Le premier anniversaire du pogrom du 7 octobre 2023 fait apparaître, à travers un Président apeuré et une gauche bienpensante prompte à s’incliner devant l’agenda communautariste de LFI, une France discréditée, intimidée par les menées terroristes génocidaires qui visent aujourd’hui la desctruction d’Israël et qui sont une menace pour tous les États démocratiques.
7 octobre 2023 : un massacre à visée génocidaire, avec toutes les atrocités qu’on sait, est perpétré par l’incursion violente d’une organisation terroriste sur le sol israélien1.
12 novembre 2023 : les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale appellent à une marche Pour la République et contre l’antisémitisme. Mais le Président de la République ne fait aucun geste pour saluer ce rassemblement. Dans sa déclaration de Berne, trois jours après2, tentant de justifier cette abstention remarquée, il invite à bien distinguer les différentes formes d’antisémitisme. La France Insoumise reçoit le message et s’empresse d’applaudir par la voix de Mathilde Panot3. Traduction : c’est bien de lutter contre l’antisémitisme, mais il y a des formes d’antisémitisme qu’il vaut mieux ne pas trop dénoncer ; de peur de « mettre les musulmans au pilori » il est préférable et plus confortable, en matière d’antisémitisme, de regarder du côté du Rassemblement national et de son fameux « ADN »4.
Un an après, à la veille de l’anniversaire du pogrom du 7 octobre, le Président de la République parachève prudence et vigilance en déclarant qu’il convient de cesser de livrer des armes à Israël – dont la France, bien entendu, reste un soutien indéfectible5. C’est à la fois ridicule (lesdites armes sont quantité négligeable), honteux et méprisable.
On peut comprendre que LFI se répande en clientélisme tapageur auprès d’un prolétariat de substitution inventé par les cols blancs de Terra Nova. On peut comprendre aussi que ce parti recherche l’intensification du désordre politique. Et jusqu’à présent l’ignominie a fonctionné : la gauche Terra-Nova ne s’est-elle pas muée en gauche Médine en s’alliant à LFI pour appeler au Nouveau Front populaire?6 Les élections législatives de juillet ont été l’occasion de déclarations vraiment héroïques : il y allait de la République qui, annonçait-on pompeusement, « le soir du 7 juillet » saurait « reconnaître les siens »7. On voit aujourd’hui l’effet de ce glorieux rempart : ce n’est pas tant le RN qui dicte la politique française aujourd’hui que l’agenda communautariste de la France insoumise, à grands renforts d’intimidation et d’inversion victimaire. Cette politique trahit et discrédite la France.
N’oublions pas l’effet moral. Il est vrai que, maintenant que cette gauche bienpensante a réussi cet été à sauver quelques strapontins, elle peut verser des larmes de crocodile et se répandre aujourd’hui en tweets commémorant le pogrom du 7 octobre 2023. L’ouvrier de la onzième heure n’oublie pas de convertir en vertu son honteux investissement.
Mais par quel intérêt, par quel lamentable calcul expliquer une telle veulerie de la part du Président de la République, qui ne peut plus se représenter, et qui est même lâché par bien des siens ? Certains feront remarquer que sa vertueuse déclaration a été faite dans un cadre international, dans un sommet de la francophonie : il y a peut-être une piste de ce côté, mais c’est encore prêter beaucoup de rationalité à un Président qui ne cesse, en discréditant sa personne, de discréditer la France.
Pendant ce temps, le nombre d’actes antisémites en France a considérablement augmenté8.
