« La République aux 100 cultures » de D. Schnapper
Recension par Philippe Foussier
Philippe Foussier a lu l’ouvrage de Dominique Schnapper « La République aux 100 cultures » (Paris : Arfuyen, 2016).
Philippe Foussier a lu l’ouvrage de Dominique Schnapper « La République aux 100 cultures » (Paris : Arfuyen, 2016).
Admirateur des ouvrages de Jean-Claude Milner, Samuël Tomei en est aussi un lecteur très minutieux. Un passage du dernier livre de J.C. Milner Relire la révolution a retenu l’attention de ce spécialiste de Clemenceau et de Ferdinand Buisson. Peut-on suivre entièrement Jean-Claude Milner lorsqu’il caractérise l’accès au pouvoir de Clemenceau en 1917 comme un « coup d’État », l’incluant dans une série de coups d’État d’autant plus réussis qu’ils furent masqués ?
André Perrin vient de réunir ses textes initialement publiés sur Mezetulle en un volume intitulé Scènes de la vie intellectuelle en France. L’intimidation contre le débat (Paris : éd. du… [lire plus]
Le livre de Jean-Claude Milner « Relire la Révolution » (Lagrasse : Verdier, 2016) met en dérangement nombre d’objets politiques et intellectuels empilés et alignés sur l’étagère « révolution ». Il déploie un changement de grille de lecture. Le train des pensées couramment admises au sujet de l’idée de Révolution (et singulièrement de la révolution française) déraille ; les vulgates, même les plus brillantes – notamment l’interprétation donnée par Hannah Arendt, mais aussi l’usage indistinct du terme « Terreur », les lectures convenues des Déclarations des droits – volent en éclats. En résulte non pas un champ de ruines, mais un travail historique et théorique à poursuivre en urgence sur le chantier d’une pensée politique délivrée « du livre de la croyance ».
C’est au moment où un rapport alarmant est publié sur l’amplification des inégalités par l’école en France que je prends connaissance du compte rendu analytique de mon Condorcet l’instruction publique et la naissance du citoyen par Nadia Fartas, chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.
Sous la plume de Grégory Chambat, un pamphlet anti-républicain sur l’école circule depuis quelques mois. Il est révélateur d’une époque qui autorise les esprits les plus conformistes à se croire subversifs et fait éclater au grand jour le désarroi et l’imposture idéologiques des « pédagogues libertaires ». Cet essai nous aide à mieux constater le cuisant échec de leurs idées en matière de pédagogie.
Thierry Bunel se penche ici sur quelques aspects peu remarqués de Dom Juan. Il montre comment Molière y met en place des séries d’indécisions et d’équivoques subversives qui s’offrent, bien au-delà de la critique de telle ou telle forme particulière de dogmatisme, comme un modèle d’écriture anti-dogmatique. La poétique mise en œuvre dans Dom Juan ne déconstruit pas seulement le discours religieux dogmatique, mais le fonctionnement du dogme en général.
La musique est partout et s’arroge le droit de saturer nos oreilles ad nauseam : mais consiste-t-elle à arraisonner l’oreille au point de lui interdire le hors-musical qui pourtant lui est nécessaire ? Produire des sons musicaux, c’est mettre en place un dispositif d’écoute qui suppose quelque part un parasite, pour que les mondes musicaux s’enlèvent sur l’univers audible et qu’apparaisse une partition. Une musique qui comble l’oreille, une musique imperturbable, est aussi assourdissante et asservissante qu’un « coup de sifflet »
Jeanne Favret-Saada a bien voulu confier à Mezetulle les « bonnes feuilles » de son livre à paraître chez Fayard « Les christianismes contre le blasphème. Cinéma et liberté d’expression, 1965-2006 », avec l’aimable autorisation de l’éditeur. Elle nous convie ici à une passionnante plongée dans l’histoire moderne du délit de blasphème et des « habits neufs » dont il se revêt inlassablement. La période que nous vivons n’est pas en reste : un siècle après sa disparition, en s’engouffrant paradoxalement dans les virtualités d’une loi de 1972 contre le racisme, le délit d’opinion religieuse a fait sa réapparition dans nos prétoires. Il diffère de l’ancien délit de blasphème en ce qu’il ne sanctionne plus les offenses à Dieu mais celles à la « sensibilité de ses fidèles ».
