Mélenchon à Toulouse: une gauche qui ose renouer avec les Lumières

En écoutant le discours de Jean-Luc Mélenchon à Toulouse le 16 avril et son éloge philosophico-historique de la liberté de conscience, en l’entendant évoquer à ce propos l’histoire de cette région, rappeler les persécutions religieuses dont elle fut le théâtre, et remonter jusqu’aux Cathares, je me disais : aura-t-il l’audace d’évoquer l’affaire Calas peu glorieuse pour les capitouls  ? Eh bien oui, il l’a fait ! Ce tribun force l’admiration pas seulement par son souffle, sa culture, sa force talentueuse : il ne renonce jamais, sous prétexte clientéliste, à s’adresser à l’intelligence des « gens », à les traiter à la hauteur qui leur sied.

Parler de liberté, c’est la moindre des choses pour un candidat à la présidence de la République française. Mais il fallait, à Toulouse même, oser parler de l’affaire Calas : c’était créditer l’auditoire de la capacité à penser contre soi-même, à penser rigoureusement et librement1.

Et une grande partie du propos fut à l’avenant de cette audace éclairée.
Il fallait, au nom même de la gauche – et bientôt en son sein qu’on espère ainsi refondé – réhabiliter la thèse classique des Lumières, la maîtrise de soi-même « par la force de l’intelligence » et la souveraineté du peuple, réhabiliter la stricte laïcité avec notamment l’abolition des dispositions concordataires.
Il fallait, en rupture avec cette gauche embourbée dans une politique scolaire trentenaire d’animation culturelle asservie aux impératifs immédiats locaux et marchands2, oser réaffirmer la nécessité d’instruire, d’étudier, dans le cadre de programmes nationaux et dans des établissements homogènes en qualité sur l’ensemble du territoire.  

Mais que fait donc la « gauche » moderne, progressiste et antirépublicaine, pédagogiste et antilaïque, celle qui naguère voua aux gémonies Jean-Pierre Chevènement pour « réac-républicanisme » ? C’est drôle, on ne l’entend guère s’alarmer sur ces points et hurler à la « régression »… ! Risquons sur ce silence une hypothèse à l’appui de celle de son effondrement : devant l’audace d’un sapere aude3 étendu à sa dimension politique contemporaine, on comprend qu’elle demeure interdite.

© Catherine Kintzler, Mezetulle, 2017.

  1. Conformément à l’éloge du doute et de la pensée critique que l’on a également entendu dans ce discours. []
  2. Politique à laquelle J.-L. Mélenchon a lui-même participé en tant que ministre – que de chemin parcouru ! []
  3. « Ose savoir » : devise des Lumières selon Kant, locution empruntée à Horace. []

37 thoughts on “Mélenchon à Toulouse: une gauche qui ose renouer avec les Lumières

  1. Ménétrier

    Merci, Mme Kintzler, pour ce texte écrit à la hâte, « actualité » oblige, mais qui éclaire sur l’engagement humaniste d’un politique au sens véritable.
    Manuel Ménétrier.

    1. Bernard

      Un « politique au sens véritable » qui sur l’affaire du « burkini » a déclaré qu’à titre personnel il était contre…mais qu’il était aussi contre l’instauration d’une « police des moeurs  » dans ce pays ! Un « politique au sens véritable » aurait affirmé selon moi une véritable opposition à l’offensive islamiste dans le domaine des moeurs en éclairant son contenu politique et social, celui d’une sécession par rapport à la tradition républicaine…

      1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

        Une véritable opposition à l’offensive islamiste, en l’occurrence (« burkini »), ne peut pas passer par une disposition législative (une interdiction) – et c’est ce que voulait dire, me semble-t-il, JLM. Elle suppose une mobilisation morale et sociale, le courage de faire connaître sa réprobation publiquement : on ne peut pas interdire le port du burkini sur une plage (pas plus que celui d’une soutane), mais cela ne signifie pas qu’on doive se taire et encore moins dire que « c’est bien » et l’accueillir avec le sourire : on peut au contraire (et on doit) pouvoir dire publiquement tout le mal qu’on en pense. La tradition républicaine n’est qu’une coquille vide si elle ne recueille pas le soutien des citoyens.
        J’ai tenté d’expliquer cela en août 2016 lorsque l’affaire du « burkini » a éclaté, vous trouverez le lien vers le texte dans cet article : http://www.mezetulle.fr/burkini-fausse-question-laique-vraie-question-politique/

        1. Bernard

          Chère Madame,

          Autant j’adhère à votre analyse sur le burkini autant je vous trouve trop indulgente vis à vis de JLM dans son expression publique sur cette question, trop souvent traitée comme un faux-semblant à « la gauche de la gauche ». Visiblement, M Mélenchon a choisi de na pas affronter ses alliés communistes et les « multiculturalistes » à la Clémentine Autain, déjà hostiles à la loi d’interdiction des « signes religieux ostentatoires » à l’école publique…

          1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

            Comme je l’ai déjà fait remarquer dans plusieurs réponses, il ne s’agit pas pour moi de souscrire, mais de déceler un bougé, la volonté d’émettre un « signal » du fait que JLM est actuellement dans une position où il doit élargir sa base et « ratisser large ». Cela n’efface en rien les éléments que vous soulignez. Mais le discours de Toulouse n’allait pas dans le sens du multiculturalisme. Cela peut revenir. Tout est une question de vigilance et de rapport de forces.. ! Il faut continuer à lutter.

  2. Ping : Une campagne détestable | CinciVox

  3. Incognitototo

    Bonsoir Catherine,

    Vous comme moi, on peut se réjouir de réentendre, enfin, ce type d’engagement.

