Archives de catégorie : Revue

Démocratie, tyrannie des minorités, paradoxes de la majorité

À partir de l’examen d’une chronique de Frédéric Worms s’employant à critiquer l’expression « tyrannie des minorités », André Perrin propose une rigoureuse mise au point. Il se penche notamment sur deux questions. Que veut-on dire quand on invite à « respecter les minorités » ? S’agit-il de respecter leurs intérêts particuliers, ou bien de respecter les droits inaliénables de tout être humain ? Et pour « protéger les minorités », faut-il aller jusqu’à la promotion de privilèges ? Ce qui conduit à réfléchir sur la question de la volonté générale dans son rapport au concept de majorité et sur celle de la non-coïncidence entre majorité parlementaire et majorité populaire, entre loi électorale et légitimité.

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Pourquoi survalorisons-nous l’interprétation en musique ?

Le modèle alphabétique et l’exemple de Glenn Gould

L’interprétation musicale gagnerait à s’inspirer du modèle alphabétique pratiqué dans la lecture afin de libérer à la fois l’interprète et l’auditeur d’une vision transcendante et surabondante de l’exécution. Contre l’exhibitionnisme et le spiritualisme de l’interprétation en musique on propose ici une réflexion minimaliste sur les textes du pianiste Glenn Gould.

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‘Spinoza ou L’« athée vertueux »’ d’A. Billecoq, lu par Jean Devos

Jean Devos caractérise le livre d’Alain Billecoq ‘Spinoza ou L’ « athée vertueux »’ (Montreuil : Le Temps des Cerises, 2016) comme une enquête philosophique. En analysant et en dépassant tout à la fois la célèbre formule de Pierre Bayle (« l’athée vertueux »), il s’agit de rétablir la complexité et la profondeur de la pensée de Spinoza. Spinoza n’est athée que parce que son dieu n’est pas celui des religions ; il déplace la notion de vertu sur une ontologie, sur l’unité du théorique et du pratique.

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Les « Nouveaux Entretiens avec Maryse Condé » de F. Pfaff, lus par Jean-Kely Paulhan

La vie sans phare ?

Dans ces ‘Nouveaux Entretiens avec Maryse Condé, écrivain et témoin de son temps’, (Paris : Karthala, 2016), Françoise Pfaff interroge la romancière Maryse Condé aussi bien sur ses grands thèmes littéraires que sur ses perceptions politiques. L’analyse qu’en propose Jean-Kely Paulhan, où il médite et dialogue avec lui-même, montre comment un obstacle de lecture peut être travaillé pour devenir une clé : à la fois maintenu – parce que des objections justes, portant ici sur les « perceptions politiques », n’ont pas à être aplanies -, et levé – parce qu’il faut rendre justice à un écrivain capable de s’écarter des chemins battus, de penser contre et en dépit de soi-même, saisi avant toutes choses par la littérature.

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OCDE et Terra Nova : une offensive contre l’école républicaine

Le Ministère de l’Éducation nationale n’a connu aucune alternance politique depuis plus de 30 ans – non par souci de mettre l’école publique à l’abri des idéologies politiques, mais bien au contraire pour la soumettre avec constance à la même idéologie libérale qui peu à peu discrédite et détricote les programmes nationaux et le modèle républicain d’instruction. En s’appuyant sur la lecture d’un rapport du Think Tank « Terra Nova », Fatiha Boudjahlat en analyse ici quelques-unes des pseudo-innovations.

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« Vie de ma voisine » de Geneviève Brisac, lu par S. Prokhoris

Comme quand on lit…

Sabine Prokhoris propose une lecture du dernier livre de Geneviève Brisac, « Vie de ma voisine » (Grasset, 2017). Autour d’une question – mémoire et vérité : que peut la littérature ? – on prend la mesure d’un « voisinage » profond et fondamental et de tous les voisinages risqués qui sont le prix du vrai.

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Laïcité et intégrisme

Le régime politique laïque installe une dualité libératrice permettant à chacun d’échapper aussi bien à la pression sociale de proximité qu’à une uniformisation officielle d’État. Les intégrismes, qui ne souffrent aucun point de fuite, ne peuvent que le détester. Aussi la laïcité est-elle le point de résistance le plus puissant pour les affronter – à condition de ne pas renoncer à cette puissance par des « accommodements » qui la ruinent.

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Indivisible humanité – Objections à Étienne Balibar

Penser un universel concret

Poursuivant une réflexion sur les conditions requises pour penser une universalité concrète, travail qu’elle a engagé dans son livre récent « Au bon plaisir des docteurs graves – À propos de Judith Butler », Sabine Prokhoris propose ici une lecture critique d’un entretien d’Etienne Balibar intitulé « Quand l’universel exclut ».

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« Relire la Révolution » de Jean-Claude Milner relu par D. Liotta : l’exact et le réel

Le lecteur du dernier livre de Jean-Claude Milner, « Relire la Révolution », est d’abord saisi par sa richesse. Or c’est en énonçant et en justifiant ses désaccords que Daniel Liotta s’efforce de dégager le principe constitutif du livre. Paradoxalement, les deux projets vont de pair : l’explicitation des désaccords acquiert sa signification au regard de ce principe et l’examen de ce principe est aiguisé par l’explicitation. C’est pourquoi la critique du livre et l’exposition de son mode de constitution sont ici entrelacées.

