Archives de catégorie : Lecture, philosophie générale, littérature, histoire

Liberté et oppression

À partir d’une lecture de Simone Weil

Thierry Foucart propose une réflexion sur l’oppression et la liberté. En s’inspirant de la lecture d’un ouvrage de Simone Weil et en s’interrogeant sur l’absence de liberté que, paradoxalement, une « société du temps libre » produirait, il retrouve la thèse la plus forte et la plus éclairante de la conception philosophique classique de la liberté comme maîtrise d’où dérive l’estime de soi. Ainsi, être libre c’est pouvoir se reconnaître comme auteur de ses pensées et de ses actes.

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‘Paradoxes de la pensée progressiste’ d’André Perrin, lu par C. Kintzler

Une anthologie jubilatoire du wokisme

Après ‘Scènes de la vie intellectuelle en France’ (2016), ‘Journal d’un indigné’ (2019) et ‘Postures médiatiques’ (2022), André Perrin poursuit, avec ‘Paradoxes de la pensée progressiste’ chez le même éditeur (L’Artilleur) le florilège des contradictions, propos biaisés, acrobaties verbales, contorsions intellectuelles, perles, mensonges, énormités régulièrement avancés, et avec quel aplomb, par « le camp du bien » dans la bonne presse et sur les chaînes de radio-tv bienpensantes. L’ensemble, récolté et référencé avec minutie, impitoyablement commenté avec une indéfectible bonne humeur, constitue une véritable anthologie du wokisme et de la ‘cancel culture’, sous la forme de « chroniques jubilatoires » rédigées par une plume acérée que les lecteurs de Mezetulle ont souvent eu le bonheur de savourer sous un format plus dispersé et plus modeste.

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‘Chaos’ de S. Rozès et A. Benedetti, « l’imaginaire des peuples » au prisme de la musique, par B. Moysan (III)

Troisième partie : L’imaginaire allemand

Troisième et dernière partie de l’article de Bruno Moysan consacré au commentaire du livre d’entretien de Stéphane Rozès avec Arnaud Benedetti Chaos. Essai sur les imaginaires des peuples (Paris, Cerf, 2022).

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Boualem Sansal élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique

Samedi 11 octobre, Boualem Sansal, incarcéré arbitrairement dans une prison algérienne depuis le 16 novembre 2024, a été élu membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. En honorant, avec son lauréat et son œuvre littéraire, l’esprit de liberté que la littérature rend possible mais dont réciproquement elle a besoin, cette élection honore aussi les membres de l’Académie.

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‘Chaos’ de S. Rozès et A. Benedetti, « l’imaginaire des peuples » au prisme de la musique par B. Moysan (II)

Deuxième partie : L’imaginaire français

Deuxième partie de l’article de Bruno Moysan consacré à la lecture du livre d’entretien de Stéphane Rozès avec Arnaud Benedetti ‘Chaos. Essai sur les imaginaires des peuples’ (Paris, Cerf, 2022).

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‘Chaos’ de S. Rozès et A. Benedetti, « l’imaginaire des peuples » au prisme de la musique par Bruno Moysan (I)

Première partie : L’imaginaire des peuples selon Stéphane Rozès

Bruno Moysan se livre à une lecture détaillée du livre d’entretien de Stéphane Rozès avec Arnaud Benedetti ‘Chaos. Essai sur les imaginaires des peuples’ (Paris, Cerf, 2022). Prenant appui sur cette lecture, il élabore ensuite sa propre interprétation – qui s’effectue principalement « au prisme de la musique » – de « l’imaginaire français » et de « l’imaginaire allemand ». L’occasion de cette ample réflexion – que Mezetulle publie en trois parties – lui a été donnée par une recherche sur les interprétations et les mises en scène de la Tétralogie en particulier celle, mémorable, de Pierre Boulez et Patrice Chéreau. Il suffit – écrit-il – d’écouter un peu de musique pour constater que, en dépit de transferts culturels permanents, les compositeurs français et allemands ne sonnent pas tout à fait pareil… Bach, Rameau, Berlioz, Wagner sont porteurs d’une histoire qui est aussi un rapport au monde. »

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Enseignement et mathématiques

Transmettre le goût de l’effort et de la curiosité intellectuelle

Analysant l’échec de l’enseignement des mathématiques, Thierry Foucart propose une réflexion sur l’évolution longue du système éducatif, de plus en plus soumis à l’injonction d’égalitarisme (au motif de démocratisation). La disparition de la « sélection par les maths » a sonné le glas de toute sélection, alors que la réussite en maths était en fait un critère général de travail et de réussite. C’est, conséquemment, dans l’ensemble du système éducatif qu’est ainsi interrompue la transmission aux générations suivantes du goût de l’effort et de la curiosité intellectuelle, des volontés de savoir et de comprendre, essentiels pour acquérir un esprit critique et rationnel. On sait pourtant très bien ce qu’il faudrait faire : recentrer l’école sur l’enseignement des disciplines classiques et écarter toutes les interventions extérieures prenant du temps scolaire.