    Sauf que, c’est très mauvais stratégiquement parlant. On ne fait pas de sujets clivants, projectifs, manichéens, … bref qui font peur à bon nombre (sans même souvent qu’ils sachent pourquoi) une thématique forte de campagne.

    C’est vrai que nous en avons plus qu’assez des politiques schizophrènes qui ne tiennent jamais leurs engagements.
    Pour autant, il y a des choses (dont je pourrais vous dresser la liste) que définitivement les politiques devraient faire sans annoncer qu’ils vont le faire.

    Je crains que cela ne lui fasse perdre les quelques voix qu’il risque de lui manquer… tant cela donne un prétexte de plus à des éditorialistes imbéciles pour matraquer que le bolchevisme avec un couteau entre les dents est de retour.

    Bien cordialement.

    1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

      Bonjour Incognitototo,
      Franchement je ne vois pas ce qu’il y a de « bolchevique », de manichéen ou d’effrayant dans un texte qui s’en tient à rappeler que la laïcité et une politique scolaire républicaine sont des éléments appréciables dans une décision de vote et qui souligne l’importance du rapport du politique avec la pensée critique. Car je n’ai abordé que ces seuls points !

      Je pense au contraire que ce « signal » que JLM envoie aux républicains et laïques (qu’il soit sincère ou non n’a aucune importance) participe d’un mouvement d’élargissement de son électorat – ou si vous préférez d’une décision de « ratisser large ». Mon texte accuse réception de ce signal : que cet accusé de réception lui aliène des voix, c’est possible… mais alors il ne faut jamais rien dire pendant une campagne électorale de peur d’apporter des voix à tel ou tel ou d’en enlever à tel ou tel… !

      1. Incognitototo

        Comment ça, vous ne voyez pas en quoi c’est mauvais stratégiquement parlant d’affirmer qu’il supprimera (entre autres) le concordat ?
        Mitterrand a déjà dû céder face à ce type de lobbys, quand il a voulu réformer l’enseignement privé (en 84) et je n’ose imaginer ce qu’il en sera dès que Mélenchon voudra y toucher.

        Il y a des choses qu’il faut faire sans dire qu’on va les faire. Ce type de réforme en fait partie ; de la même façon qu’on ne dit pas à des voleurs comment on va les attraper… sous peine de donner à « l’ennemi » le temps de se préparer à la guerre (on a de nombreux précédents historiques là-dessus).

        En tout état de cause, les républicains laïcs de gauche n’ont pas besoin d’être convaincus ; par contre si certains cathos de gauche hésitaient à voter pour lui, alors on peut être sûr qu’avec de telles déclarations « la messe est dite », tant les codes idéologiques renvoient ce type de déclarations à du « bouffe curé ».

        Par rapport à vos propos suivants, je vais vous étonner. Je ne pense pas une seconde que son programme peut aboutir à ce qu’il souhaite au niveau de ses intentions, tant il est totalement à côté de la plaque, notamment dans le domaine économique. Son programme ne « coche » donc absolument aucune case pour moi (je précise bien pas une) ; et pourtant, je vais voter pour lui, par pure stratégie politique de rupture.

        1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

          Pardonnez-moi Incognitototo, j’avais mal compris la première phrase de votre commentaire précédent en m’imaginant qu’elle parlait de ma propre intervention (il faut croire que je commence à avoir la grosse tête !). Il est sûr que je n’avais, d’ailleurs, aucune velléité stratégique en publiant ce billet.

          Cela dit, et sur le fond de votre propos, je crois quand même qu’il vaut mieux qu’un candidat à un mandat électoral dise ce qu’il va faire… et fasse, autant que possible, ce qu’il dit. Le mandat électoral demande qu’il y ait compte rendu. Ce n’est pas comparable à une poursuite de malfaiteurs ni à une guerre où il faut bien évidemment cacher ses intentions, ses mouvements et ses moyens afin d’atteindre ses objectifs. Si je considère que le Concordat est une mauvaise chose et que je souhaite son abolition, je ne considère pas pour cela comme des malfaiteurs ni comme des ennemis au sens militaire mes concitoyens favorables au maintien dudit Concordat !

          L’exemple de l’école en 84 me semble mal choisi, car moi non plus je n’étais pas favorable à ce « service public unifié d’éducation » promu par Alain Savary, car ce service aurait mis en place une pédagogie officielle imposée à tous – celle qu’on essaie toujours d’imposer à grands coups de « réformes », de « projets d’établissements », de « compétences », mais qui rencontre de plus en plus de résistances. C’est donc pour des raisons totalement différentes de celles qui sont ordinairement avancées que j’ai désapprouvé cette tentative.

          Pour le reste, je comprends parfaitement votre position. Et quel candidat, d’ailleurs, « coche toutes les cases » ? De toute façon ce premier tour très incertain nous met tous en position de calcul et d’interrogations stratégiques, nous sentons bien que le vote d’adhésion est révolu.

          1. Incognitototo

            Vous êtes toute pardonnée, amen. 🙂

            Je ne prenais l’exemple de la réforme avortée de 84 (où tout n’était pas à jeter) que pour illustrer à quel point certains lobbys restent puissants, ainsi que les risques que l’on prend à s’y opposer frontalement, comme je pense que Mélenchon le fait avec ses annonces… au risque d’en rebuter certains pour de mauvaises raisons, et de ne jamais réussir à gagner, tant il aura mis en alerte les forces les plus réactionnaires de ce pays.