Notes
1 – Voir le Bloc-notes du 9 novembre 2023 https://www.mezetulle.fr/pour-la-republique-et-contre-lantisemitisme-marchons-le-12-novembre-on-y-va/
Sur les visées des attaques terroristes perpétrées par l’islam politique et leur finalité génocidaire et destructrice, voir la charte du Hamas citée dans cet article https://www.mezetulle.fr/hamas-terrorisme-au-service-dune-visee-planetaire/
3 – https://www.bfmtv.com/politique/la-france-insoumise/mathilde-panot-salue-la-parole-de-raison-d-emmanuel-macron-sur-l-islamophobie_AN-202311170424.html
4 – Voir Samuël Tomei « Sus à l’extrême (droite) » https://www.mezetulle.fr/sus-a-lextreme-droite/
5 – Sommet de la Francophonie, 5 octobre 2024 https://www.youtube.com/watch?v=ps-Oq6cIbPw Voir l’itv sur France Inter https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-info-de-france-inter/l-info-de-france-inter-4472636
6 – Voir Guy Konopnicki « La gauche s’unit contre tout ce qui la constituait » https://www.mezetulle.fr/la-gauche-sunit-contre-tout-ce-qui-la-constituait-par-guy-konopnicki/ ; Philippe Foussier « La gauche, meilleure alliée de l’extrême droite » https://www.mezetulle.fr/la-gauche-meilleure-alliee-de-lextreme-droite/ ; Catherine Kintzler « Un grand chantier républicain sur un champ de ruines » https://www.mezetulle.fr/un-grand-chantier-republicain-sur-un-champ-de-ruines/
7 – « Le 7 juillet au soir, notre République laïque, démocratique et sociale reconnaîtra les siens » : c’est la conclusion du Communiqué du Comité Laïcité République du 3 juillet 2023 https://www.laicite-republique.org/le-comite-laicite-republique-appelle-tous-les-citoyens-a-s-opposer-aux.html . A la lecture d’une telle péroraison qui serait menaçante si elle n’était pas ridicule, j’ai peine à dire que je suis membre fondateur de ce Comité dont je continue, malgré ce faux pas, à soutenir l’irréprochable action laïque.
Bonjour,
Comment échapper à la confusion et à la récupération ? Réagissant à l’intervention du Président Macron qui a préconisé devant le CRIF en 2017 une définition de l’antisémitisme étendu à l’antisionisme, Pascal Boniface, directeur fondateur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) a estimé « Assimiler antisionisme et antisémitisme permettra d’entraver les critiques à l’égard du gouvernement israélien mais risque d’être contre-productif dans la lutte contre l’antisémitisme » (1)
Je crains que l’on use aujourd’hui du mot antisémitisme à tort et à travers pour empêcher la critique d’ Israël selon le même procédé qu’utilise le procès en « islamophobie » de ceux qui veulent discréditer la critique de l’Islam en l’accusant d’être raciste et que vous dénoncez si bien dans votre blog.
La France a besoin d’une bonne psychanalyse : une certaine droite qui brandit l’antisémitisme pour faire oublier que la France l’a été. Une certaine gauche qui n’ose pas attaquer l’antisémitisme pour se dédouaner, le cœur sur la main, du passé colonial de la France.
Certaines voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer l’antisémitisme, que ne les ai-je entendues auparavant pour dire l’existence des Palestiniens ? Celle de BHL parlant de « bave aux lèvres » en désignant D. De Villepin m’évoque les affiches antisémites des années 30 ! (2)
Pas un mot du blocus de Gaza depuis des années. Pas un mot de la colonisation ouverte ou rampante de la Cisjordanie. Il est tragique que le sort des Gazaouis ressorte de ce silence assourdissant à l’occasion des attentats islamistes du Hamas dont la charte montre qu’il se fout bien du sort des palestiniens.
L’histoire n’a pas commencé le 7 octobre 2023.
Israël Etat démocratique ? Certes. Pour autant la loi fondamentale adoptée par la Knesset le 19 juillet 2018 interroge la conception que cet Etat a de la citoyenneté : « Regardez la société israélienne et demandez-vous : au nom de la vision sioniste, sommes-nous prêts à soutenir la discrimination et l’exclusion d’hommes et de femmes sur la base de leur origine ethnique ? » a déclaré Reuven Rivlin président de l’État d’Israël de 2014 à 2021. (3)
Témoignage écouté ce matin à la radio d’un couple Israélien mixte disant « si tu parles de paix, des palestiniens , tu es accusé d’être contre Israël et pour le Hamas, alors on se tait ». Terrifiant.
Des parents juifs se voient contraints de changer leurs enfants d’école en France en 2024. Insupportable.
Concernant la position du LCR , le dernier front républicain est en effet une fumisterie construit sur une alliance ….antirépublicaine avec LFI.