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Le wokisme, l’indifférenciation et la logique inversée de la victime expiatoire (par Olivier Klein)

Olivier Klein analyse le wokisme, considéré en tant qu’idéologie, à la lumière de la théorie mimétique de René Girard dont il rappelle d’abord les éléments essentiels. La structure mimétique du désir est d’autant plus efficiente et violente que les agents se ressemblent, de sorte que « l’indifférenciation accélère le processus mimétique et son issue violente » ; le groupe échappe à l’auto-destruction par la désignation d’une victime expiatoire. « En visant l’effacement de toutes les différences quelles qu’elles soient, perçues comme discriminatoires », le wokisme accentue le mimétisme, installe la concurrence victimaire, et s’en prend alors à une nouvelle figure du bouc émissaire – l’oppresseur  – ce faisant, il restaure, en l’inversant, la logique sacrificielle.

Mezetulle reprend ici le texte publié le 18 juillet 2025 par la revue Telos en remerciant l’auteur et Telos pour leur aimable autorisation.

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‘Qu’est-il arrivé à la laïcité ?’ de Pierre Hayat, lu par Philippe Foussier

L’ouvrage posthume de Pierre Hayat – décédé début 2025 – « Qu’est-il arrivé à la laïcité ? Propositions philosophiques et pédagogiques » (Kimé, 2025) s’inscrit dans la lignée de ses précédents livres, souvent consacrés à la laïcité et fort utiles à la compréhension du concept. Dans cet ultime volume, l’auteur propose une série de textes inédits et d’autres publiés depuis le début du siècle –« tous réfractaires au simplisme »- qui composent un ensemble touchant à la philosophie et à la pédagogie. En cette période d’instrumentalisation de la laïcité, le travail de Pierre Hayat paraît à point nommé pour écarter les funestes dévoiements opérés par des entrepreneurs identitaires de droite ou de gauche, faux amis mais en vérité vrais ennemis de ce principe.

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Le concept de « légitimité culturelle » et l’abandon d’une culture exigeante (par C. Bertiau)

À partir d’une réflexion sur le concept de « légitimité culturelle », Christophe Bertiau montre que s’en prendre à une culture exigeante au nom d’une théorie critique de la « domination » a pour effet d’installer le marché comme seul critère de valorisation culturelle. Il faudrait donc « […] rendre ‘’légitimes’’ les cultures de masse, […] enseigner à l’école le rap, le slam, les mangas. Ce faisant, on n’a pas considéré que le marché remplit déjà avec brio ce rôle de valorisation. ». C’est ainsi que le seul arbitrage du marché convertit la réussite économique d’un bien culturel en réussite symbolique. En témoignent les apologies de l’esthétique des chansons de l’artiste Aya Nakamura, régulièrement comparée aux écrivains français les plus valorisés – apologies dont l’auteur nous offre un florilège.

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Libérez Boulaem Sansal ! Les ressources infinies de l’aplaventrisme

On apprend le 4 juillet que Boualem Sansal ne figure pas dans la liste des quelque 6800 détenus graciés par le Président algérien. « On ne peut pas continuer sur une stratégie qui nous conduit d’échec en échec » a déclaré Arnaud Benedetti, fondateur du Comité de soutien à Boualem Sansal, dans Le Figaro. Mais l’aplaventrisme officiel n’a pas encore dit son dernier mot.

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‘Penser contre son camp’ de Nathalie Heinich, lu par Philippe Foussier

Dans ‘Penser contre son camp, itinéraire politique d’une intellectuelle de gauche’ (Gallimard, 2025), Nathalie Heinich constate les mutations intervenues dans son camp politique. Elle en recense les marqueurs : activisme néo-féministe, complaisance envers l’islamisme, soutien aveugle au transactivisme, défense inconditionnelle de l’écriture inclusive, et récemment dérive vers cet antisémitisme d’atmosphère que constitue aujourd’hui l’antisionisme. Elle rappelle les principes qui n’auraient logiquement jamais dû quitter le camp de la gauche dont l’ensemble est à présent gangrené par ces mutations : une telle conversion est probablement la plus importante sur le plan idéologique comme d’un point de vue quantitatif depuis le XVIIIe siècle.