            Pour le coup, il semble que j’ai une vision de la politique plus conflictuelle que vous et je ne néglige pas le machiavélisme pour arriver à un but.
            Quoi qu’on en pense, la politique, c’est la guerre ; et si on veut réellement faire bouger les choses, il faut se préparer à tous les coups.
            J’ai en mémoire tellement de réformes (notamment de 81 à 84) qui ont échoué parce que leurs promoteurs n’ont pas su gérer les rapports de force, que je me demande parfois si en plus d’être schizophrènes nos politiques ne seraient pas tout également candides.
            C’est d’ailleurs, un des aspects qui me font apprécier Mélenchon. Même si je suis en total désaccord avec la façon dont il veut atteindre certains buts, j’apprécie sa culture du rapport de force. Elle ne va pas dans le sens que moi-même je préconiserais, mais c’est déjà ça, par rapport à tous les autres.

  4. Cincinnatus

    Encore une prise de position aussi claire que juste. Entièrement d’accord avec vous, chère Mezetulle !
    JLM peut et doit être critiqué pour certaines de ses idées et certaines de ses propositions. Mais il faut lui reconnaître une véritable culture d’honnête homme et un positionnement impeccable sur les sujets que vous soulignez ici.
    Cincinnatus

    1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

      Cher Cincinnatus, oui j’ai d’ailleurs tenu à introduire un « bémol » en rappelant (note 2) la participation de JLM à la politique scolaire désastreuse contre laquelle je lutte depuis 30 ans. Peut-on être certain de son engagement laïque ? Hum, sa campagne de 2012 à ce sujet n’était guère rassurante… et on peut aussi tiquer à présent sur certains éléments de son « entourage » à ce sujet. Sa politique internationale à mon avis laisse à désirer, c’est le moins qu’on puisse dire. Bon j’arrête là : quel candidat coche toute les cases souhaitées par tel ou tel électeur ?

      Après avoir longtemps hésité à écrire qqch, il m’a semblé, à l’écoute de ce discours de Toulouse, que cette fois JLM est dans une position où il se sent obligé d’envoyer quelques signaux (afin de « ratisser large » certes, mais pourquoi reprocher à un candidat de procéder par « élargissement »? c’est le b-a ba du job !) : il le fait avec talent et intelligence, et disons que mon texte est un accusé de réception !

      N’empêche : il faut se préparer, quel que soit le résultat de cette élection, à lutter et à lutter encore.

  5. Tomei

    Bien chère Catherine,

    On ne peut guère qu’être séduit par le discours de Toulouse et il est vrai qu’avec Mélenchon le niveau monte de quelques crans dès que, parmi les onze, il prend la parole. Les Lumières – c’est le seul à s’en revendiquer autant -, l’histoire – de tous les candidats il est celui qui la connaît le mieux -, la République – comment résister à ses accents très « Troisième » ? -, la laïcité – qui d’autre propose l’abrogation de toutes les dispositions concordataires… La verve mélenchonienne emporte. Mais le diable est dans les détails.

    Car quoi de républicain et d’humaniste, d’universaliste dans les propositions de tel « Livret de la France insoumise » , prenons celui sur l’égalité « femmes-hommes » (on sait que dans l’Empire du bien on respecte l’ordre alphabétique ; pas une once de galanterie ici puisqu’il s’agit d’ « abolir le patriarcat »), rédigé comme les autres dans le novlangue qui a cours et qui requiert une bonne maîtrise du morse, qu’il s’agisse de « mettre en œuvre une politique résolue de féminisation des titres et des textes officiels », de « supprimer la catégorisation masculin/féminin dans tous les documents officiels », de « garantir que tout gouvernement soit paritaire et que les ministères régaliens ne soient pas réservés aux hommes » (Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati, Christine Lagarde, Christiane Taubira etc. étaient donc des mâles), de prendre « des dispositions afin que les exécutifs de nos institutions soient présidés autant par des hommes que par des femmes », de « mener des politiques pour déconstruire les représentations sexuées des métiers », enfin, de « donner une formation spécifique conséquente (sic) à l’approche genrée aux enseignant·e·s, aux travailleur·euse·s sociaux (sic, au lieu de « socia-les-aux » !), aux acteur·trice·s de la formation professionnelle et aux fonctionnaires. » Bref la bipartition sexuée de l’humanité est l’horizon indépassable du mélenchonisme. Il n’a donc pas rompu avec cette gauche diversitaire, essentialiste, post-républicaine (pour ne pas dire « anti ») que nous combattons depuis des dizaines d’années.
    Mélenchon a donc pris au premier degré ton dernier poisson d’avril et bientôt, comme Emmanuel Macron, nous soûlera de « Cellezéceux » et de « Toutezétous » – notons que les journalistes ont déjà commencé.

    Ainsi retrouve-t-on de ces mesures qu’on espérait à jamais disparues : car quoi de républicain dans la création d’une sous-citoyenneté, les « insoumis » entendant « reconnaître le droit de vote des étranger·e·s aux élections locales » ?!!

    Je m’arrête ici, la douche est déjà suffisamment froide. Je pourrais certes, pour nous réchauffer un peu, piocher d’autres points pour le coup conformes à une idée exigeante de la République. Mais ceux que je viens de citer ne sont-ils pas rédhibitoires ?

    Avec mon indéfectible amitié,

    Samuël.

    1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

      Bonsoir cher Samuël,

      Si la novlangue bipolaire – avec force points, tirets et autres lubies – et l’acharnement à dissocier l’humanité en deux dont l’égalité h/f est le prétexte étaient des obstacle absolus, je crois que nous ne pourrions voter pour aucun candidat…

      La proposition de droit de vote pour les étrangers aux élections locales était déjà dans le programme Hollande de 2012… elle a fait long feu. Je pense qu’aucun candidat n’y croit vraiment. Le pb effectivement est que certains la font figurer dans leur programme parce qu’ils pensent que ça fait bien… On pourrait allonger la liste de ce qui ne va pas : le droit de vote à 16 ans… la politique étrangère…
      Mais quel candidat coche toutes les cases souhaitées ?
      Et ne savons-nous pas depuis toujours qu’il faut toujours lutter y compris et surtout contre ceux pour qui on a voté ?

