’est pas. Le racisme est le fait de reprocher a quiconque ce dont il ne peut se défaire: couleur de la peau, origine sociale religieuse ou ethnique( personne n’est responsable du monument dans lequel il a été baptisé ou l’ont été ses parents), sexe, orientation sexuelle , taille, la liste n’est pas exhaustive. Critiquer un texte révélé, une conviction religieuse ne fait pas partie du lot. Dire que l’islam est incompatible avec la République est un droit légitime ; dire que les musulmans le sont est du racisme. Demander à une personne d’ôter un signe religieux dans une assemblée laïque et publique est tout à fait légal, même si l’auteur a des motivations douteuses. Expulser cette même personne sans autre forme de procès est du racisme car cela sous entend que ce signe est inséparable de lui comme la couleur de sa peau. ( Et ne venez pas me réciter la mémoire du chanoine Kir: la lâcheté des députés de la quatrième ne fait pas jurisprudence).
    Mais ses considérations ne sont le fruit que du cerveau à fonctionnement binaire d’un mathématicien qui n’a pas la subtilité des juristes , philosophes ou historiens.
    Mal nommer les choses est ajouter au malheur du monde. Albert Camus dixit je crois, mais pertinent je suis sûr. Il n’existe pas de mot simple pour exprimer le racisme antimusulman et nous sommes obligés de promener cet encombrant diptyque chaque fois que le cas se présente. Il existe antisémitisme pour exprimer la haine du juif , différent de judéophobie la défiance du judaïsme. Pourquoi ne pas abandonner islamophobie à ce qui semble devenir sa vocation et remplacer par exemple par islamoclastie: littéralement qui veut détruire l’islam
    Ça a l’avantage de décrire un engagement volontaire et non plus le syndrome d’une maladie mentale et nous éviterait un futur muslim bashing certes plus efficace mais ajoutant encore à notre paresse et notre auto- dénigrement linguistique

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    1. BRAIZE

      Je réponds bien volontiers au questionnement qui ouvre votre commentaire
      Votre interrogation initiale est relative à la question de savoir si « l’islamophobie » selon vos propres mots « est-ce inscrit tel quel dans le code pénal, est ce une loi, une jurisprudence ? » La réponse est clairement NON.
      Vous pouvez faire une recherche dans tout notre droit pénal sur la base de données LEGIFRANCE on n’y trouve pas le mot « islamophobie », ni le mot « islamophobe », pas plus qu’on y trouve d’ailleurs le mot « antisémitisme », ou le mot « antisémite ».
      Quant à votre seconde question, je vous cite encore :  » Est ce que les autres phobies liées aux religions ont le droit au même privilège ? », elle n’a donc pas de sens puisque ce privilège n’existe pas pour la confession musulmane.
      Comme cela a déjà été abondamment souligné dans de précédents commentaires, tous les croyants (et non pas leur confession) sont protégés des actes et/ou propos commis ou proférés contre eux dès lors que ces actes ou propos entrent dans le champ de notre législation anti discrimination en raison d’une religion.
      C’est tout et c’est déjà très bien.

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    2. Mezetulle

      Bonsoir,
      Merci pour votre commentaire.
      Je pense que vous trouverez des réponses à vos questions initiales dans l’article « Islamophobie : un racisme ? » de François Braize avec la collaboration de B.B. magistrat, que j’ai mis en ligne aujourd’hui.

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