Archives de catégorie : Lecture, philosophie générale, littérature, histoire

Faut-il brûler les livres ? Tour d’horizon d’une nouvelle ère de la censure (par Jean-Yves Mollier)

Jean-Yves Mollier propose une réflexion documentée sur les résurgences de la censure un peu partout dans le monde. Après en avoir rappelé les sources au début du XXe siècle et quelques développements ultérieurs, il évoque les ravages provoqués par les « sensitivity readers », et plus généralement les effets négatifs du communautarisme et de la « cancel culture ». Il analyse ce faisant l’émergence d’une prétendue « progressive censorship », conséquence du mouvement « Political correctness » et examine l’affaire « Présumés innocents » survenue à Bordeaux en 2000. En conclusion, ce tour d’horizon insiste sur la capacité des réseaux sociaux à lyncher symboliquement ceux qui sortent des sentiers battus.

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Les symptômes d’une société malade, entretien avec Jean-Pierre Le Goff

Propos recueillis par Philippe Foussier

Dans son dernier livre, « La société malade » (Stock, 2021), le philosophe et sociologue Jean-Pierre Le Goff propose un diagnostic des effets de la pandémie de Covid-19 sur notre société mais aussi sur ce que celle-ci n’a pas modifié mais plutôt révélé.

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« Le Bêtisier du laïco-sceptique »

Vient de paraître « Le Bêtisier du laïco-sceptique » (Comité Laïcité République – éditions Minerve, 2021) textes de Renée Fregosi, Nathalie Heinich, Virginie Tournay, Jean-Pierre Sakoun, avec des dessins de Xavier Gorce. Un petit livre réjouissant, alerte, « manuel de survie en temps de polémique » qui armera intellectuellement et ré-armera moralement les militants laïques et plus largement tous ceux qui ont à cœur de perpétuer, soutenir et développer l’esprit républicain.

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« Pour une République laïque et sociale » de Charles Coutel (lu par P. Foussier)

Dans son dernier livre, « Pour une République laïque et sociale » (Paris, L’Harmattan, 2021), Charles Coutel propose de ressourcer la cause républicaine à l’aune des grands penseurs des Lumières. C’est en puisant dans ces héritages que les républicains humanistes pourront tracer des perspectives à la hauteur des défis considérables qui nous assaillent.

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Qu’est-ce que l’âme ? Sur un livre de John Cottingham

Auteur très reconnu, le philosophe anglais John Cottingham (né en 1943) défend un spiritualisme qui puisse s’enraciner dans une expérience humaine partagée. Dans son dernier ouvrage, « In Search of the Soul », il étudie une notion particulièrement difficile à définir : l’âme.

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« Enseigner le fait religieux à l’école : une erreur politique ? », sur le livre d’Aline Girard

Le livre d’Aline Girard « Enseigner le fait religieux à l’école : une erreur politique ? » (Minerve, 2021) ne s’inscrit pas dans le consensus qui, depuis le début des années 2000, entoure la question : il l’examine et montre que, loin de se réduire à une mise à jour pédagogique, les modalités d’introduction de cet enseignement en font un « événement idéologique majeur » qui affecte l’idée même d’école républicaine.
J’ai eu le plaisir de lire ce livre très documenté et argumenté dès son premier jet et d’en écrire la préface que je publie ci-dessous, avec l’aimable autorisation de l’éditeur Minerve. Je la fais suivre d’une brève analyse qui s’appuie sur le parcours du livre.

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L’avenir d’une désillusion : l’État et la République

Sur le livre de Pierre Birnbaum « La Leçon de Vichy – Une histoire personnelle » (Seuil, 2019)

L’ouvrage de Pierre Birnbaum « La Leçon de Vichy – Une histoire personnelle » (Seuil 2019) est l’occasion pour Sabine Prokhoris de méditer sur la « rupture » qu’il introduit dans le travail de son auteur, historien-sociologue de l’État. Elle souligne la remise en question de la position méthodologique d’un chercheur qui se voulait détaché de toute contingence personnelle, mais aussi celle de nombre d’aspects de la théorie  de l’État qu’il a précédemment élaborée. Cette rupture n’est pas un reniement. C’est par le nœud de l’histoire intime et de l’histoire collective que la question est posée : « comment penser à nouveaux frais les liens, auparavant vus comme consubstantiels en France, de l’État et de la République ? ».

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Comment peut-on être inhumain ? (un livre de D. Livingstone Smith lu par T. Laisney)

Dans « On Inhumanity. Deshumanization and How to Resist It », le philosophe américain David Livingstone Smith (né en 1953), qui nous confie avoir été entouré dans son enfance de gens qui « marinaient de la naissance à la mort dans l’idéologie selon laquelle l’oppression raciale faisait partie de l’ordre naturel des choses », David Livingstone Smith s’adresse aux artisans de la déshumanisation que nous sommes tous en puissance. Mieux comprendre la déshumanisation, c’est être mieux à même d’y résister.

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François Rastier à l’ENS-Lyon : la meute et le conférencier (par Jean Szlamowicz)

Analyse rhétorique d’une hystérie idéologique

Jean Szlamowicz a assisté à la conférence « Race et sciences sociales » que François Rastier a donnée à l’ENS de Lyon le 24 novembre 2020. Après de multiples attaques à la suite de la publication d’une série d’articles dans Non Fiction, la conférence de François Rastier a de nouveau été l’occasion de protestations et d’assauts « qui avaient peu à voir avec un débat normal ». L’auteur en livre ici l’analyse, qu’il fonde sur l’examen de leurs « techniques argumentatives », lesquelles n’ont d’autre objet que de faire taire toute contradiction et de mettre en place une idéologie d’éradication de la culture.

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La culture est-elle inessentielle ?