( 1) https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/diner-du-crif/on-vous-explique-la-future-definition-de-lantisemitisme-elargie-a-l-antisionisme-que-la-france-veut-adopter_3200607.html
(2) https://video.lefigaro.fr/figaro/video/bernard-henri-levy-accuse-dominique-de-villepin-de-hair-les-juifs/
( 3) https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/07/19/israel-etat-nation-juif-les-dessous-d-une-loi-controversee_5333745_3218.html
Cher commentateur
Il se trouve que la question du rapport entre antisionisme et antisémitisme a largement été abordée sur ce site bien avant le 7 octobre 2023, avec la recension par Yana Grinshpun du livre de Liliane Messika Lettre ouverte aux antisionistes de droite de gauche et des autres galaxies. Je vous invite donc non seulement à lire cet article mais aussi à lire la discussion très nourrie qui le suit dans les nombreux commentaires, où la question est débattue… et bien sûr à lire le livre. Je recommande également, dans l’abondante littérature sur le sujet, le petit Que sais-je? de Georges Bensoussan Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950) Puf.
Voir aussi sur ce site l’article plus récent de Marc Lefèvre « Israël : la compassion perdue »
Juste une remarque sur un point : la comparaison que vous évoquez entre la fonction du terme « islamophobie » et celle du terme « antisémitisme » me semble contenir une erreur. Ce qui est appelé « islamophobie » tue non pas les musulmans (il faudrait alors appeler « islamophobes » les très nombreux attentats et actes de guerre perpétrés par des musulmans contre d’autres musulmans), mais tue ceux qui en sont accusés ; il n’en va pas du tout de même pour l’antisémitisme.
Il me semble également pertinent d’ajouter que l’existence même de l’Etat d’Israël ne se confond pas avec la politique de B. Netanyahou (de très nombreux citoyens israélient critiquent très sévèrement et publiquement cette politique) : défendre celle-là n’est pas nécessairement soutenir celle-ci.
La violence extrême de ces crimes atroces contre des civils , du 7 octobre 23… ne peut-elle être qualifiée différemment ?
« Crimes de guerre » (car Israël est en guerre contre les palestiniens depuis toujours, depuis 1948, et vice-versa)? Pogrom, puis génocide écrivez-vous… Comment alors qualifier l’enfermement de Gaza et les actuels bombardement sur des civils, et les occupations violentes systématiques et volontairement meurtrières à Gaza , en Cisjordanie, à l’aulne de votre choix de mots ?
Pour mémoire, on pourrait multiplier les citations passées ou récentes d’Israéliens connus , présentant leurs adversaires comme des sous-hommes (déjà entendu en Europe…. N’est ce pas?)
Pour mémoire
«Ne nous racontons pas d’histoire… Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent… C’est leur pays, parce qu’ils y habitent, alors que nous voulons venir ici et coloniser, et de leur point de vue, nous voulons nous emparer de leur pays.» Discours de David Ben Gourion en 1938, cité dans Simha Flapan, «Zionism and the Palestinians», 1979
L’article porte sur le 7 octobre et presque exclusivement sur ses appréciations « diverses » en France et sur la montée de l’antisémitisme. Le projet du Hamas est clairement affiché dans sa charte voir https://www.mezetulle.fr/hamas-terrorisme-au-service-dune-visee-planetaire/
Ce que j’écris ne cautionne nullement la politique d’occupation militaire de Netanyahou, et une grande partie des Israéliens eux-mêmes fait savoir publiquement (car il s’agit d’un pays démocratique où le débat se tient au vu et au su de tous) qu’elle n’y souscrit pas.
Je me permets également de vous signaler l’article de Marc Lefèvre https://www.mezetulle.fr/israel-la-compassion-perdue-par-marc-lefevre/
Merci de votre réponse.
Qui votre article appelle maintes remarques et questions.
Avant tout,
En voici deux , pour l’heure :
1) avez-vous vu le film israélien ‘Gatekeepers’
https://youtu.be/V-cpMGGsW7w?si=J3uKEs_JW1o3efYG
2) avez-vous lu cet article de The INTERCEPT, dont je met le lien si souhaité vers la traduction française ?
https//theintercept.com
Article de Sam Biddle
Je vous souhaite bonne lecture
ThM
Je rappelle, pour la 2e fois, que l’article portait sur l’attitude de la France à travers les postures du président de la République.
Je n’ai jamais confondu le soutien à l’existence même de l’Etat d’Israël avec la politique de B. Netanyahou : voir les réponses précédentes.
Et je me permets une nouvelle fois de renvoyer au livre de G. Bensoussan Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950) Puf.