  6. François Braize

    Oui il faut se féliciter de ces propos de J.L. Mélenchon tout en étant lucide sur le caractère catastrophique du suicide européen qu’il propose par la main de la France. Outre les plus vives réserves que peut inspirer sa politique internationale bien sûr.
    Inutile de se raconter des histoires, son programme n’est pas réalisable dans le cadre européen actuel (qui ne résulte que de la volonté des peuples qui se sont dotés par des élections libres de majorités libérales, au sein des Etats et au sein de l’UE, au Conseil et au PE).
    De fait, il ne conçoit l’Union que sur ses propres bases idéologiques. Comme il ne pourra pas changer l’Europe contre les peuples qui votent encore majoritairement à droite ou pour les libéraux au sien de l’Union, il la quittera et s’agissant de la France qui part, il la détruira. Donc son refus de l’Europe est en fait celui de la démocratie et signe la fin du rêve de paix de nos pères. Vous rendez vous bien compte ?
    Alors sortir de l’UE et de l’euro pour entrer dans l’Alliance bolivarienne cela devrait relever de la seule plaisanterie de garçon de bains à moins que cela ne relève d’un apprenti dictateur. Très peu pour nous merci… Dans les deux cas !

    1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

      Et si on avait tenu compte du résultat du référendum de 2005, c’eût donc été un suicide ? Il aurait bien fallu négocier une récupération de souveraineté, ce qui n’est pas incompatible
      Je pense que tous les candidats, y compris Le Pen, savent parfaitement que les Français tout en craignant de quitter l’Euro (mais il ne fallait pas y entrer !) ne peuvent plus supporter la « gouvernance » européenne telle qu’elle s’exerce.
      Sur l’alliance bolivarienne, je pense que JLM a répondu dans le discours que je cite. Ce n’est pas sérieux.
      On pourrait, en sortant du champ européen que vous citez, aborder bien d’autres points noirs dans le programme de JLM. Une grande partie des commentaires de cet article s’y emploie et je n’ai certes rien à leur objecter, je pourrais moi-même allonger la liste.

      J’ai voulu signaler dans ce discours un élément à proprement parler critique que ne se permettent pas les autres : dire à un auditoire non pas ce qu’il attend, mais ce qu’il est capable de penser et de penser contre lui-même – c’est l’exemple de l’affaire Calas qui a déclenché cette réflexion. Si seulement JLM (ne parlons pas des autres candidats : aucun n’est même effleuré par ce mouvement critique et à supposer qu’ils le soient ça ne peut que les paniquer) maintenait cette direction sur l’ensemble de son programme, ce serait bien – ce qui ne veut pas dire que j’approuverais ce programme de A à Z, mais que les points en seraient le fruit d’une pensée qui se veut réflexive.

      1. François Braize

        Bonjour
        je suis très étonné de votre première phrase sur les conséquences du référendum négatif de 2005. Où avez vous vu que cela impliquait une négociation sur un retour de souveraineté ?
        Le référendum a porté sur un projet de Constitution européenne comportant des dispositions institutionnelles et des dispositions sociales et environnementales. Rien d’autre. Le rejet populaire signifiait donc le refus du projet proposé, donc le maintien à l’état ante et c’est tout.
        Aucune négociation de retour de souveraineté n’en résultait et le peuple ne s’est pas prononcé en ce sens d’ailleurs.
        Bien cordialement

        1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

          Mais s’asseoir sur le résultat d’un référendum, c’est un énorme déni de souveraineté .

          Je crois que nous n’avons pas, par ailleurs, tout à fait la même idée de la souveraineté d’une décision politique : Cela ne signifie pas qu’on ne puisse pas négocier des accords sous forme de traités. Encore faut-il que l’autorité souveraine prenne elle-même la décision et qu’elle puisse aussi revenir sur les décisions.
          Or il s’agit bien aujourd’hui de renégocier les traités, de réfléchir à une harmonisation fiscale et sociale, de lutter le dumping social, etc. ce qui ne signifie pas nécessairement sortir de l’Euro ou même récuser entièrement l’Europe.

          1. François Braize

            Bonsoir
            je suis entièrement d’accord sur la nécessité d’améliorer et même radicalement notre Europe sur les sujets que vous évoquez (dumping social et fiscal, démocratie, etc.).

            Nul besoin pour cela d’amplifier la signification du résultat de 2005 qui est le fruit d’une coalition de « non » sans dénominateur commun ni contenu programmatique porteur d’un quelconque espoir de mieux et de plus sur ces terrains (que pourrait il y avoir d’ailleurs entre le FN, le PS de Fabius et consorts et les autres souverainistes de droite ?).

            L’étonnement tient encore 12 ans plus tard encore en quelques mots : c’est la première fois qu’un peuple (avec le peuple danois) a refusé pour tous les autres concernés une Constitution avec son volet droits fondamentaux et droits sociaux. On n’a jamais vu ça, car l’idée même de Constitution était porteuse de progrès que nous n’avons pas eus sans elle. Ne l’oublions pas.

            Nul besoin non plus pour cela des idées toutes faites habituelles sur le Traité de Lisbonne. Ce traité a surtout amélioré le fonctionnement des institutions et notamment renforcé les pouvoirs du Parlement européen dans le sens des progrès de la démocratie en Europe sans aggraver de manière insupportable des transferts de souveraineté. Ou alors, il faudra me les indiquer.