En méditant sur les conditions du « second confinement » et sur le sens qu’on peut donner à l’expression « activités essentielles », Jean-Michel Muglioni inscrit sa réflexion dans la question philosophique du luxe et rencontre, tout aussi classiquement, celle de la chaîne du travail. Une situation d’urgence impose des priorités qui ne reposent pas sur des jugements de valeur mais sur des nécessités d’un autre ordre.

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« Sexe, race et sciences sociales » : quatre études de François Rastier

Analyse critique des recherches postcoloniales

À partir de publications récentes et de projets de recherche en cours, l’étude magistrale en quatre volets menée par François Rastier évalue nombre de prétentions scientifiques avancées par les recherches postcoloniales. En France, elles sont financées et soutenues notamment par le CNRS et l’Agence Nationale pour la Recherche. Au-delà même des questions académiques, la question des standards scientifiques s’impose, dès lors que les revendications idéologiques font fi de la complexité des objets de recherche, des principes méthodologiques, sans même évoquer les normes du discours rationnel.

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Qu’est-ce que l’amour ? Un livre de Simon May lu par Thierry Laisney

Simon May enseigne la philosophie au King’s College de Londres. L’amour est l’un de ses sujets de prédilection et, dans son dernier livre, « Love. A New Understanding of an Ancient Emotion », il cherche à définir un sentiment dont, selon lui, on a le plus souvent négligé de dégager le caractère spécifique.

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Que tout enseignement véritable est laïque

Jean-Michel Muglioni médite, une fois de plus, sur l’école et sur l’acte même d’enseigner. Celui-ci, loin de se réduire à une pure et simple exposition de ce que le maître sait déjà, n’instruit les élèves que si le maître réactive en lui-même le moment de découverte « dans le bonheur de voir naître l’intelligence d’abord en soi-même ». Car c’est l’éclosion de la lumière en tout esprit qui est la substance l’enseignement. « Il en résulte une certaine idée de la laïcité de l’école » et que, faute de mettre le savoir au centre de l’école, il ne sert à rien d’y prêcher une morale fût-elle républicaine.

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Une morale de la décence : un livre de Todd May lu par Thierry Laisney

« Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints. » En substituant, dans cette phrase de Léon Bloy, « décent » à « des saints », on résumerait d’une formule la conception morale que l’universitaire américain Todd May (auteur, en particulier, de livres consacrés à des philosophes français : Deleuze, Foucault, Rancière) présente dans « A Decent Life. Morality for the Rest of Us ».

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Les laissés-pour-compte de l’écriture inclusive : un problème linguistique et social

Présentée par ses promoteurs comme un progrès social, l’écriture inclusive n’a paradoxalement guère été abordée sur le plan scientifique, la linguistique se tenant en retrait des débats médiatiques. Derrière le souci d’une représentation équitable des femmes et des hommes dans le discours, l’inclusivisme désire cependant imposer des pratiques relevant d’un militantisme ostentatoire sans autre effet social que de produire des clivages inédits. (Version intégrale de la tribune publiée par Marianne.net le 18 septembre 2020)

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« Propos mêlés sur le rugby », ouvrage collectif lu par C. Kintzler

Paru dans l’été 2020, l’ouvrage collectif « Propos mêlés sur le rugby » (sous la direction de Gilbert et Yannick Beaubatie et d’Anne Deplace, éd. Mille sources) est à tous égards un « poids lourd ». Il s’impose par son volume – 496 pages – et par sa qualité – quelque 80 contributions, allant du témoignage à l’étude historique et à l’analyse conceptuelle, de la variation poétique au « coup de gueule », rehaussées d’illustrations judicieusement choisies loin du tapage et du lissage médiatique. Poids lourd aussi et surtout par la tonalité brûlante et nostalgique qu’il laisse au cœur des amoureux du « rugby d’avant le désastre » assistant, désemparés, à l’extinction de « la flamme des humbles superbes ».

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« Je crois à la politique » de Gérard Delfau et Martine Charrier, lu par Didier Vanhoutte

ou … La vie passionnée de Gérard Delfau

Mezetulle a naguère publié une analyse du livre de Gérard Delfau « La laïcité, défi du XXIe siècle » et ne manque pas l’occasion de rendre hommage à l’auteur, militant laïque de toujours, élu sans peur et sans reproche aussi bien par la constance de son action que par la qualité de sa réflexion. Cette occasion lui est donnée par la récente publication du récit revigorant et instructif « Je crois à la politique », écrit en collaboration avec Martine Charrier, dont Didier Vanhoutte nous offre ci-dessous la recension.

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Écriture inclusive et séparatisme linguistique

François Rastier examine les postulats, les incohérences, les contradictions et les difficultés de l’écriture dite « inclusive ». Il montre comment ce nouveau conformisme édifie un monde de substitution en recourant à la magie incantatoire et à son corollaire moralisateur, le tabou linguistique. Ainsi, un séparatisme militant et rudement injonctif s’affirme et entend disposer exclusivement, en la pliant à ses objectifs particuliers, d’une langue qui appartient pourtant à tous ceux qui en usent.

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La question clé de la philosophie politique. Légitimité et autorité

Sur le livre de Charles Larmore « What Is Political Philosophy ? »

Il ne se passe peut-être pas un seul jour sans que soit évoquée dans les médias l’affirmation de Max Weber selon laquelle l’État détient le « monopole de la violence physique légitime ». Il semble qu’on tienne cette « définition » pour acquise alors que toute la question est de savoir ce qui rend légitime cette violence ou, au moins, le caractère contraignant des règles édictées par l’État. C’est à cette question que cherche à répondre, dans son dernier livre, ‘What Is Political Philosophy ?’, le philosophe américain Charles Larmore.

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