Dans son essai Après le relativisme, Emmanuel-Juste Duits part de plusieurs constats révélateurs de la crise profonde qui selon lui affecte la France : fragmentation de la société en communautés antagonistes, confusion et désorientation collectives et succession infinie de débats monolithiques où l’on donne dans la psychiatrisation permanente de l’adversaire. Cette guerre de tous contre tous est mue par le relativisme postmoderne qui a abandonné l’idée de vérité au profit d’un nihilisme mortifère où règnent les évidences et les croyances irrationnelles.
La Croix du 2 juin 2016 publie une interview de Jean-Pierre Raffarin. Si son analyse des situations vaut ce qu’il dit, alors, vu les responsabilités présentes et passées de l’intéressé (« ancien premier ministre, président LR des commissions des affaires étrangères et de la défense du Sénat »), on peut craindre pour la sécurité de notre pays et pas seulement pour l’état intellectuel d’une partie de ses « élites ».
Le livre de Frédérique de la Morena, Les Frontières de la laïcité (Lextenso éditions, 2016), s’attache à identifier la laïcité et à en présenter les traductions juridiques. Devant le glissement vers une « laïcité plurielle », attesté par de nombreux « grignotages », on mesure en le lisant combien le retour au droit est nécessaire pour comprendre les enjeux contemporains et proposer des réponses conformes à la laïcité républicaine.
Le texte qui suit est celui de la préface que j’ai eu le plaisir de rédiger pour cet ouvrage. Je le reprends ici avec l’aimable autorisation de l’éditeur ; qu’il en soit remercié.
L’excellent blog CinciVox tenu par « Cincinnatus » vient de publier une recension de trois livres consacrés à la laïcité : La laïcité, défi du XXIe siècle, Gérard Delfau, L’Harmattan, 2015 ; Silence coupable, Céline Pina, Kero, 2016 ; et … Penser la laïcité, Catherine Kintzler, Minerve, 2014.
Le compte rendu analytique de l’ouvrage de Sylvie Bouissou « Jean-Philippe Rameau, musicien des Lumières » (Fayard, 2014) par Catherine Kintzler est consultable en texte intégral sur le site de la revue « Recherches sur Diderot et sur L’Encyclopédie ». En voici quelques extraits.
On doit à Rousseau l’une des pensées politiques les plus lumineuses et les plus fortes jamais exposées. Cet effet lumineux tient en partie à ce qu’on pourrait appeler un acte de piratage ou, si l’on prend le terme à la lettre, de perversion. Rousseau lâche une bombe dans un environnement intellectuel – à savoir la théorie classique du contrat – qui n’a rien de nouveau et dans lequel il s’installe insolemment pour le détourner, le pervertir.
« Valeurs d’islam » (PUF, L’innovation politique, 2016) ouvrage collectif publié sous la direction de Dominique Reynié, regroupe des notes rédigées entre janvier et mars 2015, plus une étude sur « chiisme et sunnisme ». Il se propose de combattre le rejet de l’islam en Europe, en présentant un « islam généreux » qu’il faut regarder comme « authentique ».
Charles Arambourou propose ici une lecture du livre de Mathilde Philip-Gay Droit de la laïcité (Paris : Ellipses, 2016) : pour examiner cet ouvrage fouillé de récapitulation et d’analyse juridique,… [lire plus]
Le débat ouvert sur Mezetulle au sujet du livre de Pierre Manent « Situation de la France » s’enrichit avec une deuxième étape comprenant deux textes : Mezetulle publie ci-dessous le second, signé par Pierre Manent.
Le débat ouvert sur Mezetulle au sujet du livre de Pierre Manent « Situation de la France » s’enrichit avec une deuxième étape comprenant deux textes. Mezetulle publie ci-dessous le premier texte, signé par André Perrin.
En décembre dernier, j’ai publié un texte faisant état de ma lecture – très critique ! – du livre de Pierre Manent « Situation de la France ». Averti de cette publication par mes soins dès sa mise en ligne, Pierre Manent l’a accueillie avec une grande générosité, et a annoncé une réponse. Celle-ci m’est parvenue il y a quelques jours sous la forme d’une lettre. C’est avec l’aimable autorisation de l’auteur – et en le remerciant très vivement – que Mezetulle l’accueille ci-dessous. Le débat (également enrichi par les nombreux commentateurs de mon article) se poursuivra !