            En conclusion pour ne pas abuser de vos colonnes, le front du refus de 2005 qui ne portait rien de constructif n’a produit en fait qu’un statu quo sur une situation profondément insatisfaisante, directives Bolkenstein et autres travailleurs détachés demeurées inchangées, et un droit européen toujours pas bordé par des garanties constitutionnelles. Si ce n’est pas grave, il faut aussi renoncer aux droits fondamentaux et principes constitutionnels au plan national puisque cela ne sert à rien…
            Bien cordialement et en vous remerciant de nous offrir la possibilité de ces échanges intéressants, même dans les désaccords !

          2. Catherine Kintzler Auteur de l’article

            Merci pour votre appréciation.
            Pour vous répondre sur « le front du refus » et la « coalition du Non » en 2005 qui selon vous « ne portaient rien de constructif », je crois me souvenir, tout de même, que le débat fut de très grande qualité. Et j’y ai appris beaucoup de choses. Vous dites que le « front du refus » a produit ceci et cela, mais à mon avis il n’a rien produit du tout puisque aucune mise en oeuvre n’a été entreprise pour tenir compte du résultat du vote, lequel a délibérément été mis de côté !

            Bon, cela dit, je pense que nous risquons de lasser les lecteurs si nous rouvrons le dossier de 2005 et refaisons le débat ! C’est celui de 2017 qu’il faut mener : merci d’y contribuer.

          3. François Braize

            Sans rouvrir la discussion sur 2005, nous poursuivrons donc le débat sur 2017.
            Mais, chère amie, le sujet est le même. Devons nous rester dans l’Europe si nous y sommes minoritaires et mener en son sein le combat en la faisant progresser (et l’adoption d’une Constitution en 2005 eût été en ce sens) ou devons nous la quitter dès lors qu’elle n’est pas assez de gauche à notre goût ?
            That is the question.
            Mais, vous ne manquerez pas de noter avec moi que si nous sommes (actuellement) minoritaires en Europe (avec notre gouvernement, encore pour l’heure, de gauche sociale démocrate) c’est par la volonté des peuples d’Europe qui se sont dotés majoritairement de gouvernements libéraux de droite ou de centre droit et ont donné au Parlement européen une majorité qui n’est ni de gauche, ni de centre gauche mais qui est le reflet des majorités nationales (libérales au plan économique).
            Jean-Luc Mélenchon y apporte sa réponse et ceux qui savent lire (sans les yeux de Chimène) voient bien son programme et ne sont pas dupes : il nous en fera sortir, pas de doute. Ce qui pose le problème de sa capacité à rester lorsqu’il est minoritaire. Cela a un nom, la capacité d’acceptation de la règle du jeu démocratique, au plan communautaire.

          4. Catherine Kintzler Auteur de l’article

            Cher ami, on peut retourner la question que vous posez : « Devons-nous accepter, pour rester dans l’UE, de nous conformer en tous points à ce qu’elle est, et notamment de ne plus voter selon nos aspirations politiques au niveau national ? ». C’est ce qu’a déclaré JC Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». On ne peut pas mieux dire que les traités européens n’appartiennent pas au champ politique, mais à celui des vérités absolues ! Voilà une belle manière de présenter « l’acceptation de la règle du jeu » – je n’ose ajouter « démocratique ».

            Je vous propose néanmoins une version plus soft de l’inversion de votre question, qui me semble correspondre davantage au ton et au contenu de notre discussion au sein d’un débat électoral national. Je la formule comme la question d’un citoyen se rendant aux urnes dans son propre pays pour élire ses représentants : « Dois-je faire du maintien dans l’UE telle qu’elle est un critère principal de ma décision ? Dois-je considérer que ma décision est par définition invalide dès qu’elle implique une renégociation des traités de l’UE ? ». On peut penser que non sans nécessairement être un anti-européen borné.
            JLM, d’après ce que j’ai compris, suppose que la France aurait assez de poids et d’alliés pour ouvrir cette renégociation : en quoi il se trompe peut-être, mais on ne peut pas faire ici a priori un procès en déni de démocratie… sauf à avoir décidé a priori que toute renégociation est impossible.

            Quant aux « yeux de Chimène », je pense avoir assez montré par cet article et par la discussion qui le suit que cela ne correspond pas vraiment au regard que je porte sur JLM comme sur aucun candidat du reste. On est loin, me semble-t-il, du moment « adhésif » (c’est exprès que j’utilise cette impropriété lexicale) !!!

  7. Jeanne Favret-Saada

    Comme Catherine Kintzler, j’applaudis au « discours de Toulouse », au ton comme au contenu. Mais, pour avoir vu de mes yeux, autrefois, Mélenchon, secrétaire d’Etat socialiste, nier avec force l’existence d’un « Capes de religion », une monstruosité juridique pensée par son ministre d’alors pour intégrer les enseignants de religion d’Alsace-Moselle sans le dire, je ne le crois pas aussi engagé que son éloquence nous amène à le penser. Nous avions pourtant apporté (avec Prochoix) un dossier irréfutable.
    Je veux bien admettre qu’il est devenu courageux depuis qu’il a quitté le PS, mais j’attends de le voir dans l’action pour le croire.
    J’aimerais aussi qu’il nous montre le lien qu’il établit entre ses envolées sur Calas, et celles sur la Syrie.

    1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

      Chère Jeanne, je suis d’accord. Comme vous, je ne raisonne pas en termes d’adhésion et de confiance, mais en termes de vigilance. Dans cet article, je note un signal dont j’accuse réception. A nous de faire en sorte, quel que soit l’élu le 7 mai prochain, que les thèmes laïques et républicains ne soient pas une nouvelle fois piétinés et abandonnés.