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Dessin, figure, texte

En confrontant « dessin et texte » dans différents domaines, Thierry Foucart ne se contente pas de souligner la fréquente ambivalence des images, des figures, et même du graphique – sans parler de leur exploitation biaisée -, opposée à la précision d’un texte explicatif ou analytique. Au-delà de l’enrichissement et de la fonction révélatrice que recèlent des images équivoques, il montre la valeur heuristique des tracés, notamment en géométrie. Ainsi apparaît une « complémentarité » de la représentation graphique et du texte susceptible de renforcer leur puissance.

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« Éric Weil. Philosopher avec Critique », lu par Jean-François Robinet

Jean-François Robinet a lu le volume de 773 pages « Éric Weil. Philosopher avec ‘Critique' » (Paris, Vrin, 2024) où sont publiés, annotés et présentés par les soins de Patrice Canivez, Gilbert Kirscher et Sylvie Patron les 157 articles et notes qu’Éric Weil a écrits pour la revue Critique entre 1946 et 1971. Les lecteurs d’Éric Weil y trouveront un complément utile pour l’approfondissement de sa philosophie ; ceux qui ne le connaissent pas y trouveront des jugements éclairés sur les moments décisifs de l’histoire.

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Hommage à Angelo Rinaldi (17 juin 1939-7 mai 2025)

Mezetulle remercie Samuël Tomei pour cet hommage à Angelo Rinaldi, où s’entrecroisent lumineusement l’histoire d’un homme, celle d’un auteur amoureux de la langue, et la littérature qui révèle et libère la part inaccessible et déniée que chacun recèle en soi.

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Jean-Michel Muglioni : le courage de penser

Jean-Michel Muglioni a toujours emprunté et frayé une route qui s’efforce de prendre la pensée à ses commencements pour la mener à son comble. Il a donné l’exemple du courage de penser. Il a été cet exemple pour ses élèves, pour ses collègues, pour ses lecteurs, pour ses interlocuteurs, et aussi pour ses amis au nombre desquels je m’honore d’avoir été. Il le restera.

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Roman Polanski, un temps pour transmettre

Sur le livre de R. Polanski « Ne courez pas! Marchez! »

Sabine Prokhoris déploie une magnifique réflexion sur le livre de Roman Polanski « Ne courez pas ! Marchez ! » suivi de « Lettres à mon fils » de Ryszard Polanski, traduction des Lettres par Piotr Kaminski, Paris Flammarion, 20251. Mezetulle reprend ici le texte publié par la revue Telos, en remerciant l’auteur et Telos de leur aimable autorisation.

« À ces scènes incroyablement vives de la vie d’un jeune garçon plongé dans un cauchemar auquel il lui a fallu jour après jour imaginer comment résister, le récit entremêle les réflexions d’un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup lu, beaucoup réfléchi et qui, surtout, n’a cessé de créer. C’est-à-dire, à mille lieues de tout solipsisme, de transformer en une œuvre artistique à portée universelle la matière impure de la vie. Telle aura été – telle est – la plus indestructible des résistances à l’anéantissement. »

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L’intelligence artificielle : l’édification d’un monde de substitution post-humain

Compte rendu d’un livre de François Rastier

Dans ‘L’I.A. m’a tué. Comprendre un monde post-humain’ (Paris, Éditions Intervalles, 2024), François Rastier analyse le fonctionnement des intelligences artificielles génératives (IA) du type ChatGPT. Contrairement aux comparaisons rassurantes (notamment avec l’écriture et l’imprimerie) qui tentent de sauver la place surplombante d’un utilisateur-sujet face à une technologie qu’il s’agirait simplement d’apprendre et de contrôler, il montre que la génération automatique de textes et d’images conduit à édifier un monde de substitution post-humain exerçant une emprise sur ledit sujet. Simulant la symbolisation alors qu’il n’est fait que de codes de signaux, ce monde ignore les notions de vérité, de réalité, d’authenticité, et le statut de sujet en tant qu’agent critique réflexif, y est constitutivement impensable.

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De Castoriadis à Ibn Khaldoun (et retour)

Vers un horizon impérial

La fin de la spécificité de l’Occident fut diagnostiquée naguère par Cornelius Castoriadis. Poursuivant ici une série de publications sur Castoriadis, Quentin Bérard, par le truchement des analyses de Gabriel Martinez-Gros, invite à méditer l’univers décrit au XIIIe siècle par le penseur arabo-musulman Ibn Khaldoun. La modernité occidentale peut alors apparaître comme une parenthèse ; sa dérive, son « délabrement », analysés par Castoriadis avec un certain accablement, semblent pointer vers un horizon impérial dont les formes renouvelées restent à cerner- quelques pistes sont ici esquissées.

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