Bonjour
En écho à votre échange avec à Th. Mercier où vous dites que l’article porte sur le 7 octobre et presque exclusivement sur ses appréciations « diverses » en France, j’ai lu dans le Nouvel Observateur « un débat impossible » entre Didier Fassin et Eva Illouz portant sur Israël et Gaza. Au sujet du mot « pogrom » : « d’un côté on parle de pogrom […] de l’autre on parle de résistance…] Mais s’il s’agit d’un progrom, il n’y a pas d’histoire, les Israéliens en sont de pures victimes , la politique de leur Etat n’est pas en cause » ( D. Fassin). « Je ne peux pas éliminer d’emblée le mot pogrom parce que la charte du Hamas est génocidaire et antisémite ».( E.Illouz)
Sur la montée de l’antisémitisme et plus particulièrement ma crainte que l’on use aujourd’hui de ce mot à tort et à travers, je me permet de renvoyer à Eyal Sivan « Comment Israël utilise la mémoire juive pour justifier le génocides des Palestiniens » (1)
***
Léo Ferré chantait en 1956 : « N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la Morale, c’est que c’est toujours la Morale des autres. » (Extrait de l’album « Il n’y a plus rien »)
Ma conclusion est que les deux parties, Hamas et Israël, confisquent la cause palestinienne à leur seul profit exterminationniste.
(1) Eyal Sivan : Comment Israël utilise la mémoire juive pour justifier le génocide des Palestiniens
Bonsoir,
Juste quelques remarques :
– Il s’agit bien d’un pogrom, et je ne vois pas en quoi cette qualification exonérerait la politique de Netanyahou de toute critique… Israël est un Etat démocratique et nombre de citoyens israéliens expriment leur désaccord avec cette politique. Ce qui se passe à Gaza est épouvantable, mais cela relève-t-il d’un génocide ?
– Il est vrai que la charte du Hamas est expressément génocidaire et antisémite : j’ai publié un petit article sur les deux versions de cette charte. En irait-il de même des textes constitutifs de l’Etat d’Israël, et du droit qui y est en vigueur : sont-ils « exterminationnistes » ? Qu’il y ait des têtes brûlées en Israël, des guerriers insatiables, personne ne le contestera. Mais on ne peut pas mettre sur le même plan et renvoyer dos à dos, comme vous le faites, une organisation terroriste – qui n’est pas un Etat, qui s’inscrit dans un long refus historique de création d’un Etat, qui souscrit à une charte génocidaire, qui insrumentalise des civils pour en faire des « boucliers », et un Etat dont les textes constitutifs sont démocratiques et où les citoyens ont tous les mêmes droits, y compris celui de manifester leur opposition.
– La réduction à l’antisémitisme de toute critique de la politique de Netanyahou a la même fonction que la réduction à l' »islamophobie » de toute critique de l’islam (à cette différence près que l’islamophobie, en toute rigueur, n’est nullement un délit, mais il se trouve que le mot est utilisé frauduleusement pour signifier « haine des musulmans » et je reprends dans la comparaison que je viens de faire cette utilisation frauduleuse très ordinaire). En revanche, s’opposer à l’existence même de l’Etat d’Israël est une forme d’antisémitisme. Vous citez Léo Ferré, pemettez-moi de citer Vladimir Jankélévitch
« L’antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission – et même le droit, et même le devoir – d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. »
Vladimir Jankélévitch, cité par Léon Poliakov, dans Histoire de l’Antisémitisme 1945-1993, p.405, Ed. du Seuil, 1994.
Merci pour votre retour
« Renvoyer dos à dos » dites -vous….