  8. Caspard Annette

    Après avoir lu votre billet, chère Catherine, j’ai éprouvé un peu d’inquiétude, pendant quelques instants, mais le nombre de commentaires « annoncé » (le nombre), ou « annoncés » (les commentaires) m’a rapidement rassurée, je me doutais bien que de très intéressantes remarques suivraient, grâce à vos lecteurs.

    Dans toutes vos réponses, vous rappelez avec insistance que vos éloges vis-à-vis du discours de JLM concernaient seulement un aspect de celui-ci, en gros : son souci de sincérité, de vérité, et sa façon de s’adresser à des gens considérés comme intelligents (ce qui est loin d’être toujours le cas – il est vrai que les réactions de certaines personnes peuvent permettre d’avoir des doutes …).

    Je comprends parfaitement qu’à chaque fois votre démarche consistait à remettre les choses au clair, et si presque tous les commentaires m’ont paru plus ou moins pertinents, j’avoue que j’ai enfin trouvé en ceux de TOMEI et de F. BRAIZE de quoi rassasier mon besoin de connivence!

    Comme Tomei, je trouve consternante cette nouvelle manie de bien assener à son interlocuteur que lorsqu’on dit « l’homme », il s’agit EVIDEMMENT AUSSI de la femme ! Je ne saurais dire à quand remonte le fait, sous-entendu mais compris de tous, de convenir que le masculin prévaut dans tous les cas où il est question de personnes des deux sexes. Cela n’avait jamais posé de problème métaphysique, jusqu’à ces dernières années où, sous l’effet d’un certain « féminisme » radical, on a commencé à entendre « les françai-seux z’et les français … » et autres stupidités. Je me rappelle que cette querelle ô combien essentielle avait valu à un député le mécontentement de sa supérieure, aussi têtue que lui (ils n’étaient pas du même bord – tout s’explique …), à tel point qu’une partie de son traitement (à lui) lui avait été supprimé !!! Mignon … (il me semble que son nom -à elle- était Mazetier – son prénom … Sandrine ?)

    Il va de soi que je ne me suis pas approprié cette mode (sauf pour s’amuser, comme avec les poissons z’et les poissonnes…).

    Plus grave est le souci de François Braize, qui est le mien aussi : l’Europe ! JLM est sans doute un tribun très doué, un homme très cultivé, mais pour moi, son opinion au sujet de l’Europe me le met définitivement et farouchement hors course (à supposer que par ailleurs j’aie pu me laisser charmer par son verbe) ! Quelle tristesse que d’assister à ce que je considère comme une régression inqualifiable : quitter l’UE !!!
    Voyons donc ce qui va advenir chez ceux qui ont déjà franchi le pas, nos voisins d’outre-Manche, qui d’ailleurs ont certainement cru à un jeu, et se sont fait piéger ! On dirait que les difficultés ne font que commencer pour eux …

    Il m’aurait plu davantage que nos concurrents (c’est bien un sport, n’est-ce-pas, cette course à l’Elysée?) s’expriment de façon un tantinet plus claire, plus précise, plus détaillée, sur la question de la LAÏCITE ! Hélas …
    deux fois hélas … trois fois hélas … Mais il s’agirait, en premier lieu, d’être TOUS d’accord sur la définition de ce terme, de TOUS connaître très exactement les premières phrases, au moins, de la loi du 9/12/1905 …

    Re-hélas …

  9. Jeanne Favret-Saada

    Merci pour vos remarques, et pour l’espace de liberté que vous nous ouvrez.
    Ce blog est le seul lieu, je crois, où l’on peut réfléchir avec d’autres sans se tenir contraint d’afficher une décision de vote — laquelle suffirait à condamner n’importe quel propos.
    Comme si voter Mélenchon, ou Macron, c’était adhérer à tout Mélenchon, ou à tout Macron, alors qu’en votant nous nous bornerons à choisir un candidat parmi quatre ou dix, puisque c’est tout ce qu’il nous est demandé de faire.

  10. Pierre Campion

    Chère Mezetulle,
    J’approuve d’habitude la plupart de vos positions.
    Mais là…
    Je ne parle pas des propositions irréalisables ou catastrophiques de Mélenchon, d’autres ici les notent très bien.
    Mais comment, en raison, suivre un homme d’estrades, jouant sur un charisme incontestable mais inquiétant, costumé en ouvrier imaginaire et entouré de ses seuls hologrammes ?
    On ne peut pas faire parler Voltaire, mais êtes-vous bien sûre qu’il n’aurait pas éclaté de rire aux spectacles de Mélenchon ?
    Pierre Campion

    1. Catherine Kintzler Auteur de l’article

      Je reviens sur des points déjà abordés dans les réponses précédentes, en essayant de les préciser et de leur donner quelque dimension philosophique.

      J’ai conçu ce billet comme une sorte d’accusé de réception de l’émission de certains signaux. Il faut écouter pour cela le discours de Toulouse où est développée une théorie de la liberté philosophique dans son sens classique (liberté de maîtrise) avec hiérarchisation de ses principes et de ses conditions politiques, et un éloge de la liberté de conscience. Si fruste et si incomplet cela ait-il pu paraître, il s’agissait de s’adresser à des esprits et de leur révéler ce qu’il pourraient être capables de penser par eux-mêmes. Aucun des candidats ne fait cela, c’est cela que j’appelle « renouer » avec les Lumières, car je dis aussi (note 2) qu’il n’en a pas toujours été ainsi… Alors oui on peut trouver cela comique, on peut en rire. Et en tout cas il est de notre devoir d’en douter, de mettre cela à l’épreuve.

