Durant sa matinale du 4 mai, Europe 1 fait état de deux informations intéressantes pour la mise en œuvre d’un éventuel « déconfinement ». L’une est relative à la contagiosité des enfants, laquelle serait moindre que celle des adultes, l’autre à l’intérêt des tests sérologiques (sur les anticorps), tests qui seraient en grande partie « inutiles » du point de vue du déconfinement car on ne pourrait en tirer d’enseignement sur l’immunité.
La conclusion pratique est exprimée avec insistance1 sur le premier point : non ce n’est pas dangereux d’envoyer les enfants à l’école dès le 11 mai ! Quant au second point, plus technique, il ne fait pas l’objet d’un commentaire aussi explicite, mais on a tout de même très vite compris : si les tests sérologiques ne sont pas si intéressants que ça, pourquoi les proposer massivement et surtout les rembourser ? On a l’impression de revoir le film « ça ne sert à rien »….
Les deux informations ne sont pas fausses, bien sûr. Mais elles sont partielles. Et comme n’importe quel internaute a les moyens au même moment de les compléter par deux autres déjà diffusées, tout aussi intéressantes et pas moins fiables mais qui ne vont pas dans le même sens, on peut se demander si cette incomplétude relève de la négligence ou de ce qu’on pourrait appeler une forme d’engagement.
1° Une étude menée par une équipe dirigée par un virologue allemand réputé met en question la thèse de la faible contagiosité des enfants. Elle est récente, les médias qui en ont fait état ne sont pas spécialement connus pour leur légèreté ni pour leur confidentialité. On consultera notamment cet article sur le site de la RTBF https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/detail_coronavirus-chez-les-enfants-les-enfants-aussi-contagieux-que-les-adultes-selon-une-etude?id=10492701 et un article très explicite daté du 30 avril sur le site du Huffpost https://www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-cette-etude-relance-le-debat-sur-enfants-et-lecole_fr_5eaa93edc5b6f56615fc60cd
Certes, cette étude avance une hypothèse qui peut être infirmée du jour au lendemain, et non pas une certitude qui balaierait toutes les autres thèses, et on peut penser que l’équipe au travail respecte le protocole expérimental en s’employant à la falsifier. Mais la thèse « officielle » qui circule jouit-elle en ce matin du 4 mai d’une validation scientifique plus grande ?
2° S’agissant des tests sérologiques, il en existe de plusieurs types. On sait depuis au moins une semaine que l’Institut Pasteur travaille et avance, entre autres, sur un test de séro-neutralisation capable de détecter « si une personne possède des anticorps capables de limiter la multiplication du virus et donc susceptibles de contribuer à la protection contre une nouvelle infection ». Voir le communiqué de presse de l’Institut Pasteur du 23 avril https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/developpement-evaluation-quatre-tests-serologiques-detection-anticorps-anti-sars-cov-2-deux-tests
Voilà un test qui, une fois mis au point et mis à l’épreuve, pourrait être très « utile »?
1 – Article mis en avant sur le site d’Europe 1 ce 4 mai : https://www.europe1.fr/sante/coronavirus-est-il-dangereux-de-remettre-ses-enfants-a-lecole-3966147