Je suis gêné par l’équation antisionisme = antisémitisme ( que l’on trouve dans la recension par Yana Grinshpun du livre de Liliane Messika précitée) car pour moi » la critique du sionisme n’est pas une contestation de l’existence de l’Etat d’Israël, comme l’affirme ceux qui cherchent à la réduire au silence, mais une critique de la forme conquérante qu’il a prise ». (propos de Didier Fassin en débat avec Eva Elllouz dans le nouvel observateur n°3132 du 03/10/2024 , » Israël et gaza, le débat impossible « )
Je suis gêné par l’équation » free Palestine = apologie du terrorisme » car elle est réductrice et cherche à réduire au silence les palestiniens , mais je me méfie tout autant de l’idolâtrie du » free palestine » qui m’ évoque le portrait du CHE punaisée ingénument dans les chambres adolescentes des années 70…
Je terminerai avec les propos que Leïla Slimani , confrontée à la question de l’identité, a tenu au sujet du métissage lors de l’émission « le grand entretien du 7/9 » sur France inter le 2 mars 2020 à l’occasion de la parution de son livre « Le pays des autres » :
« Je crois qu’il y a deux façons de voir le métissage, qui ont l’air de s’opposer mais qui disent la même chose. Il y a ceux qui voient dans le métissage quelque chose de positif, une vision candide, guillerette : les métis sont toujours beaux, ils ont plus que les autres. Et puis il y a une vision inquiète du métissage, le métis, l’être double, c’est celui qui va amener avec lui la dissolution des caractères nationaux. C’est finalement un peu le grand remplacement, avec le métis il y a toutes nos identités pures qui vont disparaître. Finalement les deux se répondent car les deux portent une forme de jugement de valeur sur le métissage. Or le métissage n’est ni bien ni mal, c’est exactement comme être blanc ou noir. Être blanc ou noir ce n’est ni bien ni mal. C’est un fait, ce n’est pas une valeur.[…] »
« Les deux se répondent » dit-elle, dos à dos donc…
Elle termine par cette admirable recommandation :
« Or la solution est peut- être du côté des métis qui sont capables de comprendre les deux aspects d’un problème, on devrait tous intellectuellement être des métis, on devrait tous être capable de se mettre des deux côtés du problème et d’être à la fois noir et blanc. »
Cordialement
Bonjour,
Ne pas mettre dos à dos une organisation terroriste et un Etat dites-vous. Evidemment !
Attention toutefois à ne pas masquer la réalité d’un conflit territorial entre deux peuples dont un a un Etat et l’autre pas, contrairement au plan de partage et au droit international que les bonnes âmes invoquent au sujet de l’Ukraine et oublient au sujet des palestiniens. Ne trouvez-vous pas que le traitement médiatique » guerre Israël Hamas » efface géographiquement et politiquement le sort des palestiniens des territoires occupés ?
» L’horreur du 7 octobre 2013 a brisé l’invisibilisation du problème palestinien » (1). Dire le contexte du 7 octobre n’est pas le justifier.
Affirmer comme vous le faites qu’Israël est un » Etat dont les textes constitutifs sont démocratiques et où les citoyens ont tous les mêmes droits, y compris celui de manifester son opposition » n’épuise pas le sujet du caractère atypique des institutions israéliennes : la loi fondamentale de juillet 2018 stipule que » l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est spécifique au peuple juif. » Quid des arabes israéliens?
Une démocratie ethnique est-elle vraiment démocratique ? Pour tenter de répondre je relisais votre définition de l’association politique qui, me semble t-il, donne une méthodologie distanciée pour une appréciation sans a priori : » L’association politique commence avec sa propre pensée, elle construit un lien inouï qu’elle emprunte à rien d’autre qu’à elle-même .[…] Aucune croyance à un lien préalable n’est nécessaire : le lien politique n’est pas formé par une croyance, mais par un consentement raisonné » .
Je ne suis pas arrivé à me convaincre qu’Israël répond à l’exigence de cette définition car s’il y a une citoyenneté israélienne il existe dans ce pays plusieurs nationalités. » Le terme » nationalité » doit s’entendre ici dans son acception prédominante en Europe de l’Est depuis le XIXe siècle, où elle n’est pas liée à la citoyenneté, mais se réfère au groupe ethnique originel. » (2). Pour S.Cypel » c’est ce type de nationalisme qui , cent vingt ans plus tard, aboutit au vote de de la loi israélienne sur l’Etat nation du peuple juif, qui ancre dans le droit fondamental israélien l’existence de deux catégories : les citoyens disposant de la totalité des droits ( les juifs) et ceux qui en sont partiellement privés – les non juifs – autant dire les palestiniens d’Israël, qui forment pourtant 21% de la population » (2)
Outre cette particularité juridique de plusieurs nationalités qui assigne officiellement les citoyens à leur origine et ampute le caractère démocratique de l’Etat d’Israël, peut-on nier qu’il existe de nombreux exemples de discrimination envers la minorité arabe de ce pays: voir par exemple « discours anti-arabe et hypocrisie de la coexistence » (3)
Cordialement
(1) https://www.diploweb.com/Comment-comprendre-le-conflit-israelo-palestinien-de-ses-origines-au-7-octobre-2023.html
(2) https://orientxxi.info/va-comprendre/citoyennete-nationalite-religion-qui-sont-les-minorites-en-israel,6386
(3) https://shs.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2021-4-page-95?lang=fr&ref=doi