      Ce n’est pas rien de citer l’affaire Calas à Toulouse, et les applaudissements ont été fort tièdes à ce moment précis. Décider de dire aux « gens » ce qu’ils n’ont pas forcément envie d’entendre parce que cela touche à leur imaginaire profond, ce n’est pas réductible à de la provocation bouffonne, à un tour de piste épatant. En l’occurrence c’est créditer l’auditoire de la capacité à penser contre soi-même : une sorte de convocation au travail critique.
      C’est ce détail qui a déclenché ma décision d’écrire ce billet ; je l’ai vu comme un indice (au-delà de la référence empirique évidente Calas, Voltaire…) de l’assomption de la pensée des Lumières en ce qu’elle se veut un programme critique public de possibilité incessante de retour sur soi. Dans la suite du discours, on a pu aussi entendre un éloge du doute, du retour réflexif.

      Il faut donc que je précise encore mon sentiment. Même lorsqu’il dit des choses avec lesquelles je suis en désaccord, et que les commentateurs ont raison de souligner ici, JLM le fait cette fois (bien loin de sa campagne de 2012, et même en décalage avec le discours de Marseille, que je n’ai pas aimé du tout, qui a précédé celui de Toulouse) en indiquant l’espace qui permet non pas seulement de les critiquer, mais de le faire à partir même de la position critique où des esprits s’adressent à d’autres esprits et consentent à se fâcher avec eux-mêmes. Je lui sais gré de cela : c’est mal de le dire ? Cela ne signifie nullement (bien au contraire) que je souscris à tout ce qu’il propose. Cet espace contient, par définition, de quoi se défier du tribun qu’il est et de quoi ne pas le croire : il évacue par définition la notion de promesse électorale, il la rend impertinente.
      A nous d’occuper cet espace, d’exercer le pouvoir qu’il donne, y compris contre les projets de celui qui prétend s’y placer, et au besoin l’y confondre par le ridicule comme vous le suggérez. Encore faut-il que cet espace soit dit et non interdit ou, pire, forclos – car aucun des autres candidats n’en a la moindre idée (ou, ce qui est presque pire, s’il en a l’idée, ne se risque à la proposer au « bon peuple » comme creuset de pensée) ! Faut-il en faire la revue ?

      1. Pierre Campion

        Je suis désolé du malentendu.
        Je répondais en général sur la posture de Mélenchon et non à votre analyse du meeting de Toulouse que je n’ai ni vu ni entendu.
        Je reste sceptique sur l’ouverture philosophique que peut permettre la posture qu’il adopte d’habitude.

  11. Manu Caspard

    Je ne peux pas laisser certains commentaires lus ici sans réponse. Les réticences de diva de certains lecteurs (et j’inclus les lectrices) me hérissent. Certes, Mélenchon est un tribun doué, trop pour certains, et je sais comme d’autres combien depuis les années 30 de l’autre siècle il convient de se méfier des tribuns trop doués, certes certaines de ses positions et propositions peuvent et doivent se discuter. La sortie de l’euro et éventuellement de l’UE notamment : cela dit, vous trouvez que l’UE et l’euro actuels tout entiers au service de l’ordolibéralisme le plus pur et de la seule Allemagne sont enviables ? Je ne suis pas (et Mélenchon non plus si je l’ai bien compris) anti-européen, je suis contre cette Europe-là, qui est irréformable, et dont, si on veut faire autre chose, on est bien forcés de sortir (c’est-à-dire probablement, compte tenu du poids de la France, de la détruire : fort bien, RIP) pour construire une autre Europe, plus sociale, plus orientée vers les peuples et moins vers les banques, pour résumer grossièrement.
    Bref, Mélenchon n’est pas forcément le candidat idéal, c’est entendu. Le fait qu’il s’adresse en priorité à l’intelligence des gens est déjà en soi, comme cela a été noté ici, une chose rare qui devrait attirer l’attention. Mais aussi et surtout, pour n’importe quel électeur se disant ou se pensant de gauche, peut-il y avoir un autre choix ? Hamon (PS, de gauche, hein, mais admettons et laissons lui le bénéfice du doute) est hors course, dommage peut-être mais c’est ainsi. Qui reste-t-il ? Quelle autre possibilité pour éviter un deuxième tour Le Pen-Macron ou pire, Le Pen-Fillon ? Elire Mélenchon n’est sans doute pas la panacée, mais, comme cela a aussi été suggéré ici je crois, c’est à peu près le seul résultat qui ouvre un champ de possibles et qui n’aggrave pas une situation déjà à la limite du supportable. Dans un jeu de stratégie, je dirais que le coup Mélenchon est celui qui ouvre le plus de possibilités intéressantes pour les suivants, étant entendu avec Mme Kintzler (et d’autres) que ce sera le prélude à des combats ultérieurs, probablement : mais je préfère la lutte dans une France de Mélenchon que dans une France de Le Pen ou Fillon. Alors continuez à couper les cheveux en quatre ou faites ce qui est en votre pouvoir pour ne pas avoir Le Pen-Fillon/Macron le soir du 23 avril… Le choix est clair, simple et c’est uniquement celui-là.

    Accessoirement, arrêtez d’écouter ce qui se dit de Mélenchon dans une presse écrite/radio/télé dont 98 % sont aux mains de 9 grandes fortunes qui toutes ont intérêt à ne pas le voir élu.