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Le monde magique de la politique

Soit un jeune homme, pris dès la sortie de l’enfance dans la vie politique, n’ayant pas d’autre monde que celui de ses relations, toujours nourri, logé, voituré, sans avoir rien à faire pour obtenir ce que les autres obtiennent par leur travail : quel peut bien être son rapport au réel ?

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Loi, laïcité, droits des femmes, coutumes dans le débat public

Quatre notions difficiles à démêler

Jean-Michel Muglioni propose une analyse de notions. Son ambition est seulement de faire quelques distinctions pour permettre de s’orienter dans des débats où règne la plus grande confusion. Par exemple, en République, la loi ne règle pas les manières de s’habiller ; ou encore la défense de la laïcité et celle des droits des femmes ne doivent pas être confondues, etc. La rhétorique antirépublicaine joue sur la confusion de ces ordres. Les distinguer est donc essentiel, si l’on ne veut pas lui donner raison, comme le font trop de réactions improvisées ou parfois même simplement racistes.

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« Au bon plaisir des ‘docteurs graves’. À propos de Judith Butler » de S. Prokhoris, lu par J. Favret-Saada

Après son analyse du collectif « La Critique est-elle laïque ? », Jeanne Favret-Saada propose une recension du livre de Sabine Prokhoris « Au bon plaisir des ‘docteurs graves’. À propos de Judith Butler » (PUF, 2017). À partir de l’indignation soulevée par les propos qu’elle a publiquement tenus au lendemain des attentats de Paris à l’automne 2015, c’est l’ensemble des travaux de Judith Butler qui est soumis à une relecture critique.

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« L’enseignement du fait religieux » : un livre de S. Urbanski, lu par Alain Policar

Alain Policar montre comment le livre de Sébastien Urbanski, ‘L’enseignement du fait religieux. Ecole, république, laïcité’ (PUF, 2016) pose la question des objectifs de l’enseignement du fait religieux à l’école publique, en dégage les enjeux philosophiques et politiques par un examen à la fois ample et minutieux des discours qui le promeuvent, le justifient ou le critiquent. [Avec l’aimable autorisation de la revue Nonfiction]

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« Sortir du manichéisme, des roses et du chocolat » de M. Storti

Dans son livre Sortir du manichéisme. Des roses et du chocolat, Martine Storti s’en prend aux « oppositions paresseuses » qui tiennent trop souvent lieu de pensée sur les questions dites « d’identité » et propose une analyse – qui est aussi une mise à plat – de leur profonde complicité.

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« Naissances de la philosophie politique et religieuse » d’A. Baudart, lu par Anne-Marie Liger

Véritable guide de lecture, ce compte rendu par Anne-Marie Liger de la nouvelle édition augmentée du livre d’Anne Baudart « Naissances de la philosophie politique et religieuse » prend le lecteur par la main pour le conduire à travers quatre fondations qui mènent au nouage entre philosophie politique et philosophie religieuse.

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L’étoile d’Alep par A. Baudart, suivi d’un commentaire par C. Kintzler

Anne Baudart, Catherine Kintzler pour le texte d’accompagnement. Maintes fois je me suis dit qu’il fallait ici, sur Mezetulle, ouvrir les yeux sur la tragédie d’Alep, et sur le piège qui enferme les peuples du monde en une impuissance effarée qui se manifeste en un « je ne veux pas le savoir ». Juste ouvrir les yeux, dire, y compris dans le dénuement intellectuel. Surmonter l’absence d’analyse pour dire, c’est une des fonctions poétiques. Aussi quand j’ai reçu ce texte d’Anne Baudart, j’ai senti la nécessité de le publier.

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Jean-Jacques Rousseau et l’enfance

De l’enfant gâté au petit prince

En s’efforçant, dans un traité d’éducation fictive, de dégager une enfance essentielle, Rousseau travaille un aspect du programme philosophique qu’il poursuit dans toute son œuvre. Son objet n’est pas tant d’exposer comment on devrait élever un enfant que de remonter, par des opérations d’extraction, à un point-origine qui révèle un élément premier, enfoui mais toujours actif, du principe humain : un état à la fois absolu et inachevé de la conscience qui se manifeste par l’absorbement en soi-même et où la jouissance de soi, pour être parfaite, règle sa liberté par la pure extériorité inerte des choses.

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« Génie de la laïcité » de C. Fourest

Caroline Fourest a publié un livre intitulé « Génie de la laïcité ». L’auteur y démonte notamment les manœuvres ayant pour objet de discréditer la laïcité, quand ce n’est pas, dans un processus fort connu de retournement victimaire, de l’accuser d’être la source des maux qu’elle a pour fonction, au contraire, de prévenir et de conjurer. Mais l’ouvrage ne se réduit pas à cet aspect.

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Le coup d’État masqué de Georges Clemenceau

Sur un passage du livre de J.-C. Milner « Relire la révolution »

Admirateur des ouvrages de Jean-Claude Milner, Samuël Tomei en est aussi un lecteur très minutieux. Un passage du dernier livre de J.C. Milner Relire la révolution a retenu l’attention de ce spécialiste de Clemenceau et de Ferdinand Buisson. Peut-on suivre entièrement Jean-Claude Milner lorsqu’il caractérise l’accès au pouvoir de Clemenceau en 1917 comme un « coup d’État », l’incluant dans une série de coups d’État d’autant plus réussis qu’ils furent masqués ?

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