  12. Caspard Annette

    Il n’y a pas à dire, ta plaidoirie, Manu, est fort bien troussée, et je dois avouer qu’elle m’a un tantinet ébranlée !
    Cependant, pas au point de changer mon fusil d’épaule – à supposer que j’aie un fusil sur l’épaule … Si seulement j’en avais un, sûr, bien arrimé à mon bras – mais j’avoue humblement me trouver encore dans la catégorie des « indécis » … eh! oui, et je n’en suis pas fière …

    Tu es pro-européen dis-tu, ben oui, moi aussi à 1000 %, mais PAS pour cette Europe-là. Je suis bien d’accord, elle contient bien des faiblesses et même des vices, il serait opportun de la transformer de fond en comble, et pour cela, d’en SORTIR, puis de la REFAIRE ?

    A supposer un ….exit généralisé, je suis persuadée qu’elle ne renaîtrait PAS. Que de tracas déjà pour partir, que de tracas cent fois plus importants pour la reconstruire !!! Et puis, les circonstances qui ont fait naître celle-ci sont complètement différentes de notre situation actuelle. Il suffit d’assister, avec consternation pour ma part, à cette épidémie de « droitisation » qui a envahi notre monde – QUI oserait lancer l’idée de refonder une nouvelle Union Européenne ? QUI serait assez fort (assez « tribun », assez persuasif) pour transformer les esprits, pour remplacer le rejet par le rassemblement … ?

    Une entreprise de destruction est en route, soutenue par une folie qui s’est emparée de nombreux esprits … Je n’assisterai sans doute pas aux dégâts, mais vous, les jeunes et les très jeunes, des combats redoutables vous attendent, je vous plains car vous devrez être à la hauteur de l’enjeu …

  13. Pascale BM

    Cher Manu Caspard : Merci! tout particulièrement pour votre 2ème paragraphe, qui est le mien, mot pour mot. Je ne tiens pas d’autres discours à mes proches, les « déçus » de la gauche, de Hollande, du gouvernement et du reste. A quoi j’ajoute qu’il faut bien, un jour, avoir du courage, de l’audace, du cran (je dis même autre chose que je ne peux écrire….) ce jour est arrivé! à tous ceux qui prétendent qu’il faut changer et adopter de « vraies » réformes, mais se préparent à voter Hamon (pour lequel -sinon la présence dès les résultats de la primaire de N Vallaud-Belkacem -je ne développe pas, ma colère est sans borne- pour lequel, donc, j’ai un intérêt réel -il a bien bossé le dossier « écologie » notamment…) bon, je poursuis, à ceux qui se préparent à voter Hamon, je dis (sont pas contents!!!) que ce sera autant de voix qui manqueront et assureront, en effet, un 2ème tour dont, pourtant, ils ne veulent pas Macron/Le Pen, voire Fillon/Le Pen.
    Oui, Mélenchon a des défauts, et son programme, mais il a une « vision » comme il est de bon ton de dire. Oui, il parle à notre intelligence. Tout ayant été dit par Catherine K. et Manu Caspard, je ne reprends pas, sauf à vouloir, ce n’est pas l’envie qui m’en manque, en remettre une couche….

  14. igb

    Je suis tout à fait d’accord avec le billet sur le discours de Toulouse, et d’ailleurs aussi avec la critique de celui de Marseille, qui ne m’a pas plu du tout.
    Je suis en désaccord profond avec de nombreux points du programme de Mélenchon (une technophilie qui me semble déraisonnable, un objectif « plein emploi » qui me semble dépassé, le droit de vote à 16 ans entre autres points). Néanmoins, il faudrait tout de même, pour rester tous des serviteurs de l’exactitude, rappeler que Mélenchon ne souhaite pas sortir de l’Europe, il souhaite imposer la renégociation des traités européens sous peine d’en sortir, nuance tout de même notable (source: https://laec.fr/chapitre/4/sortir-des-traites-europeens)
    Que l’on adhère au personnage ou au rhéteur est une question que beaucoup se posent, mais le fait qu’il soit le seul à avoir l’ambition de l’intelligence pour tous (au sens d’intellegere, faculté de comprendre, d’apprécier, de sentir, de démêler), du doute, du questionnement rigoureux, me semble difficile à nier.

    1. François Braize

      Vous jouez habilement sur les nuances mais nous sommes nombreux à considérer que mettre des conditions à la renégociation des Traités UE que l’on sait inacceptables par les autres parties qui sont majoritairement des pays néolibéraux au plan économique en disant que l’on sortira de l’UE si ces conditions sont refusées revient à programmer, sauf pour les aveugles et les sourds, la sortie de ladite UE.
      Ceci dit JLM dans sa logique n’a pas le choix : les Traités sont un obstacle à la mise en oeuvre de son programme économique et social qui ne peut être mis en oeuvre dans leur cadre.
      Pour les européens convaincus cette sortie programmée est une ligne rouge qui le rend électoralement infréquentable. Rédhibitoire. En outre, le refus au fond de JLM d’être minoritaire au sein de l’UE ne lasse pas d’inquiéter.

      1. Pascale BM

        Je veux croire que JLM sait ce qu’il dit, car je me suis rangée à cette analyse : le principe d’une négociation, c’est le rapport de force, ou plutôt des forces, le contraire d’un passage en force. Il fait le « pari » qu’à double titre la France a une place telle dans l’UE, qu’il n’est pas possible de la laisser partir. 1) pays fondateur (oh combien!) 2) la deuxième économie de l’UE. Si, selon lui, la voix de la France n’a pas été entendue c’est que ceux qui la portaient n’ont pas dit ce qu’il fallait, ou comme il fallait.

  15. Mezetulle

    Chers lecteurs,
    Le dépôt de commentaires sur cet article est désormais fermé. Mezetulle entend respecter la « pause » relative à l’élection présidentielle et l’anticipe de quelques heures pour se détourner un peu du web… .
    Merci aux commentateurs pour leur participation et pour ce débat de très bonne tenue.

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